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Mali : Chronique d’une élection inutile et mortifère, le 29 juillet 2018

« Que veut dire campagne électorale dans notre pays ? », questionne un iman connu pour ses prêches…

Déjà, en 2002, les évêques du Mali interrogeaient lors de la fête de Pâques : “Peuple du Mali, dis-moi qui est ton Dieu” ?

Des supplétifs pour l’élection du 29 juillet répondent : « … Dans ce pays, il n’y a de valeur que l’argent. Tous ceux qui viendront avec nous en recevront et toutes les demandes seront prises en compte. Notre candidat sera le prochain président à la grâce de dieu… »

En attendant, à coup de dizaines et centaines de millions sont corrompues et détournées des confréries religieuses, sont recrutés d’onéreux cabinets de communicants étrangers pour l’élection du président des pauvres.

Mais, « La Raison est encore en marche en Afrique ; il faut veiller à ne pas la brider, veiller à ne pas la dévoyer. L’esprit philosophique […] aidera à sortir l’homme d’Afrique de sa minorité, à lui apprendre enfin à se vaincre lui-même avec raison, quand les Autres l’ont toujours vaincu sans avoir raison. »


La course pour le palais coûtera au Mali plus que toutes les guerres, tous les conflits connus, après qu’elle ait découvert tous nos travers sociaux et permis que, dans notre pays, il n’y ait de valeur que l’argent.

Femmes et hommes, gouvernants et citoyens, travailleurs et désœuvrés, artistes et griots, marabouts et politiciens, tout le monde s’est jeté dans la mêlée.
Les uns contre les autres, et personne vraiment ensemble.

Comment se remettre, trouver les moyens pour se remettre de toutes ces machinations sans âme, ni cœur ? Des orchestrations machiavéliques, ourdies par les polythéistes : les politiciens sous tutelles religieuses, ainsi que les religieux épris de pouvoirs politiques et d’argent facile.

Il y aura de graves séquelles et un prix à payer pour relever le Mali.
Mais, hélas, Les fauteurs, ni leurs conseilleurs ne seront jamais les payeurs !

Les Maliens et Maliennes doivent se ressaisir.

Car, « La Raison est encore en marche en Afrique ; il faut veiller à ne pas la brider, veiller à ne pas la dévoyer. L’esprit philosophique […] aidera à sortir l’homme d’Afrique de sa minorité, à lui apprendre enfin à se vaincre lui-même avec raison, quand les Autres l’ont toujours vaincu sans avoir raison. » [1]

Quand l’élection n’est pas la célébration de la démocratie
La situation du Mali et la résolution des fléaux qui l’ont sécrétée exigent moins un dirigeant avec un monumental diplôme universitaire et un impressionnant carnet d’adresses, mais plutôt et davantage un patriote humble, moulé dans la culture du travail vrai, ayant une qualité morale intransigeante adossée à une conscience élevée des enjeux nationaux et internationaux.

Un prêcheur s’insurge :
« Que veut dire campagne électorale dans notre pays ? Cela veut dire donner de l’argent aux gens pour qu’ils te suivent comme des animaux. Alors, tu pourras disposer de ces gens achetés à l’instar des animaux que tu as payés pour tes événements. Ce sont ces pratiques que nous voyons tous, que nous côtoyons tous, que beaucoup entretiennent pendant que tous ferment les yeux à leurs sujets. Ce sont ces pratiques abominables qui entravent nos libertés, enterrent notre dignité et notre capacité à bâtir un pays heureux. Tout le monde, ou presque tout le monde, est compromis. Les savants ont sans doute raison quand ils disent que les peuples ont les dirigeants qui leur ressemblent en tout. Au Mali, les chanteurs, particulièrement les rappeurs, sont devenus les plus importants et les plus courtisés. Ce sont eux qui dictent leur volonté et font comme ils veulent, pour faire remplir les meetings des hommes politiques. C’est le signe que ce pays va très mal. Les musulmans doivent se donner les moyens d’organiser le djihad au nom d’Allah.
Nos hommes politiques ont une véritable passion : celle de s’approprier les ressources de notre pays au détriment des pauvres. Il y en a très peu qui pensent aux populations. Sur ce plan les politiciens et les religieux sont pareils. » (Traduction libre de vidéos-propagandes d’un imam du Mali sur YouTube)

