Outre les impulsions électriques sur les extrémités du corps, le torse et les parties génitales, les détenus ont été roués de coups à des degrés divers dans des lieux de détention secrets en septembre et octobre, dit HRW dans un communiqué où elle cite pour sources des avocats et des proches, d’autres défenseurs des droits humains et des diplomates étrangers.
Les services de sécurité leur ont injecté des substances inconnues, les ont maintenus dans des positions douloureuses, se sont livrés à des simulacres d’exécution, les ont privés de sommeil et maintenu à l’isolement, dit l’organisation de défense des droits humains. Aucun commentaire n’a été obtenu auprès des autorités à propos de ce communiqué reçu par l’AFP dans la nuit de mercredi à jeudi.
L’existence de cette tentative présumée de coup d’Etat dans un pays dirigé par une junte elle-même auteure de deux pustch n’a été portée à la connaissance du public qu’en novembre par l’appareil judiciaire.
HRW identifie les six hommes comme étant le colonel-major Kassoum Goïta, l’ancien conseiller présidentiel Kalilou Doumbia, le commissaire principal de police Moustapha Diakité, l’adjudant-chef Abdoulaye Ballo, l’homme d’affaires Sandi Ahmed Saloum, et Issa Samaké sans plus de précision. Kassoum Goïta faisait partie du groupe d’officiers qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020. Son homonyme, le colonel Assimi Goïta, est aujourd’hui à la tête de ce pays plongé dans la tourmente sécuritaire et politique depuis 2012.
Kassoum Goïta avait pris la tête de la direction de la sécurité d’Eta sous le président Bah Ndaw, installé par la junte après le putsch pour une période de transition censée précéder le retour des civils au pouvoir. M. Doumbia a occupé les fonctions de secrétaire général de la présidence sous M. Ndaw, démis après un second putsch mené en mai par le colonel Goïta pour évincer le président et le Premier ministre de transition.
Le colonel Goïta s’est depuis fait investir président. Il a été attaqué par un homme armé d’un couteau en juillet. Il en est sorti indemne. Son agresseur est mort en détention dans des circonstances obscures.
Outre les mauvais traitements, HRW dénonce une série d’irrégularités: l’absence d’avocats aux interrogatoires pendant près de deux mois, le versement au dossier d’informations obtenues sous la torture… HRW réclame l’ouverture immédiate d’une enquête “impartiale”.
“Les membres des forces de sécurité maliennes considérés comme responsables de torture, quel que soit leur rang, doivent être dûment poursuivis et mis à pied”, dit Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à Human Rights Watch, cité dans le communiqué