Lors de sa session extraordinaire du 17 mars dernier consacrée à la lutte contre le coronavirus, le Conseil Supérieur de la Défense nationale présidé par IBK a annoncé la suspension ou l’interdiction de regroupements publics pour quelque motif que ce soit, exception faite de ceux à caractère religieux.
A cet égard le communiqué qui a sanctionné la réunion indique que » le gouvernement engagera incessamment des consultations avec les responsables du Haut Conseil islamique, de la Ligue des imams, des Eglises catholique et protestante ainsi qu’avec d’autres autorités religieuses et culturelles afin de convenir des mesures appropriées pour assurer la santé des fidèles « .
A l’évidence il y a là une violation flagrante-hélas pas la première- de la Constitution qui dispose en son Titre premier (Des droits et des devoirs de la personne humaine) article 2, alinéa 1 que » tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs « .
On ne peut pas, d’un côté suspendre ou interdire jusqu’à nouvel ordre les activités de formation (ateliers, séminaires, symposiums etc.) sportives, culturelles, politiques (meetings, marches etc.) les mariages, baptêmes, funérailles et celles afférentes aux loisirs (bars, dancings, etc.) et de l’autre aménager un dispositif spécial (on ne voit guère lequel) pour les lieux de prière.
La démarche est d’autant moins compréhensible que ces lieux de culte draînent (surtout le vendredi pour les musulmans et le dimanche pour les chrétiens) des foules plus nombreuses que celles qu’on a l’habitude de voir au cours de certaines manifestations à caractère social ou ludique.
Le risque de contamination au coronavirus y est donc potentiellement plus élevé qu’ailleurs.
Face à ce nouveau fléau du 21ème siècle, l’Arabie Saoudite, berceau de l’islam, n’a pas mis du temps pour fermer la sainte mosquée du prophète (psl) et suspendre l’accès de ses frontières aux pèlerins ; la France, patrie de la tolérance religieuse, a provisoirement proscrit la Jummah à la Grande Mosquée de Paris. Le Sénégal a réussi à convaincre ses puissantes confréries musulmanes que chaque talibé (disciple) peut faire sa ziarra (journée de recueillement, de prières et d’allégeance au khalife) à son domicile en attendant des temps plus fastes.
Le Mali, pour ce qui le concerne, est assiégé par le virus : il est déjà présent dans six des sept pays qui l’entourent. Et que croyez-vous que fait son président? Il discrimine l’application des mesures de sauvegarde nationale et se donne le temps de » consultations » spéciales avec les dignitaires de la foi. Pour des raisons qu’il est seul à apprécier.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant