Le bureau exécutif de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a animé un meeting hier 20 août 2014 à la Bourse du Travail. L’objectif était de faire le point sur les trois jours de négociation avec le gouvernement. Sur place, le bureau national a vivement déploré le comportement du gouvernement et a appelé ses camarades à observer la grève prévue dès ce matin sur tout le territoire national.

Visiblement, l’heure n’est plus au dialogue, mais à l’acte et les syndicalistes n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin. Sortis nombreux, malgré la pluie et la fatigue qui se lisait sur les visages, les travailleurs n’ont pas voulu rater cette rencontre. ‘’Nous avions opté pour le dialogue, malheureusement l’adversaire (Gouvernement) a essayé de nous faire revenir sur la convention de 2011 que nous estimons non négociable. Nous n’avons pas accepté cela. Par respect, nous avons tout simplement demandé un nouveau chronogramme pour la mise en œuvre effective de cette convention. Nous voulons aussi un relèvement de 20% des allocutions familiales, mais le gouvernement n’a pu non plus nous garantir cela.’’, a déclaré Yacouba Katilé, Secrétaire Général de l’UNTM.

Selon lui, les 12 points prononcés par le ministre de la Fonction Publique comme des acquis sont loin d’être une réalité. ‘’Ils sont en train de nous dire qu’il y a crise au Mali, est-ce que le problème de la Casamance a empêché le Sénégal de gérer le problème de ses travailleurs ? Donc la crise au Mali n’est pas du tout une raison’’, a-t-il martelé.

Pour le Rapporteur de Commission de Revendication de l’UNTM, Aguibou Bouaré, il faut apporter des rectificatifs aux ‘’ mensonges’’ qui ont été entendus hier soir à la télé. ‘’Tous ceux qui ont suivi cette déclaration à la télé, se sont rendus compte que le ministre pataugeait. Le ministre passait du coq à l’âne, il ne savait pas quoi dire. Tout au long des trois jours de négociations, on a eu en face des ministres fébriles, des ministres qui ne maîtrisent même pas les dossiers, qui faisaient des va-et-vient entre leurs conseillers et d’autres ministres. Il y avait des incohérences dans le rang gouvernemental. L’un des  ministres dit qu’on est d’accord, l’autre dit non on n’est pas d’accord. Ça veut dire ce que ça veut dire’’, a-t-il déclaré.

Laisser de côté les colorations syndicales et réussir ce défi !

Selon lui, il n’y a pas eu accord sur les points essentiels. ‘’Ils nous ont dit qu’on  est dans un pays où il y a la crise. Mais quel est le ministre qui a dit qu’il  renonce à ses avantages parce qu’il y a la crise ? Quel est le Président d’une institution qui a dit qu’il  renonce à ses avantages parce qu’il y a la crise ? Et pourtant, on a vu en Egypte, le Président Al Sissi qui a renoncé à la moitié de son salaire pour son peuple. Avec un dirigeant comme lui, quand il demande un sacrifice, le peuple ne peut que suivre’’, a-t-il avancé

Pour M. Bouaré, le gouvernement fait de la diversion et essaie d’embobiner le peuple et l’’enseignement important à tirer de ça, c’est que si cette grève échoue, ç’en est fini pour le contre-pouvoir dans notre pays, les autorités vont marcher sur les gens et d’autres mesures vont suivre. ‘’En réalité, c’est un ballon d’essai qu’ils sont en train de faire, dès que ça passe, ça veut dire qu’il aura plus de résistance et ils vont piétiner tout le monde. Il faut que les travailleurs aient cela en tête, ce n’est pas une histoire de centrale syndicale, ni de syndicat différent. C’est une histoire de masse laborieuse. C’est une défense des intérêts des Maliens. Il faut laisser de côté les colorations syndicales et réussir ce défi. Si on marche sur l’UNTM, ça veut dire qu’on va marcher sur tous les Maliens et il ne se passera rien’’, a-t-il conclu.

Ousmane Ballo et Modibo Ouologuem, Stagiaire

SOURCE: Le Challenger