Il y a 16 ans déjà, à l’occasion des élections générales 2002, les évêques du Mali ont adressé un message au citoyen malien, lors de la fête de Pâques :
« Mon cher Théophile,
La dernière fois où je t’ai écrit, je te parlais de ce hiatus qui existe dans notre pays, entre notre agir de chaque jour et notre invocation incessante du nom de Dieu. Je posais la question : “Peuple du Mali, dis-moi qui est ton Dieu” ?
… Tu seras approché par des hommes et des femmes : certains te parleront de leur programme, leur projet de société, écoute-les et sache faire la différence entre démagogie et réalisme. Certains te proposeront même de l’argent ou un poste, méfie-toi, celui qui est capable d’acheter ta voix est capable de vendre ce pays au plus offrant. D’autres essayeront de te séduire avec les propos du régionalisme ou du confessionnalisme, ne les écoute pas, ceux-là cherchent la partition du pays, ce que tu ne veux pas, toi. »

Aujourd’hui, rien que pour la désignation du prochain potentat local du Mali, sont corrompues et détournées des confréries religieuses, recrutés d’onéreux cabinets de communicants étrangers, embauchées des nuées de perroquets envahissant les supports numériques d’information et injuriant sans arrêt. Tout cela, à coup de dizaines, voire de centaines de millions de francs CFA.

La rivalité originelle entre les deux grandes branches de l’islam au Mali trouve un semblant d’épilogue conjoncturel en la candidature d’un des leurs à l’élection du 29 juillet. La consécration de la “talibanisation” du Sahel n’est plus à démontrer, soutenue à charge partagée par les politiciens à court d’inspiration et les religieux à prétention affichée.

Afin d’obtenir une part de “gâteau national”, inversement proportionnelle à leur petitesse, d’anciens hauts dirigeants du Mali ne jurent plus qu’au nom de leur ethnie, qu’ils estiment fondée à “se défendre contre le Mali” qu’ils ont longuement et malhonnêtement dirigé, et qui n’aurait rien apporté à la communauté ethnique.

Les réseaux virtuels en deviennent asociaux, au service exclusif des opportunismes politicien et religieux.

Ainsi sonne l’assaut fatal des seconds couteaux, répartis entre pseudo-activistes mis aux enchères et prêcheurs tendancieux friands de bonnes chairs.

En 5 ans, pas mal de choses ont changé … 
En France, le parti socialiste n’est plus au pouvoir.

Au Mali, le Peuple reste confronté à des épreuves permanentes depuis au moins 5 ans. Il est en quête de preuves de talents, de sciences et conscience.

Le général “Capitaine Sanogo”, depuis son cachot “inconfortable”, n’est plus le répartiteur de rôles. D’ailleurs, pour qui votera-t-il le 29 juillet, puisqu’aucune décision de justice ne l’a encore déchu de ce droit ?

Près de deux cent mille (200.000) de nos concitoyens sont encore déplacés de leur lieu de vie, éloignés de leur site de travail, réfugiés dans quelques pays limitrophes. Ils attendent que soit combattue l’insécurité dite, il y a peu, résiduelle, mais devenue permanente, sectorielle, régionale.

Les malentendus saisonniers, récurrents entre paysans agriculteurs et éleveurs d’une même localité, ont désormais changé de caractère et de conséquences. Ils sont instrumentalisés, transformés en conflits communautaires armés, causant quotidiennement la mort de pauvres citoyens.

