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Lutte contre le terrorisme : Quand le Mali devient coupable d’être victime

Une image d’Epinal voudrait que le Mali soit le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Qu’en est-il en réalité, qui vit du terrorisme au Mali ? Telle est la question angoissante de ce début de 2016. Pour répondre à cette question et définir les stratégies pour résoudre le problème, notre peuple doit totalement changer de perspective au cours de cette année 2016 en imaginant d’autres voies de sortie de crise.

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Depuis 2005, le Mali, sous Amadou Toumani Touré, a demandé à la communauté internationale, aux Etats de l’espace Sahélo- Saharien, la mutualisation des efforts pour faire face à l’hydre du terrorisme.

A l’époque, confronté à la bande de Iyad Ag Ghali, Bahanga et autres Fagaga, d’aucuns ont pensé qu’en réalité notre pays était à la recherche d’un appui régional contre la rébellion touarègue. La menace terroriste a été évacuée d’un revers de mains, et l’hydre islamiste en lien avec les groupes qui alimentent la rébellion a eu tout le temps de s’incruster dans nos structures sociales et politiques.

Pendant ce temps, des hommes politiques uniquement aminés par leur soif du pouvoir ont instrumentalisé la société, discrédité le pouvoir politique, voire la classe politique, pour ensuite infiltrer l’appareil militaire. On connait la suite et ses conséquences sur le pays. Le Mali est cassé, le pouvoir politique en place évolue entre impasse et impuissance,

la classe politique, toutes tendances confondues, est exclue de fait de la solution des problèmes du pays qu’on vend par tranche sous nos yeux.

En vérité, pour cette année 2016, ce pouvoir ne dégage aucun souffle présageant un avenir serein pour notre pays.

Les quatre plaies d’IBK

Les quatre plaies qui minent le Mali d’IBK s’appellent : la corruption, l’inefficacité de l’administration, le mensonge d’Etat, l’inertie et l’immobilisme à la tête du pays. Sur ce dernier point, la stratégie du pourrissement organisée par le pouvoir au-delà du fait qu’elle sert d’autres desseins, met également et surtout, toute la nation en danger.

C’est le cas de l’infiltration des terroristes au Mali, phénomène face auquel le pouvoir garde un silence coupable.

Dans l’analyse des infiltrations des terroristes au Mali, et pour y trouver une solution, notre pays se doit de rompre avec le silence et surtout mettre fin à sa diplomatie parasitaire.

La diplomatie malienne sur le Nord et ses problèmes est d’une médiocrité désarmante. 

Elle se contente dans une manipulation du sentiment nationaliste des Maliens, de rendre responsables de nos incapacités et de nos insuffisances les autres nations ou la communauté internationale (dont certaines postures ne sont certes pas exemptes de critiques, mais qui n’a pas vocation à prendre certaines initiatives à notre place).

En se comportant de cette façon, le régime rend peu crédibles nos positions auprès de la communauté internationale qui nous suit de près et qui sait à quel point nous sommes intrinsèquement faibles ; faibles de notre manque de sérieux dans la gestion des ressources publiques, faibles dans nos initiatives, voire manque d’initiatives, faibles dans nos rapports sociaux etc.

En somme, la gestion actuelle du pays rend peu lisibles et peu intelligibles dans l’opinion nation et internationale, les véritables responsabilités des autres dans l’entretien de la crise chez nous.

Le fait que la transplantation des éléments terroristes dans notre pays, procède de l’entretien d’un voisinage hostile est parfaitement occulté par notre diplomatie. Au contraire, notre nation, sa culture, sa société ses cadres et sa classe politique sont littéralement voués aux gémonies sur la base des idées reçues.

Il est aisé de constater que le régime d’IBK manque de prendre ses responsabilités en matière de sécurité et de défense du territoire. Pire, il entretient avec ses calculs politiciens, une mauvaise perception de l’environnement régional et encourage le clivage des acteurs des organisations musulmanes.

Une idée reçue voudrait que notre pays soit le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.

Tel pays est allé jusqu’à ouvrir un couloir pour drainer sur notre territoire des éléments non recyclés de sa guerre civile, tel autre pays, après avoir signé un pacte de non-agression avec les groupes terroristes, a pu mettre sa diplomatie religieuse au service de l’implantation de ces éléments et surtout à leur enracinement local au moyen de mariages sous le couvert du soutien à la rébellion touarègue. Le tout avec des complicités locales bien établie, dans la classe politique ainsi que dans la société civile religieuse.

Le prétexte intérieur étant l’opposition au pouvoir du président Amadou Toumani Touré. Cette lutte contre ATT était en fait celle contre le Mali, son unité, son intégrité territoriale et sa République.

L’objectif atteint, ceux qui ont organisé ce front intérieur se retrouvent au pouvoir, ils tentent à nouveau d’organiser l’oubli sur leurs arguments, parasitent les atouts du Mali et confient la destinée de notre pays à ceux par lesquels la déstabilisation est venue.

