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Mali-Gouvernance: panorama des scandales

Après plus de cinq ans de gouvernance tumultueuse, le bateau Mali piloté par le capitaine IBK, tangue dangereusement au gré des scandales qui se suivent et se ressemblent au grand dam des Maliens et de ceux qui avaient cru en l’homme. Malgré une année 2014 décrétée comme celle du ‘’nettoyage’’, l’éclatement au grand jour de rocambolesques affaires non encore élucidées laisse planer un sérieux doute sur la volonté réelle d’aller au bout dans la lutte contre la corruption. Et sonne par conséquent comme un cinglant revers pour le Président IBK dans la mise en œuvre de la gouvernance exemplaire qu’il avait prônée. Malgré les efforts indéniables et les réformes entreprises, dans un contexte d’instabilité, d’insécurité et d’agitation politique, les satisfecit en matière de gouvernance ne sont pas légion et les dénonciations de corruption et de magouilles, hélas, finissent le plus souvent par s’avérer. Comme c’est le cas actuellement de cette très gênante affaire des Puma… et bien d’autres avant.

 

L’espoir suscité par l’avènement du Président IBK à Koulouba comme « la solution », pour plusieurs Maliens, laisse peu à peu la place au désespoir et la résignation. Et pour cause ? Ses gouvernements successifs peinent à satisfaire une population traumatisée par la crise la plus grave de son histoire et à stopper la corruption qui gangrène l’administration et le pays tout entier. Pire, tous les jours, les Maliens se réveillent avec des nouvelles de scandales plus retentissants les uns que les autres, des informations les plus périlleuses pour l’avenir de leur pays, alors que les autorités se murent dans un silence angoissant.

Les effets d’annonce

Notre Maliba, dès le jour de l’intronisation du Président IBK, se noie dans les scandales, dont les circonstances n’ont jamais été élucidées, malgré la fameuse menace lancée en l’air par IBK : « Tolérance zéro ».

Le nouveau prince a décidé d’une intronisation digne de son rang et de sa dignité, dans un Stade du 26 Mars plein à craquer, à laquelle il a invité des chefs d’État étrangers, dont le Français François HOLLANDE. Alors que la cérémonie était partie pour être faste, pour en mettre plein la vue le monde entier qui devrait retenir que ‘’le Mali est de retour dans le concert des nations’’, une défaillance organisationnelle est venue assombrir le tableau aux allures de conte de fées : le command-car dans lequel le Mandé Massa devait parader manquait à l’appel. On ne peut pas dire que ce soit un départ réussi pour un prince.

L’Affaire des casques

Un autre incident majeur qui a entaché le début de mandat du Président IBK a été sa déclaration plutôt populiste relative au port de casque obligatoire. Dans son adresse aux enfants, lors des assises du Parlement des enfants du Mali, au CICB, en janvier 2014, le nouveau Président a annoncé que le port du casque sera obligatoire : « une loi a été votée pour le port de casque, cette loi sera bel et bien appliquée sur toute l’étendue du territoire. Celui qui n’a pas de casque peut garer sa moto à la maison. Ce que je dis, je le ferais Inch Allah ». Six ans après cette annonce tonitruante, le port de casque n’est toujours pas obligatoire et ceux qui n’ont pas de casque continuent à circuler.

Les affaires des inondations

Si le commun des Maliens avait pris très au sérieux cette menace, l’affaire des inondations survenue juste après sa victoire en 2013 est restée sans suite. En effet, ce 28 août, des inondations consécutives aux pluies torrentielles ont fait 34 morts, selon un bilan officiel.

IBK, lors de son investiture en 2013, a alors réaffirmé sa volonté de restaurer “l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens ” dans une dynamique de changement qui passera par de nouvelles méthodes de gouvernance. Il a dit sa ferme volonté de restaurer l’autorité de l’État, de lutter contre la corruption, de promouvoir la bonne gouvernance. Dans ce sens, le nouveau Président de la République s’est engagé à faire entrer le Mali dans une nouvelle ère dans laquelle ” nul n’est et ne sera au-dessus de la loi “. Dans la même veine, il a annoncé l’ouverture, dans les meilleurs délais, d’”une enquête approfondie ” sur les inondations qui ont endeuillé Bamako, notamment les communes I et IV du district. Qu’a-t-il fait ? Un simulacre d’enquête commanditée qui a abouti à suspension pendant quelques mois seulement du Maire de la CI de l’époque, Mme KONTE. Les propriétaires des constructions identifiées comme cause de ce drame n’ont jamais été inquiétés. À présent l’anarchie continue et a atteint des proportions plus inquiétantes qu’en 2013.

