Après le meeting du 10 février, le Chérif de Nioro, Mohamed Ould Cheicknè Hamaoula HAÏDARA dit Bouyé, vient de lancer un nouvel ultimatum au président de la République, Ibrahim Boubacat KEITA, l’invitant à se séparer de son Premier ministre au risque de faire face la colère de la communauté musulmane. C’est ce qui ressort du point de presse animé par son porte-parole, Ousmane SANOGO, ce mercredi 20 février 2019, à la Maison de la presse.
L’objectif de ce point de presse était de protester contre les propos de Soumeylou Boubeye MAÏGA, tenue lors de sa visite à Tombouctou en réaction à sa démission exigée par la communauté musulmane lors du meeting du 10 février 2019, à Bamako.
Au cours de ce point de presse aux allures de meeting, le porte-parole du Cheick Bouyé HAÏDARA a indiqué qu’il n’y a pas d’alternative au départ de l’actuellement Premier, si IBK veut la paix, la stabilité et la quiétude dans ce pays.
Au du meeting du 10 février, le Chérif avait adressé une demande au président de la république, l’invitant à démettre son Premier ministre actuel PM Soumeylou Boubeye MAÏGA, accusé, à tort ou à raison, de comploter contre l’islam et la Houma islamique. Selon lui, le départ du PM est une demande émanant du peuple. D’ailleurs, c’est la seule solution pour éviter un soulèvement populaire dans notre pays, a-t-il déclaré.
« Aujourd’hui, nous les jeunes musulmans, avons décidé de se retrouver pour décider de la suite à donner à cette provocation », a lancé l’un des conférenciers.
Selon le conférencier, Ousmane SANOGO, beaucoup de gens s’étonnent de voir Bouyé, en tant que leader religieux, s’impliquer dans la politique. De son avis, y a eu une succession de faits assimilables à des agressions contre l’islam qui ont obligé le Chérif à s’impliquer dans la gestion politique de l’État. Tout est partir, dit-il, de l’affaire de la révision du Code de la famille qui a heurté les sensibilités coutumières et religieuses. Après la grande mobilisation des musulmans, le projet de loi a été retiré. On pensait que c’était fini. Mais hélas, poursuit-il.
A cela s’ajoute, la récente polémique autour du manuel scolaire sur l’éducation sexuelle complète qui fait allusion à l’homosexualité. Dans un pays à 95 % musulman, comment voulez-vous comprendre que ces derniers s’écartent des choix des dirigeants, s’est interrogé le conférencier ? Selon son porte-parole, Bouyé n’a jamais fait recours à un homme politique pour quelle que raison que ce soit. Au contraire, ce sont les hommes politiques qui vont toujours le trouver chez lui à Nioro.
En tout cas, pour son porte-parole, cette mobilisation du Chérif de Nioro ne vise nullement pas un poste politique, mais la défense de la religion d’Allah. D’ailleurs, dit-il, le Chérif Bouyé n’a besoin d’être ni président encore moins Premier ministre.
S’agissant de ses relations avec le président de la république, le conférencier a rappelé qu’IBK avait été choisi par le Chérif en 2013 pour barrer la route à tous ceux qui étaient impliqués, de près ou de loin, l’adoption du Code de la famille. C’est pourquoi la consigne avait été donnée à tout le monde de voter pour IBK pour que le pays retrouve la paix et la quiétude. Mais force est de constater avec le conférencier qu’IBK a trahi le Chérif, sur ce coup. Et en 2018, le Chérif a décidé de ne pas soutenir IBK.
À en croire le conférencier, depuis sa Zaouia de Nioro, le Chérif a lancé vendredi dernier un nouvel ultimatum en ces termes : « Monsieur le président, je te demande, c’est une demande, mais pas une supplication. Je ne le fais pas la tête baissée. Cela, je ne le fait qu’avec Allah. Je fais cette demande pour rendre les choses plus faciles entre nous, pour soulager le peuple. Monsieur le président, la seule chose que je te demande de faire, c’est de limoger ton Premier ministre actuel ». Et cela, pour éviter la révolte, le soulèvement, l’insurrection.
Même si cette annonce a fait une levée de boucliers dans les milieux politiques et intellectuels, le Chérif de Nioro répond que son message ne s’adresse qu’à IBK seul. Et ce dernier a intérêt à l’écouter.
« Je suis prêt à réitérer ma demande, une troisième fois s’il le faut. Mais pas plus. Mais je ne renoncerais jamais. Si je ne suis pas entendu, je passerai par les voies démocratiques pour te faire entendre la raison. Toutefois, je me réserve le droit d’utiliser d’autres moyens si cela est nécessaire », a rapporté le porte-parole de Bouyé. En tout cas, il a laissé entendre que le président IBK serait responsable de ce qui va arriver si son message n’était entendu.
Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin