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Makan Badjè Tounkara : Sous ses doigts, le N’goni donne des sonorités inhabituelles

Il s’agit de l’un des artistes instrumentistes qui tournent beaucoup à travers le monde. Makan Tounkara, plus connu sous le nom de Badjè est un joueur de n’goni malien installé en France depuis près d’une vingtaine d’années. Il a joué ou accompagné de nombreux artistes interprètes au Mali avant de s’installer en Europe. Où il mène une riche carrière.

Au mois de novembre dernier, il était invité à partager certains grands classiques de la musique malienne avec l’orchestre symphonique de Tunis. « Une expérience très enrichissante », confiera-t-il à la presse tunisienne à la fin de ce mémorable concert. C’était à l’occasion de l’ouverture des Journées musicales de Carthage (JMC). Une prestation appuyée par la chorale de ladite institution qui chantait des morceaux comme n’djarou et djarabi.
Dans les années 1990, Makan Badjé Tounkara était reconnu par ses pairs comme « chef des griots maliens » (djéli kuntigui), comme le fut en son temps son grand père Djéli Baba Sissoko (1922-2001). à cette époque, il accompagnait Adama Diabaté, célèbre griotte de la musique mandingue des années 1990.
En 2002, Makan Tounkara a sorti chez ‘Cinq Planètes’ son premier album solo, « Mali – N’goni ». C’était la révélation.

Innovateur, Makan Badjé Tounkara a ajouté trois cordes à son n’goni qui comporte originellement 4 cordes. Dès l’âge de 15 ans, il a joué avec la jeune chanteuse Adja Soumano, avant de poser les lignes de son instrument de prédilection sur les musiques de nombreux artistes de renom : sa tante Mah Damba, Ami Koïta, Sékouba Bambino, Salif Keïta, Baaba Maal, Tata Bambo, Kandia Kouyaté, Naïny Diabaté, Djénéba Seck, Kassé Mady Diabaté, et bien d’autres…Le public international a découvert les immenses possibilités techniques et mélodiques qu’offrent le n’goni (ou djéli ngoni), un des instruments rois de la musique mandingue, qui, bien maîtrisé, confère à l’artiste le droit de porter le titre de « djéliba » (maître griot), tout comme le joueur de kora.
L’année 2017 voit sortir chez Buda Musique / Socadisc, « Daba », un album fidèle à son style et enrégistré avec Fatim Diabaté, Fatoumata Kouyaté, Alou Sam, Yacouba Sissoko, Ousmane Tounkara ou encore Mori Tounkara.

Soldat de l’ombre de l’armée musicale malienne, Makan Badjé Tounkara tient aussi à partager ses propres histoires qu’il raconte sous son nom dans un second album baptisé Sodjan. Sa pratique académique et moderne du n’goni, instrument à cordes joué à la cour royale pendant des siècles, l’entraîne irrésistiblement du côté du blues.
Pour passer à l’intérieur de l’univers musical de Makan Badjé Tounkara sans trop chercher la porte d’entrée, et ensuite se laisser attraper par les sonorités de son instrument de prédilection, il peut s’avérer utile de se rappeler que ce Malien de 55 ans a été formé « à l’ancienne » : tout était consacré à la transmission d’un savoir ancestral, et tant pis pour la scolarité.
Impossible d’échapper à son destin – héréditaire – de griot, ces musiciens dépositaires de l’histoire de leur peuple. Son père, Mody Tounkara, était un des cadres de l’Ensemble instrumental national du Mali, cette troupe réputée de 28 membres souhaitée par le président Modibo Keita au lendemain de l’indépendance. Son rôle : sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine traditionnel des différents groupes ethniques, tant pour promouvoir l’identité nationale auprès de sa population que pour exercer un rayonnement culturel à l’extérieur.

Ce savoir pratique et théorique que Makan a acquis fait de lui un joueur de ngoni respecté. D’un côté, il y a les figures du courant griotique, telles que Kandia Kouyaté, Amy Koïta ou Mah Damba… De l’autre, des projets plus crossover, aux côtés de son brillant compatriote Sory Bamba, ou en compagnie du Français Seb Martel et de l’Anglo-italien Piers Faccini, sur scène comme en studio.
Avec ce second album intitulé Sodjan, neuf ans après N’goni solo, Makan avance sur une voie qui jouxte ses deux mondes, les pieds ancrés dans une inspiration fortement traditionnelle, la tête tournée vers d’autres horizons – mais de façon moins audacieuse que Bassekou Kouyate, maître en la matière. Les trois ngonis (solo, basse, accompagnement) conjuguent leurs cordes, les percussions s’ajoutent avec légèreté.
Petit-fils du célèbre Djeli Baba Sissoko, le « chef des griots maliens » disparu en 2001, Makan Badjé Tounkara porte bien haut l’héritage familial avec ce splendide album. Qui n’est pas tout à fait le premier d’ailleurs. Les amateurs de sono africaine se souviendront l’avoir déjà entendu sur les deux disques de sa tante, Mah Damba.

Source : L’ESSOR

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