Cinq ans après, le Président IBK lui-même ne dira pas le contraire à la suite de sa visite aux sinistrés des inondations dans le Quartier de Niamakoro, en CVI du district ce 18 mai 2019 : « ce n’est pas la cupidité qui doit être la gagnante dans cette affaire-là. Il faut qu’elle recule. Il faut que l’on pense à sauver la vie des gens dans ce pays de plus en plus, de mieux en mieux, donc ces zones d’occupation sauvage dont on a vu aujourd’hui les dégâts… nous devons dès maintenant prendre les mesures idoines, de prévention, d’anticipation pour protéger les vies des hommes et des femmes, et même celles des bêtes et notre environnement, nos biens ».

L’année du nettoyage

À peine installé à Koulouba, le Président de la République décrète ‘’2014, année de la lutte contre la corruption’’, ‘’l’année du nettoyage’’. En décrétant que 2014 serait consacrée à la lutte contre la corruption, les Maliens qui ont vu l’homme à la tâche dans les années 1997 sous Alpha Oumar KONARE, avaient nourri l’espoir d’un Mali assaini. Car « nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Inch’Allah », avait promis le chef de l’État à Koulouba, lors de la cérémonie de présentation des vœux de Nouvel An 2014.

L’Affaire de l’avion présidentiel

Alors qu’on attendait encore des sanctions exemplaires dans cette affaire d’inondations qui a coûté la vie à plusieurs citoyens maliens, éclate l’affaire du Boeing ‘’Air force one’’ ou l’affaire de l’avion présidentiel, en 2014.    

L’opacité autour du coût réel de l’avion et le manque de transparence budgétaire créent aussitôt un scandale. Le Fonds Monétaire International demande un audit qui sera diligenté par le Bureau du Vérificateur Général (BVG). Le coût déterminé par le BVG s’élève à 19 milliards F CFA, dont 1,4 milliard FCFA de commissions et frais payés à un courtier lié à Michel Tomi, l’ami du Président.

En outre, un contrat d’exploitation est signé avec l’entreprise JetMagic Limited basée à Malte ; le BVG n’a jamais eu accès à ce contrat-bail. Ce que nous pouvons noter, c’est qu’une ligne budgétaire existe (dans les charges communes) depuis 2015 pour couvrir les frais de ce contrat. Il s’élève depuis 2016 à 3 milliards FCFA par an.

L’Affaire des tracteurs du Président

Le régime, comme porté irrésistiblement sur les scandales, laisse éclater celui des engrais. C’est un Mémorandum du PARENA, en date du 30 septembre 2015, qui révèle ce scandale. Le Parti du Bélier blanc expose les faits suivants :

L’opération des 1000 tracteurs a été annoncée comme un «cadeau» du chef de l’État aux paysans du Mali, le 29 mai 2015, lors du Conseil Supérieur de l’Agriculture et de la Journée du paysan.

C’est le Conseil des ministres du 29 juillet qui a adopté le décret d’approbation,   des marchés de fourniture des tracteurs. Ainsi la société Toguna SARL a bénéficié de deux lots de 800 tracteurs pour un montant total de dix milliards 155 millions de FCFA pour un délai de livraison de 45 jours. Contrairement aux habitudes, le Conseil des ministres du 29 juillet n’a pas précisé s’il y a eu un appel d’offres, une consultation restreinte ou une procédure d’entente directe. Le Conseil n’a rien dit des deux cents autres tracteurs qui auraient été fournis, selon la presse, par «Mali-Tracteurs», une société d’assemblage de tracteurs sise à Samanko (prés de Bamako) où l’État détient 49 % des actions.

