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Lutte contre la corruption: le président de la Cour Suprême sur le banc des accusés

Sous l’impulsion de son président, le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), a initié, le vendredi 15 mars, à son siège, une conférence-débat, sur le thème : « Le rôle du secteur privé dans la lutte contre la corruption ». Du haut de cette tribune, le président du patronat malien, Mamadou Sinsy COULIBALY, a nommément indexé le président de la Cour suprême du Mali, Nouhoum TAPILY, comme étant « le plus grand danger de la république pour avoir racketté des entreprises, entretenir la corruption… ».

La conférence-débat animée par le Pr Clément DEMBELE a mobilisé un parterre d’opérateurs économiques, des investisseurs, de promoteurs d’entreprises, des partenaires techniques et financiers, des structures de contrôle et de vérification, etc.

Élu à la tête du patronat malien en 2015, le président Mamadou Sinsy COULIBALY dit inscrire ses actions dans la lutte contre la corruption.

Devant ces acteurs et responsables, Mamadou Sinsy COULIBALY, sans équivoque, a exprimé son indignation quant aux résultats du combat démocratique après deux décennies de pratique. La preuve : L’espoir et l’espérance d’un Mali juste et équitable ont été galvaudés, a déclaré M. COULIBALY, promoteur ou actionnaire de plusieurs entreprises.

Le richissime Malien a illustré ces faits par le désespoir des Maliens, le taux très élevé du chômage, l’immigration en grande masse de la population juvénile, l’indignation de la majorité de la population.

« Après 28 ans, ce sont des millions de Maliens qui vivent dans l’ignorance totale, la misère et la famine, la maladie, l’insécurité et l’injustice, juste parce que quelques individus véreux détournent et s’accaparent de ce qui appartient à tout le peuple », a déploré le chef du secteur privé malien.

Aussi, poursuit-il, à cause de cette situation, 1/3 des Maliens ne mangent toujours pas 3 fois par jour, a-t-il regretté. Très désemparé par la pratique, il promet de mener, sans répit, le combat contre la corruption. Donc, pas question, selon lui, de fermer les yeux sur cette pratique pour être complice de la situation.

« Quand on se tait face à l’injustice et à la corruption, on est complice du crime contre l’entreprise, l’économie, le développement dans toute sa forme », a déclaré le président du CNPM.

Pour lever toute équivoque, il a signalé que ce combat n’est pas une lutte personnelle, mais celle du développement du pays et de l’épanouissement du secteur privé. C’est également, a-t-il ajouté, un combat contre l’injustice, la pauvreté, la délinquance, l’insécurité, les maladies, les misères…

« Si nous voulons une vraie politique de développement, luttons contre la corruption, si nous voulons la paix, luttons contre la corruption, si nous voulons une Nation libre et un système équilibré, luttons contre les magouilles et les rackets », préconise-t-il, d’un ton de fermeté.

Exprimant sa volonté et son engagement à mener le combat contre la corruption ruinant les entreprises, ce jour, il a franchi un pas avec la dénonciation d’un des hauts cadres sur sa liste des agents corrompus.

« Je vais commencer par le 1er nom des fonctionnaires le plus corrompu, le plus dangereux. Un meurtrier reconnu de tous, un arnaqueur notoire, un racketeur qui a racketté nos entreprises. Un individu infâme. Il ne sait pas ce que c’est la vertu, l’honneur et la dignité. C’est le président de la Cour suprême, M. Nouhoum TAPILY. C’est le plus grand danger de la république. On va lui demander de partir de lui-même. S’il ne le fait pas, on a les moyens de le faire », a-t-il affirmé. Quelques semaines plutôt, il avait informé le Premier ministre qu’il disposait d’une liste de plus de 1000 agents de l’Etat qui imposent la corruption à des entreprises. Et de préciser que 3 % seulement des agents maliens ne sont pas concernés.

De son côté, le conférencier, dans son exposé, a indiqué que la corruption était à tout niveau, au Mali.

Certaines des valeurs du pays comme le ‘’synagouya’’ et la gérontocratie ont été détournées de leur substance pour encourager cette pratique, se désole-t-il. Avant d’indiquer que c’est tout un système qui est mis en place pour faire la promotion de la corruption.

« Plus on vole au Mali, plus on a la promotion. Moins on vole, moins on est considéré », a regretté le conférencier DEMBELE.

Pays très pauvre, le Mali a l’un des indices de corruption les plus élevés au monde, a-t-il déploré. Selon plusieurs rapports, plus de 200 milliards FCFA ont été détournés par la corruption au Mali et expliqueraient le mauvais classement du pays en matière de bonne gouvernance. Et, c’est seulement 3 % des agents de l’administration publique qui ne sont pas corrompus au Mali, a affirmé Clément DEMBELE.

En 2016, selon une enquête, 43,9 % des entreprises ont estimé que pour mener à bien leurs activités, il faut faire des cadeaux à des fonctionnaires, a rapporté le conférencier.

La même enquête soutient que 33,7 % des entreprises avaient fait au moins une demande de pot-de-vin en dessus de la moyenne de 22,2 % en Afrique.

De même, 70,6 % des entreprises considéraient la corruption comme un obstacle majeur à la conduite des affaires.

« Vous donnez pour corrompre ou vous cessez d’exister. C’est la nouvelle loi du marché au Mali », a fait savoir le conférencier.

Si la tendance de cette corruption se maintenait d’ici quelques années, souligne-t-il, elle obligerait un très grand nombre d’entreprises privées à mettre la clé sous les paillassons.

« D’ici à 2025, 37 % des entreprises estiment qu’à cause de la corruption qu’elles vont fermer », prévient le conférencier.

Par Sikou BAH

Source: info-matin

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