Deux événements vont marquer ce début de nouvel an au Mali : le Concert du Congolais Fally Ipupa, et dans un tout autre registre, la Session extraordinaire de l’Assemblée nationale du Mali, ce lundi. Si le premier est un geste relevant de la grandeur d’âme d’un artiste de talent, le second confirme la fâcheuse habitude d’IBK de ne réagir positivement aux revendications sociales qu’avec le couteau sous la gorge.
Après le Concert de Fally Ipupa, le samedi dernier au Pavillon de la Salle des Sports Salamta Maïga à l’ACI 2000, on se demande comment les artistes maliens, dont beaucoup sont talentueux et peuvent mobiliser des milliers de fans, n’ont pas eu la même idée. En effet, c’est un Congolais, un Fils d’Afrique, (comme l’a souligné Mme Keita Aminata Maïga, marraine de la cérémonie de remise de chèque), dont la célébrité est continentale, qui a dédié un concert aux enfants de soldats maliens tombés sur le champ d’honneur dans une guerre qui nous est injustement imposée. 10 millions de FCA ont ainsi été donnés aux enfants de militaires tombés sur le champ d’honneur. C’est une véritable manne financière quand on sait que les familles de victimes végètent très souvent dans d’énormes difficultés financières.
Maintenant, la balle est dans le camp des chanteurs maliens qui ne peuvent plus rester dans l’ombre à partir du geste magnanime de Fally Ipupa. Ils ont désormais l’obligation morale d’organiser, comme l’artiste congolais, un méga Concert en faveur des familles des militaires disparus en nous défendant tous. Si cela était entrepris, il ne fait aucun doute que ce sont des dizaines de millions de FCFA qui pourraient ainsi être mobilisés. Imaginez les meilleurs rappeurs du Mali (Iba One, Ramsès Damarifa, Mylmo, Master Soumi etc.) avec les meilleurs chanteurs traditionnels (Babani Koné, Fati Niamé Kouyaté, Astou Niamé, Safi Diabaté, Salif Kéita, Habib Koité, le maestro Cheick Tidiane Seck etc.) sur une même scène pour un méga Concert en live, de 21H00 à l’aube ! Ce serait assurément l’évènement musical de l’année 2018.
On se souvient que lorsque le Gouvernement du Mali a lancé un appel à contribution pour soutenir les Forces Armées du Mali (FAMA), ce sont plus de 3 milliards de FCFA qui avaient été mobilisés quand Tiénan Coulibaly étaient ministre de la Défense. Encore aujourd’hui, le Mali a besoin de tous ses enfants pour soutenir l’effort de guerre et venir en aide aux enfants de militaires victimes de guerre. On peut, par exemple, imaginer que les fonctionnaires qui touchent 100 mille francs CFA et plus contribuent à hauteur de 10% de leurs salaires, et 5% pour les autres. Les autres couches non salariées de la société pourraient contribuer selon les moyens de chacun. C’est ainsi qu’il faudra agir et ne pas attendre tout de l’extérieur car l’argent qui nous vient des « pays amis » est celui des contribuables de ces pays. En attendant, on ne peut que souhaiter le meilleur à Fally Ipupa pour ce geste de fraternité africaine. Les Maliens s’en souviendront longtemps.
Ce lundi, 08 janvier 2018, l’Assemblée nationale du Mali se réunit en session extraordinaire pour voter le projet de loi devant octroyer un Statut particulier aux enseignants maliens affiliés aux différents syndicats de l’éducation, signataires du 15 octobre 2016, des enseignements secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. Comme dans le cas des Magistrats et des fonctionnaires de la Santé, il aura fallu le déclenchement d’une grève aux conséquences dramatiques pour que le Gouvernement daigne se pencher sur les revendications des différents syndicats. Encore aujourd’hui, c’est la grève déclenchée par les enseignants avec rétention des notes des élèves au mois de décembre et la perspective d’une autre de 7 jours qui, en principe commence aujourd’hui, qui auront eu raison de ce que certains appellent « la mauvaise foi » des autorités du pays. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi la session ordinaire d’octobre de l’Assemblée nationale, qui vient juste de prendre fin, n’a pas examiné un texte qui se trouvait sur sa table. On ne pouvait ignorer qu’il s’agissait d’un texte d’intérêt national car concernant un secteur clé du développement du pays, un secteur très sensible qui touche toutes les couches de notre société. Ainsi, la gouvernance d’IBK n’a pas exorcisé ses vieux démons et ne se décide à agir face à la demande sociale qu’avec le couteau sous la gorge.
Cette attitude non seulement discrédite le Gouvernement, qui ne tiendrait pas ses promesses, mais elle conforte désormais les partenaires sociaux dans l’idée que seule la grève illimitée peut venir à bout d’IBK. Il n’y a aucun doute que d’autres en useront à souhait si d’aventure leurs revendications tardaient à être prises en compte. En tout cas, la confiance entre IBK et les partenaires est largement entamée car les syndicats enseignants ne sont pas près de regagner les classes. Ils affirment qu’ils ne reprendront le travail que lorsque le Président aura promulgué les lois que voteront les députés de l’Assemblée nationale. C’est dire donc que les enfants resteront encore en « congé » pour un certain temps.
Comme on le voit, ce sera dès lors difficile pour le Gouvernement de solliciter la contribution (pourtant indispensable) des fonctionnaires dont il n’est pas prompt à honorer les engagements pris en leur faveur. Cependant le patriotisme des Maliens pourra facilement surmonter cette difficulté car il s’agit d’une question de sécurité nationale. Il est tout de même curieux de constater que c’est un nouveau Premier ministre, en l’occurrence Abdoulaye Idrissa, qui a mis fin à la grève illimitée des agents de la Santé, et que c’est encore un autre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui est sur le point de juguler la grève des enseignants. Curieuse Gouvernance que celle d’IBK qui semble se dérouler au coup par coup. Le Président IBK serait-il alors un obstacle pour ses Premiers ministres dans l’exercice de leurs fonctions ?
Diala Thiény Konaté