Les 217 cheminots dont la plupart sont aujourd’hui retraités ou déflatés ne savent à quel saint se vouer depuis le 21 janvier 2013. A cette date, un contingent de policiers, conduit par l’adjudant Soumaïla Diakité dit Major, est venu démolir leurs logements à Samaya, sur instruction, selon le policier du capitaine général Amadou Haya Sanogo et du capitaine Amadou Konaré. Cette démolition fait suite à un litige foncier autour du TF n°1637 de 10 hectares à Samanko. La parcelle avait été achetée, le 28 juin 2000, par les cheminots à Mme Aline Lydie Sangaré à 30 millions de FCFA et morcelée. Plus de 10 ans après, une association issue de la promotion 1976 de la police est venue réclamer la même parcelle au motif qu’elle avait une promesse de vente sur la même parcelle au prix de 10 millions de FCFA.
L’arrestation et l’inculpation de Sanogo et autres qui ont régné sur Kati a été un grand ouf de soulagement pour les membres de la section syndicale des cheminots bénéficiaires de parcelles à Samaya. En effet, depuis le 21 janvier leurs logements ont été démolis et ils ne savaient pas à quelles autorités s’adresser de peur de représailles des policiers soutenus par les militaires de Kati. De quoi s’agit-il.
La Section Syndicale des cheminots, dans sa quête de parcelle d’habitation pour le personnel, est entrée en négociation avec Me Céline Camara notaire à Bamako, sur le Titre foncier n°1637 appartenant à Mme Aline Lydie Sangaré domiciliée au Badialan.
Une réquisition du service des domaines de Kati en date du 9 juin 2000 conclura qu’aucune réclamation n’était retenue contre le TF 1637. C’est ainsi que le 28 juin 2000 la vente entre Mme Aline Lydie et la section syndicale des cheminots fut conclue par acte notarié après le versement de 30 millions de FCFA.
Le 4 juillet 2000 le TF 1637 fut transféré au nom de la section syndicale des cheminots représentée par Namory Camara, leur Secrétaire général au moment des faits. Le 6 août 2001, le ministre de l’équipement, de l’aménagement du territoire de l’environnement et de l’urbanisme d’alors, M. Soumaïla Cissé, a accordé l’autorisation de morcellement par la lettre N°000907. Les travaux ont été ainsi exécutés et les lots repartis entre 217 cheminots.
Le 3 février 2003, des agents de police membres de l’amicale dignité et continuité (AMIDICO) se sont rendus sur le TF en question en se disant propriétaires des parcelles. Ils ont tenté d’enlever les bornes. La gendarmerie du Camp I fut saisie pour enquête. Depuis ce moment et malgré les résultats des différents jugements qui ont attesté l’appartenance de la parcelle aux cheminots, l’AMIDICO n’a cessé d’user de tous les moyens légaux et illégaux pour se rendre propriétaire de ladite parcelle. Elle attaqua alors les services techniques de l’Etat. Ainsi le 4 juillet 2011 le tribunal administratif de Bamako dans son arrêt N°235 a ordonné le transfert du TF n°1637 au nom de l’AMIDICO sur la base de la validation d’une promesse de vente passée entre elle et Mme Aline Lydie Sangaré. Malgré que cette promesse si elle existe, n’a jamais été matérialisée, le transfert fut fait au nom de l’AMIDICO par le service des domaines de Kati le 4 juillet 2011. Par jugement n° 185 du 4 juin 2012, le tribunal de première instance de Kati a ordonné l’expulsion et la démolition des logements sur la dite parcelle.
Avant le jugement définitif, l’AMIDICO dirigée par Balla Kéïta procéda le 30 octobre 2012, à la démolition de 6 concessions avant que le ministre de la justice ne donne l’ordre d’arrêter l’opération.
Mais comme le pouvoir à Kati était plus fort que celui de Bamako à l’époque, le lundi 21 janvier 2013, l’AMIDICO est revenue à Samaya avec un contingent de policiers pour cette fois-ci démolir toutes les autres concessions au nombre de 24 et cela sur fond d’intimidation, de menace et de sévices sur certains occupants qui ont été séquestrés au commissariat de police de Sébénikoro. Cette démolition a été également constatée par l’huissier de justice Me Aliou Kéïta.
Selon, Lassana Togola, l’une des victimes de la démolition, l’adjudant Soumaïla Diakité dit Major qui a conduit l’opération a déclaré qu’il a reçu ordre du capitaine Konaré et du capitaine général Sanogo de démolir toutes les habitations se trouvant sur le TF en question. Conscient de la puissance des hommes de Kati à l’époque, les cheminots ont gardé profil bas de peur de représailles.
La section syndicale des cheminots était d’autant plus stupéfaite que l’AMIDICO jusqu’à la date d’aujourd’hui n’a versé aucun centime à la dame Aline Lydie par rapport à la soi-disante promesse de vente. Ils ne comprennent pas comment sur la base d’une promesse de vente jamais concrétisée, les policiers peuvent se rendre justice et démolir des maisons habitées. C’est pourquoi, les cheminots interpellent les plus hautes autorités pour qu’ils soient remis dans leur droit.
Youssouf CAMARA
SOURCE: L’Indépendant