Fruit de deux mois d’âpres négociations sous l’égide du secrétaire général des Nations unies, l’accord est censé permettre l’exportation de 25 millions de tonnes de céréales à partir de trois ports ukrainiens.
L’Ukraine et la Russie ont signé, ce vendredi 22 juillet, deux accords séparés avec la Turquie et les Nations unies sur l’exportation des céréales bloquée depuis des mois dans les ports ukrainiens de la mer Noire, qui pourraient éviter une grave crise alimentaire mondiale.
Kiev et Moscou ont signé deux textes identiques, mais séparés après le refus de l’Ukraine de signer tout document directement avec la Russie.
La cérémonie de signature s’est déroulée dans la capitale turque Istanbul, en présence du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, du président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que des ministres turc et russe de la Défense et du ministre ukrainien des Infrastructures.
Fruit de deux mois d’âpres négociations sous l’égide d’Antonio Guterres, l’accord est censé permettre l’exportation de 25 millions de tonnes de céréales à partir de trois ports ukrainiens (Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk), jusqu’ici bloqués par les forces navales russes.
En contrepartie de l’autorisation des exportations des céréales ukrainiennes, la Russie a obtenu la garantie que les sanctions occidentales ne s’appliqueront pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d’engrais.
« Même si les produits (agricoles) russes ne sont pas concernés par les sanctions, il y a des blocages concernant le transport maritime, les assurances et le système bancaire », a expliqué le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Les Etats-Unis se sont en outre, engagés à fournir à la Russie des navires de gros tonnage pour faciliter l’exportation de ses céréales et de ses engrais, étant donné que les compagnies maritimes internationales qui possèdent ce genre de bateaux refusent d’accoster dans les ports russes en raison des sanctions internationales.
Couloirs maritimes sécurisés
D’une durée de quatre mois renouvelables, l’accord prévoit notamment la mise en place de « couloirs maritimes sécurisés et exempts de toute activité militaire », pour permettre la circulation des navires marchands en mer Noire. Les inspections des navires visant à s’assurer qu’ils ne délivreront pas simultanément des armes à l’Ukraine, ce qui constituait une exigence de Moscou, devraient avoir lieu dans les ports turcs.
Selon les termes de l’accord, un centre de coordination conjoint (CCC) doit être mis en place dès ce week-end à Istanbul avec des représentants de toutes les parties impliquées et des Nations unies.
Les Etats-Unis avaient salué jeudi l’accord et prévenu qu’ils tenaient « la Russie pour responsable de (sa) mise en œuvre », tandis que l’Union européenne (UE) a évoqué « un pas dans la bonne direction ».
L’Ukraine et la Russie représentent ensemble plus de 30% des exportations mondiales de blé. Les deux pays sont aussi des exportateurs majeurs de maïs, de colza et d’huile de tournesol.
Par ailleurs, la Russie est un acteur de premier plan sur le marché des engrais. Selon la banque néerlandaise Rabobank, elle contribue bon an, mal an à hauteur de 20 % aux exportations des engrais azotés à l’échelle mondiale. Avec son allié et voisin biélorusse, actuellement sous sanctions, la Russie représente aussi 40 % des exportations mondiales de potassium.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 47 millions de personnes supplémentaires sont exposées à « une faim aiguë » depuis le début de la guerre, notamment en Afrique où une vingtaine de pays dépendent à hauteur de 50% ou plus du blé russe et ukrainien.
Source : Agence Ecofin