Les promoteurs de “la Convention des bâtisseurs” sont certes des personnalités remarquables, qui partagent l’ambition de sortir le Mali du bourbier où l’ont plongé des décennies de gestion hérétique pour en faire un pays ” normal ” où il fait bon vivre. Mais dans la mise en œuvre de cette ambition, ils se heurtent à deux défis majeurs.
Le premier consiste à s’entendre sur un candidat unique qui porterait le projet de société – ou le programme de gouvernement – et défendrait les couleurs du nouveau regroupement pour accroitre ses chances de remporter le scrutin présidentiel du 29 juillet prochain, à défaut peser de façon significative sur l’issue du scrutin. La difficulté de trouver cet oiseau rare, tant la dizaine des prétendants sont tous brillants les uns autant que les autres, est la cause du retrait inopiné de l’ancien premier ministre sous IBK, Moussa Mara.
Il avait espéré qu’à défaut d’être choisi comme porte – étendard du groupe, l’unanimité serait faite sur le Dr Cheick Modibo Diarra, l’ancien Premier ministre de ” pleins pouvoirs ” sous la transition (2013) au motif qu’ ” il est installé dans la tête de nos concitoyens qu’il est quelqu’un de crédible “. Désillusion. L’astro-physicien, qui a piloté la sonde spatiale Pathfinder vers la planète Mars et se voyait bien dans ce rôle, n’a pas été adoubé par ses pairs que sont Modibo Sidibé (président des Fare Anka Wili et ex-Premier ministre) Me Mountaga Tall (président du CNID et ancien ministre) Housseini Amion Guindo (président de la CODEM et ancien ministre) Général Moussa Sinko Coulibaly (ancien ministre). Pour ne citer que les figures reconnues de la scène publique malienne et dont l’ambition de diriger le pays à la plus haute station ne souffre pas de doute.
Conséquence de cet échec, Mara s’est résigné à devenir le Directeur de campagne de Cheick Modibo Diarra, par ailleurs réputé posséder une fortune colossale, ce qui ne lui pas porté bonheur en 2013, puisqu’il n’a pu rassembler sur son nom que 2,08 % des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle.
Une chose est sûre : un candidat unique renforcerait les chances de “la Convention des bâtisseurs” de s’adjuger la victoire plutôt qu’une pluralité de candidats, même en nombre limité, comme le préconisent certains de ses ténors.
Le second défi auquel cette plateforme est confrontée vient de l’option qu’elle a prise de ne se situer “ni dans la majorité ni dans l’opposition “. Une démarche visant à séduire les mécontents, nombreux, de la gouvernance IBK et qui ne font pas non plus confiance à l’opposition classique incarnée par le duo Soumaïla Cissé-Tiébilé Dramé. Elle est toutefois de nature à troubler les électeurs qui ont suivi le cheminement des principaux leaders de ” la Convention des bâtisseurs“. Après avoir été à un moment ou un autre des adversaires politiques déclarés du président IBK, on les voit mal, l’espace de la campagne, emboucher la trompette de la neutralité entre lui et ceux qui veulent le sortir du palais de Koulouba.
La Convention des Bâtisseurs a été créée pour un tout autre but.
Qui est plus, dans l’hypothèse où son ou ses candidats seraient éliminés au premier tour, quelle consigne de vote la plateforme va-t-elle devoir donner? Dans le strict respect de son autonomie, appellera-t-elle à voter pour le candidat de la majorité (s’il est admis au second tour) ou celui de l’opposition (s’il reste en lice) ?
Interpellé par nos soins sur cette question, le porte-parole des «bâtisseurs», Pr Clément M. Dembélé, nous a déclaré avec une tranquille assurance : “ Nous n’envisageons pas l’hypothèse d’une défaite au 1er tour mais bien celle d’une victoire et nous nous organisons à cette fin. Et si un deuxième tour était imposé à notre candidat, ce sont les deux camps d’en face, la majorité et l’opposition, qui se disputeront le privilège de le soutenir “.
Par Saouti Haïdara
L’Indépendant