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Lutte phytosanitaire au Mali : protéger les récoltes, préserver l’économie

Face aux ravageurs menaçant les cultures, le Mali déploie des mesures proactives pour protéger son agriculture, essentielle à l’économie et à la sécurité alimentaire. 

FILE – In this Friday, Jan. 24, 2020 file photo, a farmer’s daughter waves her shawl in the air to try to chase away swarms of desert locusts from her crops, in Katitika village, Kitui county, Kenya. A supercomputer is boosting efforts in East Africa to control a locust outbreak that raises what the U.N. food agency calls “an unprecedented threat” to the region’s food security. (AP Photo/Ben Curtis, File)

La campagne agricole 2024-2025 au Mali, marquée par des défis phytosanitaires multiples, révèle l’impact croissant des ravageurs sur les cultures. Le récent rapport du ministre de l’Agriculture au Conseil des ministres met en lumière les dommages causés par des parasites comme les criquets arboricoles, la chenille légionnaire d’automne et les jassides, tout en proposant des solutions pour atténuer les effets sur les productions agricoles.

Des ravageurs omniprésents, un impact économique alarmant

Les criquets arboricoles, particulièrement actifs dans les Régions de Kayes, Ségou, Tombouctou, Kita, Nara et Nioro, ont provoqué des dégâts significatifs sur les arbres fruitiers et les cultures maraîchères. Ces cultures, essentielles pour les revenus des exploitants locaux et l’approvisionnement des marchés, subissent ainsi une pression croissante qui pourrait affecter l’économie rurale et la sécurité alimentaire.

En parallèle, la chenille légionnaire d’automne a envahi les champs de maïs, mil et sorgho dans des zones stratégiques comme Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti, et Gao. Ces céréales, qui constituent la base de l’alimentation au Mali, sont directement menacées par ces infestations. À cela s’ajoutent d’autres nuisibles, dont les attaques répétées compromettent davantage la stabilité des rendements agricoles.

Dans un contexte économique où l’agriculture représente une part essentielle du PIB malien, ces ravageurs posent un double défi : préserver la production pour éviter une inflation des prix alimentaires et maintenir les revenus des exploitants. La situation rappelle également la campagne cotonnière 2023-2024, marquée par une invasion précoce des jassides, qui avait suscité des inquiétudes dans toute la sous-région.

Une gestion réactive et des outils de lutte renforcés

Face à ces menaces, le ministère de l’Agriculture a présenté un bilan mixte. Si les criquets arboricoles et la chenille légionnaire continuent de poser des défis, la gestion des jassides sur le cotonnier a été saluée comme une réussite. Grâce à l’intervention de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) et au soutien des services techniques, les infestations ont été maîtrisées avec l’usage d’insecticides recommandés par le PR-Pica, un programme régional ouest-africain. Cette approche a permis de sauver une partie importante des récoltes cotonnières, essentielles pour les exportations et l’économie nationale.

Pour la campagne actuelle, des mesures proactives sont en place. Le ministère prévoit notamment :

– La surveillance accrue des cultures et des pâturages pour détecter rapidement les infestations.

– L’appui-conseil aux exploitants agricoles, afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques phytosanitaires.

– La formation des brigades villageoises phytosanitaires, une initiative clé pour doter les communautés locales des outils nécessaires pour lutter contre les ravageurs.

Ces actions témoignent d’une volonté de renforcer la résilience du secteur, mais elles nécessitent un financement conséquent et une coordination efficace pour garantir leur succès.

Une collaboration régionale pour faire face aux parasites

La lutte contre les ravageurs ne se limite pas au Mali. L’invasion des jassides en 2023-2024, qui a touché l’ensemble des pays de la région, a mis en lumière l’importance de la coopération régionale. Le réseau ouest-africain a souligné que les infestations ont été maîtrisées grâce à des approches harmonisées et des produits insecticides spécifiques. Cette coordination doit être poursuivie, voire intensifiée, pour faire face à des menaces qui dépassent les frontières nationales.

Dans ce contexte, le Mali pourrait renforcer ses partenariats avec des organisations régionales et internationales, comme la Cédéao et la FAO, pour partager des ressources et des connaissances. La mise en commun d’expertises et de financements permettra de mieux anticiper et gérer les crises phytosanitaires futures.

Perspectives pour une agriculture résiliente

Malgré les défis, le rapport ministériel laisse entrevoir des perspectives prometteuses pour le secteur agricole malien. La formation des brigades villageoises phytosanitaires et l’appui aux exploitants agricoles sont des initiatives structurantes qui, si elles sont bien exécutées, pourraient transformer les pratiques agricoles et limiter les impacts des ravageurs. De plus, le renforcement des capacités de surveillance, combiné à une coordination régionale accrue, pourrait offrir une réponse plus efficace aux crises phytosanitaires.

Cette situation souligne la nécessité pour le gouvernement malien de diversifier ses investissements agricoles. Promouvoir des variétés résistantes aux ravageurs, renforcer la recherche agronomique et développer des infrastructures d’irrigation sont autant de pistes pour améliorer la résilience du secteur face aux aléas climatiques et biologiques.

Une agriculture en quête de durabilité

La campagne agricole 2024-2025 met en lumière les défis complexes auxquels fait face le Mali dans le secteur agricole. Entre les dégâts causés par les ravageurs et les efforts pour renforcer la résilience, le chemin vers une agriculture durable reste semé d’embûches.

Cependant, les actions en cours montrent une volonté claire de relever ces défis. En combinant initiatives locales, partenariats régionaux et investissements stratégiques, le Mali peut espérer transformer son agriculture en un pilier solide de son développement économique et social.

Oumarou Fomba 

Source : Sahel Tribune

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