La junte au pouvoir n’est pas allée assez vite. A peine la mission de l’ONU au Mali avait-elle quitté mardi son camp de Kidal que la rébellion séparatiste à dominante touareg en a pris le contrôle. Elle devance ainsi l’armée malienne dans la course pour le territoire entre l’Etat central et les groupes armés du nord.
Bamako, pris de vitesse, se retrouve placé devant la question de la réponse à apporter à ce nouvel acte d’insoumission de la part de rebelles dont Kidal est le bastion et qui viennent de reprendre les armes, alors que le pouvoir en place a comme mantra la restauration de la souveraineté territoriale dans un pays en proie depuis 2012 au djihadisme et à l’instabilité.
Retrait accéléré
Le désengagement de Kidal éclaire aussi d’une lumière crue les conditions dégradées dans lesquelles la Minusma quitte le Mali sur injonction de la junte après dix ans de déploiement.
La Minusma, contrainte par la dégradation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du terrain (séparatistes, djihadistes, armée régulière), a accéléré son retrait à la grande irritation de la junte. Elle a laissé ses positions à Kidal sans attendre l’arrivée de l’armée.
Les Casques bleus ont quitté leur camp de Kidal au matin dans un long convoi composé de dizaines de véhicules blancs en direction de Gao, grande ville du nord à environ 350 km, ont indiqué des sources au sein de la mission. C’est le troisième et dernier camp évacué par la Minusma dans la région de Kidal, après Tessalit et Aguelhok. La Minusma envisageait initialement de décrocher de Kidal plutôt vers mi-novembre.
« Beaucoup de regrets »
L’armée malienne a constaté sur les réseaux sociaux, « une fois de plus et avec beaucoup de regrets », que la Minusma partait sans rétrocéder le camp aux autorités. La délicate opération d’évacuation de Kidal était anticipée depuis des semaines comme la plus inflammable de celles conduites par la Minusma depuis août.
Kidal est en effet sous le contrôle de la rébellion. Ces groupes qui avaient conclu un accord de paix avec le gouvernement en 2015 viennent de reprendre les hostilités. Ils s’opposent à ce que la Minusma remette ses camps aux autorités maliennes.
20minutes