En déjouant les pronostics par son refus de faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale, celle de large union, comme l’aurait préconisé le PM Abdoulaye Idrissa Maïga, l’opposition malienne vient de faire la preuve d’une maturité politique spectaculaire.
Soumaila Cissé et les siens administrent ainsi à leurs adversaires du RPM et de la CMP, un contre-pied parfait qui leur permet de disposer encore d’une certaine chance dans l’arène politique nationale. Les prochaines joutes électorales de l’année prochaine (présidentielles et législatives), l’URD et le PARENA, en l’occurrence, ont réalisé que la main tendue à eux par les tisserands comportait un cadeau empoisonné à même de les éliminer politiquement.
Se faire enrôler dans ce tout dernier Gouvernement qui dispose d’une petite marge de 12 mois au plus de manœuvres, c’est perdre ses chances de subsistance au profit d’un ‘’train’’ pris à quelques mètres de son arrivée où il se devra de rendre compte de son parcours. Cette leçon, l’opposition malienne l’a apprise par le biais de la Conférence d’Entente Nationale à l’occasion de laquelle elle avait perdu une bonne partie de sa crédibilité pour avoir pris ce ‘’train’’ à la veille de son arrivée au quai. Les conséquences tirées de cette aventure, notamment l’éclaboussement de l’opposition avec, à la clé, une partie qui ne s’est pas retrouvée ni dans la participation de la dénomination opposition à la CEN, ni dans les propos tenus à ces assises par le Chef de file de l’opposition, ont corrigé l’amateurisme au niveau des partis de la poignée de main et du bélier blanc. Aguerris par cette bévue commise qui leur a coûté une désapprobation de la part de l’électorat malien, ces partis dits de l’opposition républicaine ont su, cette fois-ci, tenir la dragée haute à Abdoulaye Idrissa Maïga pour décliner son appel. C’est dire que Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé, les deux ténors qui se réclament de l’opposition radicale, ont fini par se rendre compte qu’ils étaient tombés dans le piège par le parti au pouvoir lorsque celui-ci leur avait envoyé une présumée mission de bons offices. Ce qui a réussi par des mots doux et, éventuellement, des billets neufs, à leur faire prendre ce train en marche.
Il est, donc, trop tôt pour que cette image de hantise, de par son impact, soit oubliée par ceux qui ont été négligents au point de se faire avoir une fois de plus aux yeux du baromètre qu’est le Peuple. C’est ce qui explique le refus catégorique de l’opposition à faire son entrée dans ce Gouvernement. Bien que certains cadres de ce bord politique, qui se savent très bien loin de ces délices via 2018, aient voulu saisir cette aubaine quoiqu’éphémère de jouissance. La sauvegarde d’une image, politiquement plus ou moins saine, a primé sur la gestion des affaires. Résultat : l’hameçon tendu par le nouveau PM et le RPM est resté vide ; car, le gibier n’a pas mordu à l’appât. Du coup, l’équipe constituée conserve sa coloration politique et c’est l’opposition qui s’en sort haut les mains parce qu’elle conserve encore ses chances de survie, nécessaires pour 2018. Cette fois-ci, « bravo Soumi ! »
Katito WADADA
Source: LE COMBAT