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Mairie de la commune de Koro : guerre de leadership…

Basé à Paris en France depuis son élection, le maire principal de Koro, Atimé Djimdé, a été obligé de transférer ses compétences et sa signature à ses adjoints. Atimé Djimdé nous affirme avoir pris cette initiative en se référant à la loi 2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales. Sauf que ces attributions font aujourd’hui l’objet de polémique au sein de la Mairie et continuent de deviser le personnel. Face à la situation, le préfet du cercle, à travers une note, a rappelé le maire principal à ses rôles et devoirs.

Visiblement, c’est un vrai duel au sein des collectivités de Koro qui ne dit pas forcement son nom. En tout cas, la moindre de chose que l’on puis dire, c’est le maire de Koro, Atimé Djimdé, et certains de ses adjoints, dont le premier, Issa Sagara, sont à couteaux tirés. Tout serait parti de l’installation du maire titulaire à Paris. Loin de sa commune, Atimé Djimdé a décidé, le 30 Août 2021, de transférer ses compétences et signatures à ses adjoints basés à Koro. Cela à travers l’arrêté 2021-007/CR-K du 30 Août 2021 portant délégation de compétences et de signature aux adjoints du maire.

Ces attributions sont signées dans son article 1 et concernent: Issa Sagara, 1er adjoint, chargé de l’environnement; Hawa Dama, 2e Adjointe, déléguée d’État Civil et chargée de récemment; le 3e Adjoint, Sékou Djimdé, chargé du cadre de vie, de voirie et d’urbanisme; Issiaka Somboro, 4ème Adjoint, chargé des Finances, de l’Education, des Affaires sociales, de la Jeunesse, des Sport, des Arts et de la Culture. «Article 2: Les compétences qui ne sont pas transférées restent les pouvoirs exclusifs du maire sauf en cas de délégation de signature spéciale. Article 3: Chacun en ce qui le concerne est autorisé à prendre les décisions utiles pour la bonne marche des domaines qu’il dirige et à signer les documents y afférent. Article 4: le présent Arrêté, qui abroge les dispositions antérieures, prend effet pour compter de sa date de signature sera publié et communiqué partout où besoin sera », a ainsi notifié le maire dans son arrêté, le 30 Août 2021.

Le préfet invite au respect du Code des collectivités territoriales

Cette décision ne semblait pas être appréciée par le premier adjoint, Issa Sagara, que se voyait certainement la personne la mieux indiquée pour assurer l’intérim en l’absence du maire principal. C’est ainsi qu’il a saisi la préfecture du cercle à travers une lettre en date du 12 octobre 2021 expliquant au préfet les dysfonctionnements qui existent au sein de la Mairie et lui demandant d’intervenir afin de rappeler le maire principal sur ses responsabilités. «Par la présente et première lettre, je viens respectueusement vers vous, autorité de Tutelle, demander de rappeler le maire Atimé DJIMDÉ à l’ordre. Il est absent depuis le 15 Août 2021, alors qu’il n’a pas signalé son absence à votre niveau et nulle part, de façon officielle. Il a attendu le 06 septembre 2021 pour faire parvenir des Arrêtés (No 06, 07, 08 et 09 du 30 Août 2021) contraire au Code des collectivités territoriales. Je trouve aberrant qu’un président, d’un organe exécutif, d’une collectivité, voyage comme un simple citoyen sans les préalables que vous connaissez. je vous invite à mettre de l’ordre au sein du bureau communal de la mairie de Koro, qui est de votre ressort », s’est-il au Préfet de Koro.

Au premier adjoint de poursuivre : «Je vous rappelle que la mairie est devenue comme une entreprise personnelle. Comment faire fonctionner une collectivité sans finance ? Les mandats sont signés, visés et payés sans un arrêté d’intérim ; les marchés publics sont octroyés sans procédures de passation ; les personnels sont recrutés par favoritisme; les partenaires au développement sont désorientés; les simples citoyens sont présentés comme conseillers et représentants dans les cérémonies officielles. Ce ne sont là que les quelques malversations que j’ai citées. »