Le PARENA est en mesure d’affirmer que les tracteurs étaient déjà arrivés au cordon douanier à Kati le jour où le Conseil des ministres attribuait à Toguna SARL le marché de 800 tracteurs, c’est-à-dire le 29 juillet.

Le pouvoir n’a jamais pu apporter la preuve contraire de ces allégations, préférant verser dans le dilatoire sur de présumés projets déstabilisateurs du pays d’activistes de l’Opposition à qui l’histoire a fini par donner raison, en raison des scandales en cascades.

L’affaire de la rénovation du Palais et de la résidence du Chef de l’État

L’un palier de ces cascades est l’affaire de la rénovation du Palais présidentiel et de la résidence du chef de l’État qui a fait grand bruit en son temps. Là également, le Parti du Bélier blanc était là en sentinelle vigilante. Aussi, dans son Mémorandum pré-cité, il expose : estimés initialement à 2 milliards pendant la Transition, les travaux de rénovation du Palais présidentiel sont aujourd’hui portés à 10 milliards et supervisés par un beau-frère du chef de l’État.

Il est urgent de rendre publique la source de financement des importants travaux en cours dans la résidence privée du Chef de l’État à Sébéninkoro où le nouveau plan architectural prévoit, entre autres, une piscine en salle fermée. Qui finance ces travaux ? Le budget de l’État ? Les fonds personnels du Président et de sa famille ? Des questions sur lesquelles les Maliens n’ont jamais été édifiés, comme s’ils n’avaient pas le droit à savoir.

L’Affaire Michel Tomi

L’affaire Michel Tomi figure parmi les scandales qui ont entaché sérieusement le début de mandat du Président Ibrahim Boubacar KEITA et écorné son image d’Épinal. Ni la communication présidentielle ni la plainte portée par la victime présumée des révélations fracassantes (IBK) contre Médiapart, à l’origine de la révélation du scandale, rien n’y fit. Le PARENA, naturellement, n’a pas laissé passer l’occasion pour réagir, en ne se réjouissant pas bien sûr de ce qui est écrit dans la presse française et internationale au sujet des relations du Président de la République avec des milieux d’affaires étrangers. Vraies ou fausses, s’interroge le Parti, ces allégations sont de nature à affaiblir l’institution présidentielle au moment où, se débattant pour sortir de la crise, le Mali a crucialement besoin d’un leadership crédible et respecté internationalement. Aussi, est-il urgent que le Chef de l’État, dépositaire de la dignité et de la souveraineté nationales du Mali, dise clairement si certains de ses voyages et ses séjours notamment à l’hôtel « Royal Monceau » et dans une clinique marseillaise ont été pris en charge par des hommes d’affaires étrangers. (Le prix négocié d’une suite présidentielle au Royal Monceau est de 12 millions de francs CFA, la nuitée). Le Chef de l’État doit aussi rassurer les Maliens sur la délivrance de passeports diplomatiques maliens aux mêmes hommes d’affaires.

Pour le Parti du Bélier blanc, les nouvelles autorités gèrent le pays comme si l’État ne s’était pas effondré suite à de graves fautes de gouvernance. Sans humilité, elles fonctionnent en vase clos, en toute opacité, comme si elles avaient acheté les Maliens et leurs votes.

L’Affaire de la rupture des relations avec le FMI

Au cours d’une conférence de presse, à l’appel de ICMA (Initiative pour le Changement au Mali et en Afrique), sur le thème :’’Échanges Citoyens sur les Rapports des Récents Audits Conduits par la Cour Suprême et le Bureau du Vérificateur Général’’, le représentant du FMI, Anton Op Beke, a expliqué que le problème de l’Institution financière avec le Mali est de deux ordres : les dépenses engagées n’ont pas respecté l’orthodoxie budgétaire, d’une part, et elles jurent d’avec les règles de la transparence, d’autre part. Or, en ces deux matières, a tenté d’expliquer M. Anton Op Beke, le FMI est au plan international, le Gendarme de la moralité des engagements financiers des États notamment sous ajustement. Parce que la vocation du FMI est de donner des avis, et ses avis servent généralement de boussole et de garantie pour les partenaires techniques et financiers.

