La semaine dernière, s’est déroulée la rentrée littéraire. C’est une occasion de découvrir de nouveaux écrivains et de nouveaux livres. Mais elle peut aussi être celle de redécouvrir les anciens. Jigintan ou les ruchers de la capitale est l’un de ces livres qui méritent d’être relus.
Ce roman est publié en 1982, en pleine dictature de Moussa Traore. Devenu un classique de la littérature malienne, il relate l’histoire de Jigintan, une banlieue d’une ville africaine où viennent s’établir tous les pauvres venus de tous les coins du pays.
Tous les gens méprisés ou considérés comme le mal de la société y vivent : les voleurs, les prostituées, mais aussi les ouvriers, les « boys », les chômeurs, etc. Mais arrivera un moment où les autorités décident de « nettoyer » la ville en obligeant tous ces « misérables » à quitter Jigintan.
Pauvres de tous les pays, unissez-vous !
Le message politique du livre pourrait se résumer dans cette réflexion où le bûcheron, Amara, disait à la prostituée (ou la « piting ») Malado : « Mon fils ou le tien, nos fils ne seront respectés que si nous les envoyons à l’école. Dans ce pays seulement vingt personnes, sur cent alignées, ont fréquenté l’école. Mais ces vingt personnes oublient que l’âme de ce pays habite dans les maisons des pauvres, de tous les gens pauvres. Ils oublient qu’il y a seulement cent ans, nous en étions tous au même point. Maintenant il y a des gens propres, des gens sales. Si nous comprenons notre situation, nous pouvons faire de ce pays une immense forêt d’herbes folles. Alors, les autres comprendront que nous comptons et qu’il faut bien nous respecter pour que ce pays devienne une clairière agréable à regarder. »
C’est un message qui rappelle aux dirigeants qu’ils doivent écouter tout le monde, même ceux qui sont considérés comme des « moins-que-rien ».
Les femmes à l’honneur
Quand le pouvoir décide d’expulser les gens « sales » de Jigintan, les hommes ont peur d’affronter les militaires et les policiers, qui menacent de les tuer ou de les envoyer en prison s’ils résistent. Ce sont les femmes qui « porteront les pantalons » et organiseront la résistance sous le leadership de la brave Coumba. Le message est clair : les femmes peuvent réussir là où les hommes échouent. C’est un message qui peut encourager plus de femmes à s’engager dans les affaires de la cité.
Jigintan ou Les ruchers de la capitale est plus actuel que jamais. Publié à l’origine aux éditions L’Harmattan, le livre a été réédité en 2016 et est disponible aux éditions La Sahélienne.
Source: benbere