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Mali : dans le nord-est, la face sombre de l’or

La prospection aurifère attire de plus en plus des jeunes maliens et étrangers au nord-est du Mali. Mais, l’or qui y brille cache une face sombre, estime notre blogueur.

 

Ces derniers mois, la découverte du métal jaune  dans le nord-est du pays ne laisse personne indifférent. Des nouvelles mines artisanales fleurissent de jour en jour dans les régions de Kidal et de Gao. Des milliers de jeunes désertent les villages et les villes des régions du Centre et du Nord-est pour le nouvel eldorado malien. Des milliers de soudanais, tchadiens, nigériens et d’autres nationalités y affluent également.

Si l’exploitation de l’or a des impacts positifs sur les communautés à court terme (manne financière, emploi des jeunes, ressources qui profitent à tous, redynamisation de l’économie locale), à long terme elle représente des menaces pour la sécurité, l’environnement et la santé des communautés riveraines.

L’environnement menacé 

Le premier impact négatif de l’exploitation sauvage des mines est celui relatif à l’environnement. Sur l’ensemble des sites, les orpailleurs utilisent des produits chimiques très toxiques non seulement pour l’homme, mais aussi pour la Mère Nature. Parmi ces produits, on retrouve le mercure qui est un agent biologiquement nocif et très polluant une fois en contact avec l’environnement. Il en est de même pour le cyanure, un autre produit tout aussi dangereux.

L’utilisation de ces produits est inquiétante, surtout que cette exploitation n’est soumise à aucune règlementation des autorités qui n’ont aucun contrôle sur ces territoires. Avec l’approche de l’hivernage dans la zone, il y a des fortes chances qu’on assiste à un déversement de ces produits dans les eaux de pluie. Et cela affectera sans nul doute le fragile écosystème des populations nomades.

En plus, l’or en surface se fait de plus en plus rare, il faut désormais creuser en profondeur pour mettre la main sur le précieux minerai, ce qui expose les miniers à des effondrements des galeries artisanales. La semaine dernière, plusieurs orpailleurs ont perdu la vie suite à un incident pareil dans une mine située non loin de Tessalit.

Financement du terrorisme

La majeure partie des sites d’orpaillage est située dans des zones non contrôlées par les autorités étatiques, encore moins par les groupes armés signataires de l’Accord pour paix et la réconciliation. Si ces derniers en tirent des subsides à travers quelques « taxes », les groupes armés terroristes se taillent la part belle.

Ils assurent la sécurité des sites et se chargent des services de police et de justice sur la base de la charia. Un orpailleur a confié : « La sécurité est mieux assurée sur les sites qu’à Bamako. La présence des djihadistes discipline tout le monde et chacun fait son travail. »

Plusieurs sources nous ont indirectement confié que les groupes djihadistes perçoivent des revenus sur ce « business » très lucratif.  Les propriétaires des lopins de mines leur reversent aussi de façon volontaire une partie des bénéfices pour s’attirer les bonnes faveurs des djihadistes. S’il est aujourd’hui difficile d’avoir des chiffres exacts, il est certain que l’or profite à tous, les organisations terroristes comprises.

 L’exode massif de jeunes ruraux

Autre fait inquiétant, selon des sources bien introduites, près de 70 % de l’or extrait dans le nord-est du Mali sont acheminés à Bamako, dans des colis et bagages des passagers, à travers les avions qui assurent les déplacements dans ces zones, au nez et à la barbe des autorités sécuritaires de l’Aéroport international Modibo Keïta. C’est à Bamako que cet or est vendu et les dividendes repartis entre les acteurs de la chaîne.

Par ailleurs, la fièvre de l’or affectera négativement à la longue les communautés paysannes et pastorales. Des milliers de jeunes désertent les villages dans le centre et le nord du pays. Cette fuite des bras valides aura des conséquences certaines sur les maigres récoltes des villageois, qui restent fortement dépendants de l’agriculture et de l’élevage.

Pire, nous assisterons également à des conflits communautaires pour l’exploitation de ces ressources naturelles, ce qui affectera davantage la très précaire stabilité et la réduction de la violence constatées après la découverte du minerai jaune dans certaines parties du pays.

Source : Benbere

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