Souvent « victimes », quelques fois « protégés » par des décisions de justice pas toujours impartiales, les hommes politiques ont toujours plus ou moins exercé, ou exercent, une influence sur le déroulement de la justice. Même si des mécanismes ont permis de garantir son indépendance, c’est principalement de la responsabilité des acteurs que relève une justice équitable.

« Il fut un moment, c’était perceptible. Mais, depuis quelque temps, nous nous efforçons de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’influence du politique sur le judiciaire », déclare Hady Macki Sall, Président du Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA).  Même s’il est vrai que la « vraie indépendance n’est pas celle qui est consacrée par les textes, mais celle que l’on se donne à soi-même », ajoute t-il.  Si l’influence est réelle, car « certains sont toujours tentés de regarder le visage des politiques », «  nous pensons que c’est minime ».  Invitant à faire « confiance à la justice lorsqu’elle est saisie ». « Difficile de faire des commentaires sur des dossiers pendants », cependant, sur l’affaire dite de déstabilisation des institutions, il affirme « la justice a posé des actes, elle est en train de travailler. Le dossier peut comporter des rebondissements, mais c’est la justice ».

Règlements de comptes

« La politique et la justice sont antinomiques », estime Maître Mamadou Ismaïla Konaté, avocat. C’est-à-dire que pour « les professions réglementées, les fonctions politiques, la justice de droit commun ne leur est accessible qu’après le respect  préalable de la justice de leurs pairs ». Pour l’affaire de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, la première justice a été celle des députés. « Parce que la matière politique est spécifique », explique Maître Konaté.

« Lorsqu’ils sont impliqués et que le dossier ne passe pas par la petite instance, en raison de leur statut, cette influence existe dans tous les pays », estime une ancienne magistrate. « C’est aux magistrats de prendre leurs responsabilités ».

« Sans connaître le fond du dossier » au Sénégal ou soupçonner une manipulation, elle relève que  ce « Monsieur a été libéré à la suite d’événements malheureux ». Si le Sénégal n’est pas un cas isolé, plusieurs comptes contre des hommes politiques y « ont été réglés ces dernières années à coups de justice », déplore Maître Konaté.

Certains pays ont fait l’effort de minimiser l’influence en nommant les juges de la Cour suprême à vie, explique le Président du SYLIMA. D’autres mécanismes existent afin que les politiques n’interviennent pas dans les nominations, pour « réduire la volonté de reconnaissance de certains vis-à-vis des autorités politiques ».