Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga entend organiser les Assises nationales de la refondation pour diagnostiquer les maux du Mali et leur trouver des remèdes. Cependant, avec les recommandations du Dialogue national inclusif qui attendent toujours d’être appliquées, certains n’en voient pas l’utilité.
C’était la quatrième mesure du M5-RFP pour « rectifier » le processus de transition à un moment où rien n’allait avec la junte. Organiser des Assises nationales de la refondation était un vœu du mouvement contestataire du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta pour « aboutir à un large consensus national sur les grandes préoccupations de la Nation ». Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, l’a fait savoir lors de son premier Conseil de cabinet dimanche dernier. L’organisation des Assises nationales de la refondation s’inscrit comme le deuxième chantier du gouvernement. « Il s’agira d’établir un diagnostic partagé de la gravité et de la profondeur de la crise, des enjeux, défis et périls et de nos vulnérabilités structurelles », a-t-il expliqué. Des assises de trop ? Au Mali, plusieurs concertations ont été tenues afin de diagnostiquer les maux qui minent le pays. L’une des plus vastes date de décembre 2019, c’est le Dialogue national inclusif (DNI), dont les recommandations ont pris depuis la poussière. « On se demande bien que faire des Assises nationales de la refondation. Ces partisans du chaos (le M5-RFP, NDRL) et de l’effondrement des institutions ont refusé de participer au Dialogue national inclusif, où le Mali dans sa totalité était présent. Les résolutions issues du DNI sont une référence pour tous ceux qui pensent Mali. On vient de voir le Président de la transition, lors de sa prestation de serment, faire référence à ce document, qu’on ne peut critiquer que par populisme. Ces assises n’ayant aucune raison d’être, nous allons travailler à ce qu’elles n’aient pas lieu et que l’État utilise les fonds destinés à ce forum à des œuvres plus utiles et plus bénéfiques pour le Mali », dénonce Djiguiba Kéïta, Secrétaire général du PARENA.
Le Président du Comité d’organisation du Dialogue national inclusif est du même avis. Selon lui, il ne sert à rien d’organiser de nouvelles assises, mais plutôt de mettre en application les conclusions du DNI ou de leur apporter des corrections. « Comment peut-on même envisager d’organiser des Assises nationales de la refondation qui feront exactement ce que le DNI a déjà réalisé en décembre 2019 ? Organiser de nouvelles assises va nécessiter au moins 6 mois, pour aller des communes au niveau national, alors qu’il reste moins de 9 mois jusqu’à la fin de la transition. Sans compter que les réformes institutionnelles réclamées à cor et à cri ne pourront pas avoir lieu avant de connaître les résultats d’éventuelles assises », écrit Cheick Sidi Diarra dans une tribune sur les réseaux sociaux.
Inclusivité Cependant, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga veut rassurer. Les futures assisses nationales feront une revue de toutes les précédentes rencontres thématiques, sectorielles et nationales. Du côté du RPM (Rassemblement Pour le Mali), l’ancienne majorité présidentielle, on adopte un ton peu dur. « Je pense que ce sera une très bonne chose. Le DNI est déjà un bon document de travail. Si dans le contexte actuel nous devons tenir des assises nationales pour fixer les priorités de la transition, ce sera bien, car c’est une consensus national qui va nous permettre de rendre les priorités participatives pour aller vers une refondation qui va concerner les réformes politiques et institutionnelles. Les Assises nationales de la refondation, c’est aboutir à une feuille de route plus apaisée et plus souple. Le Plan d’action qui a été présenté par l’ancien gouvernement était irréaliste vu le temps imparti pour la transition », pense un haut cadre du parti. L’analyste politique Ballan Diakité abonde dans le même sens. Le Premier ministre atterrit dans un contexte sociopolitique très bouillonnant, où les frustrations pourraient miner sa gouvernance, d’où sa recherche d’inclusivité. « Choguel Kokalla Maïga prend la Primature dans un contexte de fragmentation politique. Nous sommes dans un contexte dominé par des clivages entre la société civile et les partis politiques et entre politiques et militaires. Il cherche donc un cadre de concertation, d’abord pour lui permettre d’avoir une plus grande inclusivité afin de pouvoir donner plus de légitimité à l’action gouvernementale », estime-t-il. Boubacar Diallo Cet article a été publié dans Journal du Mali l’Hebdo n°323 du 17 au 23 juin 2021
Source: journaldumali