Le bataillon de l’armée malienne reconstituée est arrivé ce jeudi après-midi à Kidal et a intégré le camp militaire qu’il devait occuper. L’opération a été menée avec une escorte composée de casques bleus de l’ONU.
Le commandant Mamadou Kéita et ses hommes sont arrivés à Kidal ce jeudi. Ils ont été accueillis symboliquement par le gouverneur de la région, le représentant de l’État, rapporte notre correspondant à Bamako, Serge Daniel.
Autre symbole : une fois arrivé sur place, le bataillon de l’armée malienne reconstituée a pris position dans le camp communément appelé « camp NO1 » de Kidal. Situé à l’entrée de la ville, sur la gauche, il s’agit du camp traditionnel de l’armée malienne. C’est notamment de là qu’elle avait été délogée, en 2014, peu après une visite mouvementée de l’ancien Premier ministre malien Mousa Mara.
Deux tiers des militaires de retour sont d’anciens combattants, et de nombreux gestes de solidarité entre adversaires d’hier ont eu lieu, selon des témoins. Des turbans ont par exemple été offerts à des militaires venant du Sud, et qui découvraient pour la première fois cette ville.
Le rôle clé de la Minusma
Cette arrivée est un pas important dans le processus de paix. La mission de l’ONU au Mali a joué un rôle pivot pour la réussite de l’opération. Plus de 200 casques bleus ont escorté les forces armées maliennes reconstituées et des avions de l’ONU étaient déployés dans le ciel pour la surveillance.
Le patron de la mission de l’ONU Mahamat Saleh Annadif a suivi toute l’opération à distance, accroché au téléphone. Il est resté en contact permanent avec les autorités maliennes, et il a rencontré le Premier ministre ce jeudi. La mission de l’ONU a également arrondi les angles entre les ex-rebelles et l’armée.
Partis de Gao
Lundi, un convoi d’un peu moins de 300 militaires avait pris le départ de Gao pour cette ville du nord-est du pays, aux mains d’ex-rebelles. Dans une interview exclusive donnée à RFI et France 24, le président Ibrahim Boubacar Keïta anticipait un retour pour vendredi. Les militaires sont donc arrivés avec un jour d’avance.
Il s’agit en outre d’un retour pacifique, conforme à l’accord de paix d’Alger. En dehors de soldats maliens, on trouvait dans cette colonne des ex-rebelles de la CMA et des ex-combattants de groupes armés pro-gouvernementaux, d’où l’appellation « bataillon de l’armée malienne reconstituée ».
Un symbole fort
Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armée nationale à Kidal est anticipé comme une affirmation forte d’une restauration de l’autorité de l’État malien, qui ne s’exerce plus sur de larges étendues du pays. À Bamako, l’échec de l’offensive sur Kidal, lancée par les Fama en 2014, est resté dans toutes les têtes. Car depuis, la ville a totalement échappé à l’État et est contrôlée par une coalition de groupes armés, la CMA.
Ce retour est le fruit de longues négociations. L’article 21 de l’accord de paix d’Alger signé en 2015 prévoyait déjà « le redéploiement des forces de défense et de sécurité dans toutes les régions du nord. » Cinq ans plus tard, 240 hommes, des éléments de la CMA, de la Plateforme, un autre groupe armé loyal au pouvoir central, et des éléments de force régulière sont désormais installés depuis jeudi dans leur camp militaire de Kidal.
« Maintenant, il faut espérer que le processus se poursuive », analyse le sociologue Mahamadou Diouara. Sur le plan sécuritaire, « les effectifs seront isolés, car il n’y a aucun dispositif de renfort dans la zone. Il faudra également lancer le retour de l’administration qui elle aussi devra être sécurisée », poursuit-il. 188 éléments devraient rejoindre les soldats déjà sur place, rpécise notre correspodnante Coralie Pierret. Aucune date d’arrivée n’a été précisée pour le moment.
rfi