Cinq membres de l’ambassade égyptienne ont été enlevés en moins de 24 heures à Tripoli, illustrant une fois de plus le chaos régnant en Libye où les milices font la loi.
Dans le sud du pays, des affrontements tribaux impliquant des partisans de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi ont fait par ailleurs au moins 88 morts et 130 blessés en deux semaines, selon un responsable hospitalier.
“L’attaché culturel et trois autres fonctionnaires de l’ambassade d’Egypte ont été enlevés samedi à Tripoli”, a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères Saïd Lassoued.
M. Lassoued n’était pas en mesure de fournir plus de détails sur les circonstances de l’enlèvement.
Les autorités avaient pourtant annoncé des “mesures de sécurité renforcées” autour de l’ambassade et des diplomates égyptiens, après un premier enlèvement vendredi d’un membre de la représentation égyptienne chez lui, toujours à Tripoli.
Il s’agissait, selon les Affaires étrangères égyptiennes, d’un attaché administratif.
Ces enlèvements n’ont pas été revendiqués jusqu’ici, mais des sources de sécurité à Tripoli n’écartent pas qu’ils soient liés à l’arrestation vendredi en Egypte d’un chef connu des ex-rebelles qui avaient combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Chaaban Hadeia, chef du Centre d’opérations des révolutionnaires de Libye, d’obédience islamiste, a été arrêté à Alexandrie, dans le nord de l’Egypte, selon les mêmes sources.
M. Hadeia, alias Abou Obeida, est à la tête d’un groupe d’ex-rebelles qui dépendent officieusement du ministère libyen de la Défense.
Sur sa page Facebook, son groupe avait confirmé vendredi l’arrestation de son chef, faisant état d'”inquiétude”, ainsi que d’une “possible réaction”.
Contacté par l’AFP, Adel al-Ghariani, un dirigeant du groupe, a cependant démenti toute implication dans les enlèvements, et appelé à la “libération immédiate” de M. Hadeia.
Un ex-rebelle libyen arrêté en Egypte
La présidence du Congrès général national (CGN, parlement), la plus haute autorité du pays, avait dénoncé vendredi cette arrestation, indiquant avoir donné des instructions au gouvernement et à l’ambassadeur libyen au Caire pour “prendre les mesures nécessaires en vue de la libération immédiate de Chaaban Hadeia”.
Aucune confirmation de son arrestation n’a été obtenue dans l’immédiat au Caire.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition se montrent incapables de rétablir l’ordre et la sécurité dans un pays en proie à l’anarchie et aux violences meurtrières.
Elles ont notamment pas réussi à contrôler des dizaines de milices armées formées par des ex-rebelles et qui font la loi dans le pays.
La situation est particulièrement critique dans l’est du pays, en particulier à Derna et Benghazi, devenues des fiefs pour les islamistes radicaux, accusés régulièrement d’être derrière des dizaines d’assassinats et des attentats contre des intérêts occidentaux et l’armée.
Samedi encore, deux explosions ont secoué la ville de Benghazi, également dans l’Est, sans faire de victimes. La première a visé les locaux des renseignements militaires et la seconde une école coranique.
Vendredi soir, les Forces spéciales de l’armée libyenne ont annoncé avoir arrêté quatre personnes en possession d’une “liste d’officiers déjà assassinés et à assassiner”, au cours d’une opération qui s’est soldé par la mort d’un soldat.
D’autres étrangers ont récemment été enlevés dans le pays. Deux Italiens travaillant pour une entreprise de travaux publics ont été kidnappés la semaine dernière par un groupe armé dans l’est du pays. Leur sort est toujours inconnu.
Un représentant du gouvernement sud-coréen pour le commerce en Libye a également été enlevé lundi à Tripoli, puis libéré mercredi par les forces de sécurité.
Dans le sud du pays, un responsable de l’hôpital de Sebha, Abdallah Ouheida, a fait état de 88 morts et 130 blessés dans des combats entre le 11 janvier et vendredi, craignant un bilan plus lourd.
Initialement, les affrontements ont éclaté entre les deux tribus rivales d’Awled Sleiman et les Toubous, avant que des partisans de l’ancien régime ne profitent des violences pour occuper une base militaire dans cette région.
Ces dernières violences interviennent sur fond de bras de fer entre le Premier ministre indépendant Ali Zeidan et les députés islamistes qui réclament sa démission, lui reprochant son inaction sur le plan de la sécurité.
© 2014 AFP