« Les travaux ont été lancés samedi dans un véritable tohu-bohu », s’exclame le site d’information Maliweb. « Le démarrage des travaux a été quelque peu tendu, renchérit le quotidien L’Indépendant. Puisque des partis et organisations n’étaient inscrits sur aucun des cinq groupes de travail. C’était le cas (notamment) de la Coordination des jeunes du Mandé, dont le président, Sékou Keïta, a confié qu’il constatait « un début chaotique ». Car, son regroupement n’était inscrit (donc) dans aucun groupe. « La CMA, qui a refusé de venir, est citée dans tous les groupes alors que nous, qui sommes là, sommes mis de côté. Cette gestion clanique ne peut pas marcher », s’est-t-il offusqué. »
Qui plus est, pointe encore L’Indépendant, « le M5-RFP, dont les militants étaient de loin les plus nombreux dans la salle, avait été cité dans un seul groupe de travail. Ce qui a provoqué la colère de ces jeunes qui ont été finalement acceptés dans chaque groupe de travail. »
Alors certes, « un début difficile », reconnaît le quotidien Malikilé. Mais, tempère-t-il, « notre pays a la réputation d’être une terre de dialogue et de concorde. Chaque fois que le bateau a tenté de chavirer, des Maliens se sont retrouvés pour le redresser. Cette fois aussi, les Maliens ont mis leur ego de côté pour accorder leurs violons. Quoi de plus réconfortant que de voir les Maliens se retrouver pour penser Mali, réfléchir Mali, agir Mali et n’avoir aucun autre agenda que celui du Mali. »
La CMA grand absent
En tout cas, première faille dans ces négociations : l’absence de la CMA. C’est ce que constate notamment Le Monde Afrique : « Aucun représentant de la Coordination des mouvements de l’Azawad, l’ex-rébellion à dominante touareg, n’était présent samedi, faute d’entente avec la junte. Dans un communiqué, la CMA a fait savoir que « les mesures de confiance nécessaires à la construction d’un partenariat pour des responsabilités partagées ne semblaient pas d’actualité ». »
Ces concertations nationales devraient se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine. En toile de fond : la durée et la direction de la transition. « La junte a proposé initialement trois ans sous la conduite d’un militaire, rappelle Le Monde Afrique, avant de rabaisser la durée à deux et de se dire ouverte sur son chef. Le M5-RFP a de son côté proposé une transition d’une durée de dix-huit à vingt-quatre mois, avec des civils aux manettes des institutions. »
Qui et comment pour diriger la transition ?
Alors, « va-t-on trouver le remède miracle ? », s’interroge Le Pays au Burkina. « Si les militaires putschistes peuvent a priori avoir le profil de l’emploi, n’oublions pas que la communauté internationale et la démocratie s’accommodent mal du pouvoir kaki, pointe le quotidien ouagalais, surtout quand on sait qu’en Afrique, un militaire sur deux arrivé au pouvoir par la force a fini par devenir un dictateur de la pire espèce. […] Du côté des hommes politiques, il est plus facile de boire toute l’eau du Djoliba que de trouver un homme fiable aux yeux des Maliens, car tous, à quelques très rares exceptions près, sont d’une manière ou d’une autre comptables des bilans désastreux d’IBK et de ses prédécesseurs. Il n’y a peut-être que de la société civile que pourrait venir l’oiseau rare, estime Le Pays. Mais encore faut-il qu’il soit adoubé par les héros du 18 août que sont les putschistes et le M5-RFP. »
En tout cas, conclut L’Observateur Paalga, toujours à Ouaga, « il urge de mettre les institutions en ordre de marche, pour ne pas dire en ordre de bataille, puisque pendant que militaires, civils et CEDEAO se chamaillent, cette plaie béante qu’est le terrorisme, qui ronge le Mali depuis 2012, est encore loin de cicatriser. La preuve : pas plus tard que vendredi, au moins dix soldats maliens ont été tués dans une embuscade près de la frontière mauritanienne. »
Avec Rfi