Le préfet, Commandant Abdoulaye Boiré, en réponse à cette lettre du 1er adjoint au maire, a tenu à rappeler le maire principal à ses responsabilités et aux manquements qui existeraient au sein de la mairie. Dans sa réponde en date du 09 septembre 2021, le préfet souligne : «Monsieur le maire de la commune rurale de Koro, nous sommes régulièrement sollicités par les populations pour régler des différents au sein du bureau communal. Vos partenaires sont souvent désorientés de ce dysfonctionnement également. Dans le même code des collectivités, il est prescrit dans son article 49 que le maire et ses adjoints sont tenus de rester dans la commune. Ces différents arrêtés que vous avez pris provoqueraient un dysfonctionnement et créeraient des frustrations et des conflits de compétences entre vos adjoints. Avec ces différents actes pris, non seulement la mairie fonctionnerait partiellement, mais le travail ne sera pas en temps plein. Ceci provoquerait un blocage et de vos plans et projets de développement. Pour éviter tout dysfonctionnement, monsieur le maire, je vous invite à vous conformer au Code des collectivités territoriales notamment en ses articles 27, 28, 29, 30 et 49 de la Loi N°2017-051 du 02 octobre 2017.»

Le maire se défend et accuse son premier adjoint  !

Le maire Atimé Djimdé, de son côté, a justifié sa décision par le fait que lui et son adjoint ne sont plus sur la même longueur d’onde. «J’avais laissé tout entre les mains de mon adjoint, mais il a commencé a avoir des comportements qui ne me rassuraient plus. Il a commencé à prendre des décisions et à signer des documents qui compromettaient la mairie et le maire que je suis. Le premier adjoint fait ses agissements parce qu’il a perdu ma confiance sinon il n’y a aucun problème dans le fonctionnement de la mairie. Dites-moi une seule mairie qui fonctionne mieux que celle de Koro ? Il a signé beaucoup de documents compromettants dont j’ai les preuves. C’est pour ça que j’ai placé ma confiance à M. Somboro et tout marche bien maintenant », nous a-t-il confié.

En réponse à la lettre du préfet le maire Djimdé explique : «Le code des collectivités territoriales parle de succession en cas de décès, de suspension ou de démission du maire, et aussi, en cas d’absence, sous sa surveillance et sa responsabilité de pouvoir déléguer une part de ses attributions et/ou sa signature à un ou plusieurs de ses adjoints et, en cas d’empêchement de ceux-ci, à des conseillers communaux. Nous espérons pouvoir assurer un bon fonctionnement de la mairie si chacun respectait les attributions qui lui sont confiées. Avant mon absence, il a été convenu entre les adjoints et moi que les attributions sont définies pour chaque adjoint. Chose qui a été faite. La mairie fonctionnant avec un ensemble de compétences convergentes, soyez rassuré que nous avons tenu compte de toutes les historiques avant l’établissement de nos arrêtés et décisions. L’insatisfaction étant synonyme de l’inassouvissement, il serait certains que vous recevrez quelques plaintes mais, par conséquent, soyez rassuré que nous allons prendre actes de toutes vos observations et mettre tout en œuvre pour un meilleur fonctionnement de la mairie de Koro. »

Le maire adjoint réplique !

Ces justifications, selon le premier adjoint, ne sont que des prétextes avancés par le maire pour continuer ces manœuvres sans jouer pleinement son rôle de l’élu. «Je m’inscris en faux contre toutes les accusations du maire Atimé Djimdé. Bien qu’il m’ait retiré certaines prérogatives, je suis toujours au four et au moulin pour le bon fonctionnement de la mairie et c’est le maire qui, malgré mes bonnes intentions, continuent de me mettre les battons dans les roues. Il a parlé de confiance. Moi, je ne suis pas venu à la mairie parce qu’il me faisait confiance, j’ai été élu parce que la population m’a fait confiance. J’ai un mandat à faire valoir et non pas a gagné la confiance d’un maire qui réside loin de sa population », déclare-t-il.

Située dans l’épicentre de la crise au centre du pays, la commune de Koro a certainement besoin plus de calme que de conflits d’intérêts. Malheureusement, ce bras de fer entre ces deux premiers responsables de la mairie (maire et son adjoint) dure depuis plus de deux ans. Ce qui est sûr, c’est que si rien n’est fait, ces divergences risquent sérieusement d’impacter le bon fonctionnement de la mairie. Une autre crise, cette fois-ci politique, dont la population n’a nullement besoin.

Amadou Kodio

Source : Ziré

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