Pour le cas du Mali, le représentant du FMI a estimé que c’est un subterfuge que de recourir au secret défense (article 8 du Code des Marchés publiques) pour passer de gré à gré des marchés d’un total de 135 milliards de francs CFA dont un marché de 69 milliards pour des équipements militaires accordé à Guo-Star et d’autres marchés, parmi lesquels l’avion présidentiel, accordés à d’autres personnes pour un montant total de 66 milliards de nos francs.

En égrenant les irrégularités et les manquements au passif au Gouvernement dans le cadre de ces deux affaires, Anton Op Beke trouve inapproprié de mettre le nouveau Boeing 737 au compte de l’Armée, alors que généralement la question de l’avion présidentiel relève du domaine de l’aviation civile. Il a aussi fustigé le fait que dans l’exécution des marchés, la morale financière n’ait pas toujours été observée par exemple lorsqu’un fournisseur va acheter une paire de chaussettes en Chine à 1 500 FCFA pour venir la vendre au ministère de la Défense à plus de 10 000 FCFA.

C’est pourquoi, a-t-il dit, le FMI a demandé et obtenu du Mali que soient réalisés des audits sur ces acquisitions autour desquelles il y a beaucoup de suspicions légitimes. Ces audits faits par la Cour suprême et le Bureau du vérificateur général ont établi de nombreuses irrégularités, des abus, des détournements, des malversations sur plusieurs dizaines de milliards.

Finalement, après plus de cinq mois de suspension de ses financements, FMI, a fait le constat du respect par le gouvernement des engagements pris, entre autres : la publication des rapports d’audits du Vérificateur général et de la section des comptes de la Cour suprême, l’adoption du décret modifiant à l’article n° 8 du Code des marchés publics et le rapport sur l’état d’avancement du processus de prise de sanctions.
À l’issue des délibérations du Conseil d’administration, M. Naoyuki Shinohara, Directeur général adjoint et Président par intérim du Conseil d’administration, a publié la déclaration suivante : « La reprise économique est en cours, mais elle reste fragile, et les perspectives sont assombries par une situation sécuritaire difficile et le risque d’une épidémie Ebola. De graves manquements dans la gestion des finances publiques ont causé des retards dans la première revue du programme appuyé par le FMI et la fourniture d’aide au budget général. Afin de rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds, il est essentiel de durcir l’application des règles budgétaires et de passation de marché, en s’appuyant sur les résultats des audits officiels récents… Un contrôle plus étroit des dépenses, soutenu par une meilleure gestion de la trésorerie, aidera à prévenir l’accumulation d’arriérés. Une conclusion de l’audit des arriérés intérieurs et l’apurement rapide de ces arriérés favoriseront la reprise économique… ».

Le Chef de mission du FMI, Christian Josz, au cours d’une vidéoconférence a expliqué que le Gouvernement a pris des engagements en promettant de situer les responsabilités et de laisser la justice faire son travail en toute indépendance. La suite est connue : il n’y a eu aucune suite judiciaire. Les présumés auteurs de malversations ont été relevés et promus ; un d’entre eux étant même dans l’entourage immédiat du Président de la République.

L’affaire des engrais frelatés

C’est encore, le PARENA qui, dans un Mémorandum en date du 27 juin 2015, étalait au grand jour un ‘’énorme scandale relatif à l’introduction au Mali d’engrais déficitaires en phosphate, en azote, en phosphore et autres nutriments’’. ‘’L’utilisation de ces engrais aura sans doute des conséquences, au moins,  sur les rendements agricoles et sur l’environnement’’, a prévenu le Parti du Bélier blanc.

Il faut rappeler que c’est le ministre Bocary TRETA qui, commentant les résultats des tests en laboratoires, a, le premier, parlé publiquement de « 40 % d’engrais frelatés ». L’expression a été reprise par la suite par le Chef de l’État et le Premier ministre.

Pour contraindre le Gouvernement à ces analyses, il a fallu une lettre du ministre ivoirien de l’Agriculture, Mamadou Sangafori COULIBALI, alertant son homologue malien, le 14 janvier 2014 : « il nous revient de manière récurrente, que des engrais non conformes aux normes de qualité, telles que définies dans le Manuel de procédure de Contrôle des engrais de la CEDEAO, sont importés et commercialisés en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Les sociétés importatrices sont, pour la plupart, installées en Côte d’Ivoire et au Mali ». Le ministre ivoirien termine par des recommandations : « aussi ai-je l’honneur de porter à votre connaissance cette situation, aux fins de dispositions que vous voudrez bien prendre dans votre pays, pour protéger les producteurs, utilisateurs finaux de ces engrais, contre ces opérateurs économiques véreux ».