Aujourd’hui, on continue de répéter que le Mali est infesté par la crise libyenne. Qu’en est-il vraiment ?

L’argument le plus facile est que la situation de la Libye a impacté et continue d’impacter sur l’infiltration des terroristes au Mali. Il s’agit là d’une véritable image d’Epinal qu’il faut confronter avec le contexte géostratégique de la région sahélo-saharien pour mieux armer le peuple malien.

Contrairement à notre diplomatie qui subit et qui reste dans une posture de suivisme et de narcissisme au sommet de l’Etat, une diplomatie d’acquiescement, il faut expliquer au peuple que le Mali n’est qu’une victime, il est agressé.

Le Mali n’a pas de frontière avec la Libye 

N’ayant pas de frontière avec la Libye, pourquoi et comment le Mali devient donc le seul réceptacle des terroristes venus de la Libye ? Pourquoi et comment ces derniers une fois traqué trouvent aussi facilement refuge en Libye? Pourquoi et comment veut-on aujourd’hui repeupler le nord du Mali avec des réfugiés venus de la Syrie ?

Il y a-t-il une filière d’importation ou d’exportation du terrorisme au Mali, comme il en a été le cas pour la rébellion touarègue en 2012 ?

Pour sûr, les éléments terroristes censés venir de ce pays traversent bien d’autres, avant d’arriver au Mali. Pour s’y rendre, il faut à celui qui entreprend le voyage pour la Libye, passer par au moins deux autre pays qui ont frontière avec le Mali : l’Algérie et le Niger.

Par l’Algérie, le trajet le plus court vaudra au voyageur de parcourir au moins 800 km en traversant ce pays. On peut supposer que ce pays qui est la première puissance militaire dans l’espace sahélo-saharien pourrait constituer un verrou infranchissable entre le Mali et la Libye. Est-ce vraiment le cas, quand on sait que les rebelles du MNLA sont passés par ce pays pour envahir le Mali ?

A la fin des années 1990, ce pays avait déjà déporté les débris du GSPC dans le nord de notre pays devenu un « no man’s land » par les effets pervers de la gestion du Pacte national.

Pour le Niger, plus de 1000 km. Ce pays est de toute évidence notre voisin le plus propre et le plus sincère dans la lutte contre la déstabilisation dont le Mali a été victime. Non seulement les éléments en provenance de la Libye qui sont passés par ce pays ont été désarmés, mais ils n’ont pas pris les armes contre leur pays.

Il reste le cas de la Mauritanie. En dépit du fait que ce pays n’ait pas de frontière avec la Libye, il est depuis plus de deux décennies soumis aux influences de déstabilisation islamistes de tous les pays du Maghreb pour deux à trois raisons fondamentales.

La faible densité de population du pays, 1 03O OOOkm2 pour une population de moins de 3 millions de personnes dont les 2/3 se trouvent à la frontière avec le Mali et le Sénégal; l’option république islamique du pays à coup de arabisation forcée a entrainé la représentation de tous les courants panarabismes extrémistes dans ce pays (baassistes, nassériens entre autres).

Il s’y ajoute que la Mauritanie est le seul pays voisin du Mali où le président de la République s’est officiellement déclaré favorable à l’autonomie du nord du Mali au plus fort de la crise de la rébellion. Ce pays a accueilli et hébergé, toutes les tendances de la rébellion arabo-touareg entre 2012 et 2016.

Pour finir autant que le Mali sinon plus, l’économie de la drogue y a pignon sur rue depuis au moins deux décennies.

La Mauritanie est un pays fournisseur net de la main-d’œuvre terroriste à tous les groupes ou khatibas, l’essentiel des groupe qui écument dans l’espace sahélo-saharien sont fournis, en exécutants, par la Mauritanie et essentiellement les noirs de la communauté harratines, réduits en esclavage ou marginalisés.

Dans ce pays, la pauvreté est essentiellement noire. Les dirigeants actuels de la Mauritanie sont d’un laxisme déconcertant avec les terroristes d’origine malienne.

Récemment, de nombreux terroristes détenus en Mauritanie ont été libérés. Le plus connu est Sanda Ould Boumama, ancien porte-parole d’Aqmi dans la ville de Tombouctou, reste dans la nature. Nouakchott qui a unilatéralement pris cette décision reproche à Bamako le peu d’engagement à mettre en route les procédures idoines en la matière.

Quand même IBK et son gouvernement sont restés de marbre face à ces accusations, les terroristes en question continuent de courir et le « règne du devoir de mentir» en œuvre dans le pays, cherche laborieusement à s’incruster dans tous les rouages de la société.

Le Mali reste la seule victime constamment montrée du doigt comme le coupable. Au grand dam d’une diplomatie parasitaire, sans âme.

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur

Source: L’Aube

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