Près de 98% des Maliens déclarent leur appartenance à une communauté religieuse : Musulmans : 95 % ; Catholique 2% ; Protestants : 1%. Seuls 2% de la population réclament des croyances religieuses autochtones et/ou ne se réclament d’aucune religion. Mais aujourd’hui, à la lecture des différents rapports de contrôle des finances publiques, la société malienne est fortement corrompue. Un échec de la morale religieuse ?
Chaque vendredi ou chaque dimanche, mosquées et églises sont prises d’assaut par les fidèles croyants qui viennent accomplir leur devoir vis-à-vis de Dieu. Parmi les dix commandements que Dieu à confiés à Moïse (Mousa ou Mûsâ) il est écrit : « Tu ne commettras pas de vol ». Ce passage de la Torah est connu de chaque Chrétien, de chaque Musulman. Alors, pourquoi continuons-nous de voler ?
Cette question ne trouvera pas sa réponse dans cet article. Mais, nous cherchons à comprendre comment une société comme le Mali dont plus de 98% de la population, déclare leur croyance en Dieu et à ses écritures saintes, peut-elle se retrouver assise sur le banc des accusés de vol ! Qu’est-ce qui n’a pas marché ? A partir de quand cette société a-t-elle perdue ses valeurs ? A-t-elle-même eu un jour des valeurs ?
Dans les discussions de grin, on entend parfois les gens dire : « Avant, le Mali n’était pas comme ça…il y avait moins de corrompus. Le Malien a perdu ses valeurs ». A travers cette analyse, on peut aisément comprendre, qu’il y a eu deux ou plusieurs Mali. Et de ces Mali, celui de maintenant, semble être le plus pervers ; le plus corrompu ; le plus sadique. Dans les discours politiques, on entend même des gens dire : « Retrouvons nos valeurs ! Retournons aux fondamentaux… ».
La Transition actuelle parle même de la tenue d’assises nationales sur la « refondation » de l’Etat. Ce qui signifie : fonder de nouveau. Et cela voudrait dire que ce qui existe, mérite d’être revue ; refondé. Sur quelle base, la société malienne va-t-elle se refonder ? C’est la question de fond adressée aux initiateurs du projet « assises nationales sur la refondation de l’Etat » du Mali.
Mais il y a déjà lieu de se poser quelques questions : les 98% de croyants que nous sommes (musulmans, chrétiens), écoutent-ils la parole de Dieu ? S’ils écoutent la parole de Dieu, la comprennent-ils ? S’ils comprennent cette parole, craignent-ils Dieu ?
C’est là que se situe la problématique. Il est en effet difficile de comprendre qu’un fidèle croyant en Dieu, puisse être accusé de vol ; de corruption de deniers publics alors que chaque jour, il est sur le chemin de l’Eglise ou de la mosquée. Que va-t-il faire en fin de compte dans ces lieux de culte ? Que dit-il dire à Dieu quand il s’en va prier ?
Si on devait arrêter tous ceux et celles qui sont trempés dans les eaux troubles de la corruption au Mali, il n’y aurait pas de maison d’arrêt pour les contenir. Cette phrase d’un habitant, lancée en signe de dépit, est révélatrice : « Nous sommes tous corrompus ! ». Serions-nous tous corrompus ? A chacun de faire son examen de conscience. Mais la situation est-elle aujourd’hui que nous devons nous interroger sur ce qui n’a pas marché pour que nous perdons subitement ce qui était présenté hier comme étant de bonnes valeurs et que nous aimons citées tant dans nos discours. Le fidèle croyant malien aujourd’hui, est cet homme ; cette femme capable de tuer pour de l’argent ; de trahir ses convictions religieuses pour de l’argent ; de renier son créateur à cause de l’argent. Alors, que partons-nous faire dans les mosquées, églises, si nous sommes incapables de nous purifier ? Pourquoi portons-nous les vendredis et dimanches nos habits blancs, propres, si nos cœurs sont noirs comme du charbon ? Pourquoi remplissons-nous des stades, des cathédrales pour écouter la parole de Dieu, alors que dans nos poches de vêtement, se trouve de l’argent sale ? Peut-être que nous sommes en réalité 99% de fidèles croyants hypocrites et 1% de vrais fidèles croyants.
Chacun sera jugé de ses actes devant Dieu, selon la croyance religieuse. Alors, on peut se cacher aux hommes, mais on ne peut se cacher à Dieu. Si les chiffres reflétaient la vérité (98% de croyants musulmans et chrétiens), le Mali ne serait pas dans ce malaise.
El Hadji Tiémoko Traoré