Ce n’est pas encore gagné mais la participation des Iraniens est au cœur des derniers préparatifs de la conférence de Genève 2. Cette question cruciale divise toujours Russes et Américains. De leur côté, les responsables iraniens multiplient les contacts sur la scène internationale pour discuter de la Syrie.
« Genève 2 sera un échec sans la participation de l’Iran », prévient Hassan Rohani. Le président iranien dépêche son ministre des Affaires étrangères sur tous les fronts. Mohammad Javad Zarif était à Beyrouth lundi, Bagdad puis Amman ce mardi et doit s’envoler jeudi pour Moscou. Point commun de tous ses déplacements : la Syrie.
Durant ses séjours à l’étranger, le diplomate en chef iranien doit mener plusieurs discussions sur le conflit syrien. Montrer que la République islamique est en première ligne dans ce dossier. Moahmmad Javad Zarif devrait même effectuer prochainement une visite officielle à Damas.
Moscou un allié de taille
De part son influence régionale, sa proximité avec le régime syrien et sa relation avec le Hezbollah libanais – dont les combattants appuient les troupes de Bachar el-Assad -, l’Iran ne peut se permettre de rester en marge de toute l’agitation diplomatique concernant l’avenir de la Syrie.
Pour défendre cette participation à Genève 2, l’Iran peut compter sur un allié de taille. Sans détour, Moscou plaide la cause iranienne. « Il est très clair que l’Iran doit participer à la conférence », explique le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. Une position défendue également par Lakhdar Brahimi, l’envoyé spécial de la Ligue arabe et de l’ONU pour la Syrie.
Adhérer à Genève 1, la condition américaine
Côté américain, Washington affiche des réserves. Les Etats-Unis, principaux instigateurs de cette Conférence avec la Russie, ont toujours refusé d’inclure le pays des mollahs dans le processus de discussions sur la Syrie.
Toutefois, cette position pourrait évoluer. Ces derniers jours le pragmatisme semble l’avoir remporté au Département d’Etat. « La présence des Iraniens à Genève 2 est souhaitée », affirme et réaffirme le secrétaire d’Etat John Kerry, lors de deux conférences de presse tenues dimanche et lundi à Paris.
Néanmoins, le responsable américain fixe certaines conditions. « Les Iraniens seront les bienvenus à Genève 2 lorsqu’ils auront adhéré à Genève 1 ».
En d’autres termes, les Américains demandent aux Iraniens d’accepter le principe d’une transition politique en Syrie, comme cela a été décidé le 30 juin 2012, lors de la conférence de Genève 1. Une position partagée par le groupe des onze pays Amis de la Syrie (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, Jordanie, Egypte, Turquie).
Téhéran rejette les conditions américaines
La réaction iranienne n’a pas tardé. Dans la foulée des déclarations américaines sur la participation de l’Iran à Genève 2, Mohammad Javad Zarif affirme être disposé à se rendre en Suisse mais « sans conditions préalables ».
Pour le responsable iranien, la proposition américaine est injustifiée puisque son pays « défend déjà une solution politique dans le conflit syrien ».
Et en attendant que ces tergiversations entre Washington et Téhéran aboutissent à quelque chose, Genève 2 pourrait très bien ne pas se tenir. Les principaux concernés, les membres de la coalition de l’opposition syrienne ne confirment toujours pas leur participation.
Dimanche, les onze pays Amis de la Syrie réunis à Paris n’ont pas réussi à convaincre la coalition nationale syrienne de participer à la conférence de paix Genève 2.
rfi