Le déclic est venu véritablement d’une saisine du Gouvernement par Toguna, en novembre 2014, de « la qualité douteuse des engrais fournis par la société SOMADECO », un autre fournisseur. C’est seulement suite à cette dénonciation que le Gouvernement s’est résolu à procéder à des tests de qualité. Encore qu’il demeure cette question : si 37 % de 9000 tonnes sont déficitaires en phosphates, azote et potasse, qu’en est-il des 238 000 autres tonnes qui n’ont pas fait l’objet de vérification ?

Mais le scandale ne portait pas que sur la mauvaise qualité des engrais importés.

Le scandale, a-t-on révélé, a porté sur le prix de cession de l’engrais qui revient plus cher au Mali qu’au Burkina Faso voisin ; alors que l’État a renoncé à 35 milliards de francs CFA au titre de la subvention.

Aussi scandalisant, lors de son passage à l’Assemblée nationale, le ministre TRETA a prétendu tout ignorer de la passation des marchés de l’engrais par le GIE dirigé par Bakary TOGOLA. ‘’Ainsi donc, le Gouvernement se désintéresserait de l’achat de l’engrais dans lequel l’État apporte une subvention de 35 milliards de francs CFA’’, a ironisé le PARENA dans son Mémorandum.

L’Affaire des équipements militaires

Ce scandale rejoint une longue liste de magouilles et de surfacturations qui ont entouré l’équipement de l’armée, ces dernières années. En effet, le début du mandat de IBK avait été marqué par le scandale du marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué en violation des règles des marchés publics.

Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que le marché soit attribué de gré à gré est un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marché public. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances de l’époque a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. Des personnalités avaient profité de ces affaires pour se livrer à des surfacturations dont seules les Républiques bananières ont le secret.

Sur le même registre, en avril 2016, le Gouvernement avait remis au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) 42 véhicules destinés aux patrouilles mixtes. La presse avait rapporté que lesdits véhicules ont coûté à l’État 2, 300 milliards de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité.

En février 2018, la Cour suprême avait condamné l’État à payer plus de 20 milliards de FCFA à un fournisseur de l’Armée.

Aujourd’hui, encore de nombreuses questions sont posées autour de cette affaire et surtout de cette décision judiciaire qui profite à des gens soupçonnés de surfacturation.

L’Affaire des 700 milliards

Le Mali fait l’objet d’une corruption endémique, à tous les niveaux de l’État, dans les sphères politique ou militaire, et favorisée par les trafics en tout genre (drogue, armes, bétails, essence (…) et même d’otages). Et pourtant, en farouche opposant de l’ancien Président renversé Amadou Toumani TOURE et à sa gestion catastrophique du pays, IBK a fait de la lutte contre la corruption l’un de ses chevaux de bataille avec un seul credo : la «tolérance zéro».

À la demande de l’alliance des donateurs du Mali, le gouvernement canadien a procédé, courant 2018, à l’analyse des résultats de toutes les enquêtes de la Cour des comptes durant la période 2005-2017, rapporte le site internet. Rendu public, à la demande des autorités maliennes, le rapport, dont Benbere a obtenu copie, fait état de graves malversations dans la gestion des fonds publics.

L’étude canadienne indique, selon Bendere, qu’un montant de 1,13 milliard d’euros (environ 700 milliards de FCFA) a été dépensé de manière irrégulière par les autorités maliennes au cours de la période 2005-2017. Ce montant représente 4,4 % des dépenses totales du gouvernement au cours de cette période.

Après publication de la nouvelle, sans la démentir le Premier ministre Boubou CISSE, dans une interview accordée à un confrère de la place, avait tenté de dédouaner le régime en place estimant que le montant incriminé est une cumulation de plusieurs années de gestion. S’il peut se permettre de faire l’avocat du diable à ce niveau, il reste que le même document précise que le suivi des recommandations des 13 ans de rapport des structures de contrôle maliennes (Bureau du Vérificateur général, Cour des comptes, CASCA, etc.) est très insuffisant.

