Si une crise a pu dépasser toutes les analyses des spécialistes, pourtant jamais à court d’hypothèses, c’est bien celle du Mali. La cause, les intérêts des acteurs de la crise sont si prompts à basculer que peu de temps leur est donné pour cerner les enjeux. Dans ce jeu d’acrobatie, les groupes armés du nord méritent le record Guinness.
Rien que leur nombre donnent déjà du tournis à n’importe quel observateur qui s’aventurerait à vouloir les énumérer. Cependant, parmi ces groupes armés, mouvements armés, rebellions, mouvements insurrectionnels et tralala, il y en a certains qui ont pu se faire une place respectable aux yeux de la communauté internationale. Les autres se bornent à exister sur le terrain, le reste ne les regarde que lorsque certains mots sont évoqués : négociation, pourparlers, dialogue, discussion…avec le gouvernement.
Ce sont là des formules infaillibles qui mettent systématiquement du sable dans les fusils, à chaque fois que le gouvernement les prononce. Sacré magicien, notre gouvernement !
Une fois la formule magique dite, l’on peut commencer la préparation de la potion de la paix. Elle se finalise toujours par l’émargement du parchemin magique qui scellera la paix à jamais, dit-on. Mais force est de constater que les serments sont, à chaque fois, rompus et emportent dans leur sillage les ententes sacrées.
Il faut réconnaitre qu’une entente entachée d’hypocrisie ne saurait faire office de paix véritable.
L’hypocrisie et l’opportunisme des groupes armés
Les mouvements du nord du Mali ont fait de ces défauts leurs marques de fabrique : retourner leur veste au gré du vent, changer de revendication au fil des intérêts du moment. Bref, des discussions pavées d’hypocrisie.
En 2012, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) est arrivé à un succès sadique qu’aucune rébellion devancière ne pourrait enorgueillir son esprit criminel d’être parvenu à accomplir. Pour cet exploit machiavélique, il y a eu une cause et une conséquence. Il a d’abord fallu qu’il s’allie au diable djihadiste pour prétendre s’accaparer illégitimement des régions septentrionales du Mali.
De cette époque à l’intervention française, il y a eu ce qui a eu, et le MNLA s’est métamorphosé en 2013 pour se présenter, aux côtés de la France, comme l’ennemi numéro UN des mêmes djihadistes. Mais qui est fou (à part ces fous de Dieu) ? Ce n’est évidemment pas pour une quelconque lutte contre l’obscurantisme que le MNLA a changé d’allié. C’est juste qu’il fût dans la nécessité de se conformer à la vision des nouveaux rois.
Le MNLA et tous ses acolytes opportunistes se sont mués ensemble et on chacun reconnu la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. Mais voilà, avec cette reconnaissance les velléités sécessionnistes devaient disparaitre (Si vous y aviez cru c’est que vous ne connaissez pas la notion de groupe armé au Mali).
L’acrobatie dont se montrent maîtres le MNLA, le HCUA, le MAA et consort à Alger prouve à suffisance qu’il serait naïf de compter sur eux pour le retour de la paix au nord du Mali. Un jour, ils se veulent rassurants et s’inscrivent pleinement dans le cadre du Mali uni, le lendemain, ils sont « azawadiens » et se disent « à jamais attaché aux aspirations » de leur peuple à « l’autodétermination ».
D’un leader à l’autre, les revendications changent de ton et de nature, au fil de leur humeur ou d’un évènement de l’actualité.
Autodétermination, Autonomie, Fédéralisme, autant de sources d’errements qui ont fait oublier aux rebelles que leurs arguments premiers étaient la justice pour de possibles victimes touaregs d’exactions de la part de l’armée malienne.
Etait-ce seulement une couverture pour vouloir régner illégitimement sur une terre de brassage culturel ?
Ce qui est sûr, demander la justice est loin du chemin de l’indépendance. Les victimes de l’armée du General Moussa Traoré, celles récentes des bérets verts et rouges ne se sont pas prévalus de ce statut pour prétendre l’indépendance d’une quelconque partie du Mali.