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Mali : au lancement officiel du programme DDR, les ex-rebelles posent leurs conditions

Alors que le désarmement des ex-rebelles a officiellement été lancé dans le nord du Mali, via le programme DDR, les anciens combattants ont refusé de rendre leurs armes sans obtenir au préalable des garanties.

Tout était fin prêt, le 6 novembre à Gao, pour lancer le programme DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) destiné à 1 600 ex-rebelles membres du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Les onze stands nécessaires aux étapes qu’un ancien combattant doit passer avant d’être intégré dans l’armée malienne avaient en effet été installés par la Mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (Minusma).

Les opérations devaient se dérouler dans un ordre précis : « Le combattant arrive au site du DDR devant le premier stand, qui est celui du désarmement. Le combattant remet son arme à des Casques bleus de la Minusma, qui l’enregistrent avant de la déposer dans le magasin, puis le combattant se dirige vers les autres stands pour la suite du processus », explique à Jeune Afrique Samba Tall, le chargé du programme DDR à la Minusma. Pour faciliter le transport d’officiels de Bamako à Gao, la Mission onusienne a également mis en place deux vols spéciaux en aller-retour entre les deux villes. Outre l’intégration dans l’armée régulière, les ex-rebelles peuvent également, via le DDR, bénéficier d’un programme de formation à la réinsertion dans la vie civile.

Mais sur le terrain, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

Obtenir des garanties

Les anciens combattants ont refusé de déposer leurs armes sans obtenir au préalable certaines garanties, notamment la prise en charge des combattants blessés lors de l’attaque à la voiture piégée de 2017 au camp du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao. Les officiers des anciens combattants ont également annoncé vouloir garder leur grade actuel en intégrant l’armée régulière.

IL N’Y A PAS DE CONFIANCE ENTRE NOUS ET LES MILITAIRES MALIENS (…). CE SERA PIRE SI L’ON BÂCLE LES CHOSES

Afin de trouver une solution, des réunions de crise entre les différentes parties signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015 ont été improvisées durant une bonne partie de la journée. Les leaders des mouvements, venus de Bamako pour la cérémonie, ont également discuté avec leurs hommes.

« Il n’y a pas de confiance entre nous et les militaires maliens et aujourd’hui la communauté internationale menace le gouvernement de se retirer du processus de paix. Ce sera pire si l’on bâcle les choses, (…) puisque les combattants sortiront du camp [installé par le DDR, ndlr], n’étant pas contents du processus. On reviendrait alors à la case du départ », explique Boubacar Touré, membre de la commission défense de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

À la sortie de la réunion, un dirigeant de la CMA a relativisé au sujet de ce blocage, avançant qu’il s’agissait davantage d’un manque de communication. « À Bamako nous discutons toujours et nous planifions des choses pour nos combattants, mais malheureusement l’information n’est pas partagée avec nos hommes sur le terrain et c’est ça qui a créé cette frustration. »

AUCUNE QUESTION N’EST TABOUE ET TOUS LES PROBLÈMES SERONT TRAITÉS AVEC ÉQUITÉ ET DANS LA TRANSPARENCE

« Une situation ni de paix ni de guerre »

En fin d’après-midi, une cérémonie de lancement officiel du DDR a finalement pu se tenir, sans que ne soit toutefois précisé le début réel des travaux. « Aucune question n’est taboue et tous les problèmes seront traités avec équité et dans la transparence », a assuré durant la cérémonie Lassine Bouaré, le ministre malien de la Cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale.

L’accord de paix est signé depuis plus de trois ans, et son application piétine, notamment son volet DDR. « Nous sommes dans une situation ni de paix ni de guerre. Certains y trouvent leur compte, comme les acteurs du narcotrafic, ceux qui ont le sang sur leurs mains et qui continuent d’échapper à la justice », confie le colonel Rhissa Sidi Ag Mohamed, le premier coordinateur du MOC.

 

Source: jeuneafrique

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