Le “beau” Blaise Compaoré du Burkina Faso a été, de façon durable, emporté par la roue de l’histoire, loin des suites de sa gestion intéressée du contentieux de Kidal et du MNLA.

Les inflations et spéculations aidant, en 5 ans on est passé de 21 prétendants, dont 1 femme, en 2013 à 30 concurrents potentiels, dont 1 femme en 2018. La caution pour être inscrit sur la ligne de départ s’envole de 10.000.000 FCFA à 25.000.000 FCFA dans le même intervalle de temps.

Les identités meurtrières 
Les Maliens reprennent et poursuivent leurs habitudes pathologiques : faire semblant de réaliser une œuvre publique indispensable, sans l’accomplissement de laquelle le pays s’arrêterait net.

Cette terrible hérésie s’organise avec des deniers qui font ordinairement défaut au Mali, mais les instigateurs n’en n’ont cure.

L’argent, sorti on ne sait d’où, afflue en abondance. Il reste le mobile, l’argument et l’arbitre d’une comédie vaine, mais cruelle.

Alors, on s’endette encore plus et on surendette le pays, puis on dilapide.
Tout le monde, ou presque, gagne au cours de cette foire d’empoigne et d’invectives : prescripteurs et exécuteurs, majoritaires et opposés, candidats et émissaires divers, supplétifs de tous ordres.

On tient à désigner celui/celle qui aura la charge suprême, durant 5 années, de gérer les caisses noires, les marchés de gré-à-gré et les rapports périodiques du vérificateur général.

Le 4 juillet, la Cour constitutionnelle a communiqué la liste définitive des 24 candidatures retenues, pour 6 rejetées en raison de non-paiement de la caution entre autres.

Une pléthore de candidatures, hétéroclites et éparpillées à l’image du Mali dont le rafistolage et la sécurisation sont mis à la charge de “pays amis”.

Quelques candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet auraient réussi à poser le pied à Kidal, dans des conditions assez peu éclairées.

Voilà une Nation, dite pourtant de sagesse et de vertu ancestrales, en voie de fragmentation sévère, où les frères “clair-obscur” ne se faisant plus confiance, en science et en conscience, en appellent à l’arbitrage de l’UE, de l’OIF, de l’UA, de la CEDEAO, etc.

Les quelques centaines de missionnés internationaux ainsi conviés sembleraient davantage crédibles, beaucoup plus fiables que les millions de Maliennes et Maliens réunis.
Or, « Pour aller résolument vers l’autre, il faut avoir les bras ouverts et la tête haute, et l’on ne peut avoir les bras ouverts que si l’on a la tête haute. » [2]

Les Maliennes et Maliens tous réunis ne doivent plus avoir de bras, ni de tête.

Mais osons espérer qu’un jour, nous retrouverons nos bras et notre tête et que le monde nous respectera, puisque nous le lui aurons imposé à travers nos actions et intentions à l’endroit de notre Nation !

La farce ou la tragédie 
« L’Histoire se répète au moins deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce »prévenait le penseur.

Pourtant, les Peuples avertis et vigilants s’organisent. Leur Histoire n’est pas qu’une répétition d’exploits ou de drames. Elle n’est pas subie, mais consignée dans des faits marqueurs qui modèlent un Peuple de travailleurs, l’élevant à la pleine conscience de soi, en tirant les enseignements qui protègent, éduquent et préparent ses enfants pour l’avenir de tous

Il y a cinq ans, le 14 juillet 2013, le président de la France – François HOLLANDE – suite à la parade impressionnante de ses forces armées, s’estimait en devoir de déclarer à son hôte en décote et à la face du monde : « Nous serons intraitables sur la tenue des élections au Mali le 28 juillet. » Cette injonction indiscutée visait à ce que le candidat soutenu par la France, perçue comme libératrice du Mali, soit rapidement placé au sommet de l’ancienne colonie.

