La lutte contre la corruption et la délinquance financière tant de fois annoncée et jamais sans résultats à hauteur de souhait, est entrée dans un tournant décisif avec l’arrestation de quelques personnalités proches du pouvoir. Ce qui fait dire que cette lutte est différente de toutes les luttes engagées jusque-là.
L’arrestation de Bakary Togola, un proche du pouvoir, acteur principal de la dernière campagne présidentielle qui a vu la réélection du président IBK pour un second mandat, a résonné comme un cri de victoire pour ceux qui luttent contre la corruption et le délinquance financière. Soupçonné de détournement de fonds publics, Bakary Togola bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à son jugement par un juge qui devra décider si le magnat de l’agriculture reste dans les liens de la justice qui le condamnera ou s’il sera relâché pour être déclaré non coupable.
En attendant, cette arrestation continue de nourrir les débats entre Maliens et certains citoyens se mettent aussitôt à rêver d’une justice incorruptible qui ira jusqu’au bout de ce qu’elle a commencé.
Bakary Togola n’est pas le seul à être interpellé par la justice dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Plusieurs personnalités ont déjà été interpellées et certaines mises sous mandat de dépôt par le juge. Du coup, on imagine le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita intervenir pour protéger ses « proches ».
Mais, pourquoi interviendra-t-il pour stopper une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière qu’il a appelée de tous ses vœux depuis qu’il est arrivé comme président de la République et qu’il a comme projet de gouvernance pour avoir fait de cette lutte son cheval de bataille durant les campagnes présidentielles de 2013 et celles de 2018 ? Il n’interviendra pas et ne fera pas entrave au travail de la justice, croient savoir certains de ses proches.
Au contraire, cette lutte engagée contre la corruption et la délinquance financière constitue une revanche pour le président IBK. Entouré de beaucoup de personnes qui prétendent défendre son projet de gouvernance depuis 2013, le président IBK peine à faire aboutir ses réformes faute de soutien et d’engagement d’abord de la part de ceux qui disent qu’ils sont avec lui. Alors que ces mêmes gens continuent de s’enrichir sur le dos du contribuable.
La Majorité constituée de plus d’une soixantaine de partis politiques et de plusieurs organisations de la société civile, demeure amorphe et manque d’engagement. Du coup, le président IBK est seul à se démêler pour défendre ses projets pendant que ses supposés « soutiens » s’enrichissent illicitement sans mouiller le maillot pour lui. C’est l’une des raisons pour laquelle, le président IBK n’empêchera pas la justice de faire son travail. « Que chacun rende compte de ses actes ». Voilà ce qu’il a lâché pour toute question concerna son intercession en faveur de ses proches qui seraient menacés par le juge anticorruption.
On défend un « ami ». Mais, pour le moment, IBK n’a pas d’amis à défendre. Il a autour de lui, des parvenus ; des profiteurs et surtout des corrompus qui n’hésiteraient pas à le lâcher si le vent du destin venait à changer de direction. Alpha Oumar Konaré a été trahi par les siens ; tout comme Amadou Toumani Touré. Les mêmes qui se sont transformés en griots circonstanciels pour chanter les louanges du maitre du jour. Que ceux qui comptent sur le président IBK pour échapper aux filets de la justice, se détrompent. Il est lui-même l’initiateur de cette lutte implacable.
El Hadj Tiémoko Traoré
Source: Le Pouce