Simple effet d’annonce ou réelle volonté de maintenir le chao au nord ? C’est la question qui revient sur toutes les lèvres après l’annonce faite par les groupes armés du nord du Mali de suspendre les négociations sur la mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou. Celui-ci, signé le 18 juin dernier, entre le gouvernement malien et les groupes armés (MNLA, HCUA, MAA) avait permis la tenue de la présidentielle dans la région de Kidal où ces groupes restent actifs. Parmi les termes contenus dans cet accord figurent également la libération de certains indépendantistes détenus et un cessez-le-feu entre les différents protagonistes.
Si, pour le premier, des progrès significatifs ont été observés (la récente libération en catimini de plusieurs rebelles touaregs en témoigne), le second, lui, est constamment violé surtout de la part des groupes armés qui refusent toujours de se laisser cantonner tel qu’il est stipulé dans cet accord.
Dans leur logique de bafouer les termes de cet accord, les groupes armés sont allés même plus loin en décidant unilatéralement de suspendre les négociations autour de sa mise en œuvre. Et ce, bien avant l’écoulement des 60 jours prévus après l’élection du président de la République pour démarrer les discussions autour du statut du nord du Mali.
Comme si cela ne suffisait pas, l’un des porte-paroles du mouvement arabe de l’Azawad est intervenu le vendredi 27 septembre, sur la chaine satellitaire AlJazeera pour déclarer que les groupes armés n’excluent pas un recours dans le meilleur délai à la force pour se faire entendre car, proclame-t-il, la partie gouvernementale n’a pas respecté ses engagements.
D’ailleurs, par rapport à cette sortie du MAA, nombreux sont-ils à se demander quelle mouche a bien pu piquer ce dernier qui, jusque-là n’hésitait pas à afficher ostensiblement ses divergences de vues avec les mouvements touareg les accusant de se livrer à des pillages et d’autres exactions contre certaines communautés du nord du Mali.
Il y a lieu de constater que cette démarche montre à suffisance combien les revendications de ces groupes armés sont ambigües. En effet, d’une part, ils continuent d’affirmer leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali, d’autre part ils ne cessent de poser des actes prouvant que leurs velléités sécessionnistes et indépendantistes sont toujours d’actualité.
Comme le montre la récente déclaration signée par trois mouvements armés que sont le MNLA, le HCUA et le MAA faisant état de leur suspension de participer aux négociations sur les termes de l’accord de Ouaga. Une déclaration qui intervient, notons-le, après la récente interview accordée par le médiateur en chef de la CEDEAO dans la crise malienne qui a affirmé que son rôle dans ce dossier est à présent terminé et qu’il appartenait aux Maliens de régler leurs problèmes. Pourtant, il est de notoriété publique que ce sont bel et bien ces groupes armés qui continuent de bloquer la mise en œuvre effective de cet accord en affirmant à la fois une chose et son contraire.
Sinon comment peut-on comprendre cette sortie aventureuse et suspecte avant même l’expiration du moratoire de 60 jours qui devait être accordé au nouveau président de la République ? Comment expliquer aussi qu’à ce jour, ces mêmes groupes armés refusent toujours de se cantonner ? Enfin que vaut la récente libération de plusieurs détenus indépendantistes, sans même l’intervention de la justice et quid des projets de développement engagés au nord du pays par les nouvelles autorités à travers la création d’un ministère en charge de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord ?
Autant de questions qui démontrent la mauvaise foi des groupes armés à travers des revendications très confuses. Il semble que leur seule motivation soit que le nord Mali ne puisse jamais connaitre la sérénité et la quiétude. Dans ce cas de figure, il revient aux autorités maliennes de prendre leur responsabilité avant que le calme précaire constaté dans ces régions ne vole complètement en éclat.
Massiré DIOP
Source: L’Indépendant