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Macky Sall retiré au Maroc pourrait être menacé de poursuites

Un collectif de victimes des conditions de la répression pendant la Présidence de Macky Sall a vu le jour au Sénégal et appelle les nouvelles autorités à poursuivre l’ancien président en émettant un mandat d’arrêt international auprès des autorités du Maroc, le pays où vit désormais Macky Sall.

Une courte vidéo qui circule sur les réseaux sociaux montre le départ pour Marrakech de Macky Sall, le 2 avril, le jour même de l’investiture de son rival Bassirou Diomaye Faye. Le Maroc accueille officiellement l’ancien Président du Sénégal qui n’a pas souhaité rester un jour de plus dans son pays après son départ du pouvoir. Il habite avec sa famille dans une grande villa dont il est propriétaire.

 

Cette retraite tranquille au Maroc où Macky Sall vit désormais vient d’être troublée par la société civile sénégalaise traumatisée par la brutalité des forces de l’ordre toutes ces dernières années. Les familles des Sénégalais qui ont perdu la vie et celles des 650 autres qui ont été emprisonnées durant la répression des trois dernières années du régime réclament en effet justice. Et pressent les autorités judiciaires du pays d’émettre un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien président pour qu’il réponde de ses actes devant la justice.

 

Le président du Collectif, Babacar Seye estime que « Macky Sall ne peut pas être au-dessus de la loi » et qu’il doit être extradé pour être jugé. L’ancien président avait pourtant pris soin de faire voter une loi d’amnistie générale. Celle-ci, adoptée dans les derniers jours de sa présidence, amnistie tous les crimes commis dans le cadre des manifestations qui ont eu lieu de février 2021 à 2024.

 

Mais en dépit de cette précaution, Makhou Mandela estime qu’il est possible d’examiner cette période devant la justice. Directement concerné par cette tragédie, il avait vu sa femme arrêtée en 2023 alors qu’elle était enceinte de sept mois et sait donc ce que ressentent les familles des 86 personnes tuées durant cette période.

 

Plus de 10.000 signatures 

 

Pour lui, laisser Macky Sall couler des jours heureux au Maroc « c’est donner une mauvaise jurisprudence à ceux qui dirigent ce pays ! Il y a des familles déchirées à jamais, des disparus, il faut que justice se fasse ! C’est une obligation pour les générations futures », assure-t-il passablement énervé. Pour faire pression sur le nouveau régime, un peu plus de 12.650 personnes ont déjà signé une pétition demandant l’extradition de Macky Sall. Le collectif a aussi demandé à rencontrer le président Bassirou Diomaye Faye pour exposer ses attentes et réclamer des réparations à l’Etat.

 

Les deux têtes de l’Exécutif connaissent d’ailleurs bien cette répression du régime de Macky Sall puisqu’elles n’avaient pas été épargnées. Le nouveau Premier ministre, Ousmane Sonko a en effet été harcelé pendant des années et son alter ego, Diomaye Faye, l’a rejoint en prison où il purgeait une peine de deux ans pour « appels à l’insurrection et complot contre l’Etat » en juin 2023. Les deux hommes ne sont d’ailleurs sortis de prison qu’à dix jours de l’élection présidentielle. Conséquence, la tension était perceptible entre le président et ses deux anciens geôliers le jour de leur rencontre à trois avant la cérémonie solennelle de passation de pouvoirs. Autre signe des temps, dès la fin de la passation, l’ancien président a directement rejoint l’aéroport de Dakar pour rallier le Maroc avec sa famille, certainement persuadé de laisser derrière lui un pays qui a « connu des dérives sécuritaires, politiques, économiques et sociales sans précédent, avec des vagues d’arrestations, des morts et des disparitions dans des proportions inégalées », accuse Boubacar Seye.

Des poursuites sans risque politique ?

La revendication du collectif tombe d’ailleurs à pic puisque des assises du dialogue national ont eu lieu au Sénégal où elles se sont achevées par la remise d’un rapport contenant une dizaine de mesures phares, dont celle appelant à la mise en place d’une Cour constitutionnelle plus autonome et ouverte à d’autres profils contrairement aux magistrats du Conseil constitutionnel actuels exclusivement nommés par le président de la République.

 

Les assises préconisent également la limitation des fonctions du procureur qui bénéficie de « beaucoup de pouvoirs et par moment des pouvoirs qui sont même illégaux », a fait savoir le dialogue national sur la justice qui, selon son rapporteur. Avec cette nouvelle architecture, le Sénégal pourrait alors juger l’ancien président, sans interférence du Maroc et de la France à qui les victimes demandent, à toutes fins utiles, de ne pas s’ingérer dans ce bras de fer intra-muros.

 

Une telle démarche n’est pas sans risque pour l’image du nouveau président qui a donné l’impression de vouloir s’intégrer sans heurts dans la vie diplomatique internationale et régionale en rendant visite en priorité aux chefs d’état mauritanien et ivoirien..

 

Source : Mondafrique

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