« Sur les 2 472 recommandations, seulement 22 % ont été mises en œuvre et vérifiées par le Bureau du Vérificateur général (BVG). Quant aux plaintes, le rapport révèle que seulement 11,6 % des plaintes adressées par le BVG à la Cour suprême et au Pôle économique ont été traitées », précise le site internet, citant le rapport.

L’Affaire du drapeau malien

Malgré la signature avec les ex-rebelles de Kidal d’un accord pour la paix arraché, en 2015, à la suite de plusieurs mois de laborieuses négociations, à Alger, ces indépendantistes, qui ne finissent pas d’égrener de nouvelles doléances, semblent loin de renoncer à leur projet chimérique d’indépendance ou d’autonomie. Et pour cause, ce 17 juillet 2017, une manifestation a été organisée par les jeunes, les femmes et quelques notabilités pour protester contre le retour officiel des emblèmes de la République du Mali, notamment le drapeau national. La délégation des élus du peuple présente pour la circonstance, a assisté impuissamment aux actes de vandalisme d’un groupuscule d’individus sur les symboles de l’État. La manifestation s’est dirigée vers le Gouvernorat de Kidal où elle a ordonné au protocole du gouverneur d’enlever le drapeau du Mali qui s’y trouve. Ledit drapeau est ensuite traîné à terre partout à Kidal puis brûlé en public. Une façon pour ces manifestants de dire que la population de Kidal, en particulier, et celle de l’Azawad, en général, ne veut plus du Mali. Depuis, aucune sanction à hauteur de la dérive. Seuls des communiqués de condamnation de la part du gouvernement, des partis politiques et de la communauté internationale ont sanctionné cette atteinte aux couleurs nationales.

L’Affaire des logements sociaux

Le dernier des scandales qui éclaboussent à présent le pouvoir du Président IBK est celui des logements sociaux où l’État décide de vendre au cash 1 200 logements sociaux pour satisfaire à ses besoins de liquidité financière. Dénonçant le caractère scandaleux de cette vente qui ne peut se justifier au moment où des centaines de milliers de postulants aux logements sociaux, notamment de type F4, attendent pour être bénéficiaires, le Mouvement Ensemble pour l’Égal Accès aux Logements sociaux demande purement et simplement son annulation.

L’Affaire des hélicoptères PUMA

L’un des derniers scandales en date au Mali d’IBK, concerne l’achat de 2 hélicos Puma, en 2017. Après que le Président de la République IBK a confirmé dans un entretien à Jeune Afrique que les avions achetés sous son magistère sont cloués au sol « faute de maintenance appropriée », c’était au tour du Président de la Commission défense de l’Assemblée nationale, Karim KEITA, de déclarer, lors d’un colloque à Paris : « les hélicoptères que nous avons achetés ne peuvent plus voler, ça marchait au début, mais vraisemblablement on a un problème d’entretien depuis l’achat, je me demande si on n’a pas été floué à l’achat ». Scandaleux, dit un commentateur !

Mais, c’est le PARENA qui avait attiré l’attention de l’opinion sur les grosses magouilles qui ont entouré l’achat d’hélicos. En effet, le mercredi 25 avril 2018, lors d’une conférence de presse, le Parti pour la renaissance nationale avait révélé des détournements et des magouilles à grande échelle lors de l’achat d’avions de combat pour l’armée malienne. Ainsi, dans un document, le Parti du Bélier blanc s’était particulièrement interrogé sur l’exécution d’un contrat signé en juin 2015 au salon du Bourget (France) avec l’entreprise brésilienne Embraer pour la vente de 6 avions de combat A-29 Super Tucano.

In fine, cette chute d’un article d’un confrère français (‘’Au Mali, le Président IBK lance la lutte contre la corruption’’), résume bien la situation du Mali : ‘’longtemps considérée comme une vitrine de la bonne gouvernance en Afrique, la démocratie malienne était surtout une façade dissimulant des malversations et des détournements de fonds publics’’.

PAR SIDI DAO ET BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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