En 2013, l’élection présidentielle au Mali était pipée comme avait alerté le FNC, mais semblait salutaire. Ses tenants et aboutissants étaient connus. L’enjeu consistait à mettre un terme à la situation dite d’inconstitutionnalité créée par l’irruption hasardeuse de jeunes soldats dans l’espace politique et leur implication à la gestion des affaires du palais laissé vacant.

Le FNC avait pronostiqué le “tiercé gagnant” pour la France : IBK (Ibrahim Boubacar KEITA) – président, Soumeïlou Boubeye MAÏGA – premier ministre, Soumaïla CISSÉ – l’adversaire au 2ème tour et potentiel remplaçant .

Chose dite, chose faite : l’élection s’est tenue le 28 juillet 2013, le Mali fut pourvu en “président élu.” La France reste maitresse incontestée dans le nord du pays en 2018, quand l’ex-colonie française est en passe de perdre les deux-tiers de son territoire acquis lors de l’indépendance en 1960.

La France de l’époque (2013) se réclamait de la gauche.
Aujourd’hui, la France est En Marche, mettant un pied devant l’autre, balançant les bras, à gauche, à droite, pour garder l’équilibre. En Marche, à Gauche, à Droite, au Centre, c’est une question de contrepoids pour tenir et avancer !

Le 14 juillet 2018 : pas un mot de la France officielle sur le Mali et son élection du 29 juillet. Qu’à cela ne tienne, la France a bel et bien un candidat à abattre ou un candidat à faire triompher, au Mali ; c’est vital pour les deux pays !
Macron avait la tête et le cœur ailleurs, en Russie par exemple, où la ferveur footballistique, suscitée par les Bleus en finale, les avait détournés avec le bruyant espoir d’une consécration mondiale.

Le 15 juillet 2018 : c’est fait, la France est championne du monde de football, le Mali attendra jusqu’au 29 juillet un “mot amical” de la France sur le dénouement de son championnat des corrompus et illégitimes.

À l’évidence, l’élection du 29 juillet 2018 au Mali, c’est HOLLANDE versus MACRON dans le Sahel !

Ruineuse et vaine consultation 
Cette élection en cible est clairement vaine, très coûteuse et sans issue certaine pour le Mali. C’est le vote de la sanctuarisation de la nomenklatura présente, depuis près de 30 ans, dans l’état et ses rouages financiers. Les uns relayant les autres, les membres de cette caste se renouvellent sans cesse par défaut, le peuple ayant abdiqué tout honneur et bonheur ici-bas !

Le Mali est un pays où il fait bon … voler, l’impunité y est garantie et absolue !

Et tous ceux qui le peuvent, à quelque échelon que ce soit, pillent et ruinent le pays, brisent les fraternités séculaires, foulent aux pieds ce qui restait encore de vertu.

On adore jouir des biens matériels et dilapider les sous pour lesquels on n’a pas sué, pourvu qu’il y en ait assez pour permettre aux distributeurs d’arroser tous leurs flatteurs, griots et marabouts.

Tout y passe, y compris les crimes rituels sur des enfants et des enterrements d’animaux vivants.

Des milliards, gaspillés pour cette mascarade, qui auraient pu construire quantité d’établissements scolaires, hôpitaux, voies publiques, équipements agricoles, habitats pour le retour des déplacés, infrastructures diverses pour la sécurité et la stabilité.

Ces sommes pourraient contribuer à créer quelques emplois pérennes, pour retenir ou repêcher vivants quelques jeunes compatriotes désespérés de ne pouvoir user de leur juvénile énergie et de leur talent, naufragés dans le Sahara et dans la Méditerranée.

Que nenni, on sort tambours et mécaniques sonores, t-shirts et ballons, motos et affiches, et les attroupements vont bon train !

Gageons que ce sera beaucoup moins drôle d’ici le 15 août, pour certains et non des moindres.

Le FNC salue les pionniers et militants encore engagés pour la sauvegarde des acquis du 26 Mars 1991.

Source: Koulouba.com

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