Alors que l’ex-otage Soumaïla Cissé affiche une ingratitude politique envers le président IBK, l’actuel locataire de Koulouba Bah N’Daw salue, quant à lui, « les efforts soutenus du président sortant, Ibrahim Boubacar Keita, pour obtenir la libération de ces frères et sœur ».
L’ingratitude est aux politiques ce que la teigne est aux animaux. Les politiques ne vont pas cesser d’être teigneux. Ceci cadre avec les sorties du désormais ex-otages Soumaïla Cissé, ex-député du parti URD dont il est également président.
Pris en otage par des terroristes lors de sa campagne pour les législatives de mars-avril 2020, Soumaïla Cissé a été libéré le jeudi 8 octobre dernier, après six mois de détention. Ses multiples sorties médiatiques, à l’allure de rattrapage, n’ont en aucun cas reconnu les efforts du Président sortant IBK. « Il y a eu cinq mois avant, je ne sais pas ce qui a retardé. Je sais que négocier n’est pas facile. Pour nous libérer à tous les deux (avec Sophie Pétrolin, ndlr) près de deux cents personnes ont été libérées, maintenant peut-être qu’il y a eu le choix des gens…. Je ne peux pas dire. Vous savez, c’est comme au football, on retient celui qui a marqué le but. Et là, c’est la junte actuelle qui a marqué le but. Celui qui donne la dernière passe, comme on dit la passe décisive, on l’oublie très vite. Donc, aujourd’hui, c’est le régime actuel qui a réussi la libération. Maintenant est-ce que la bagarre derrière a été décisive ?…», répondit-il à RFI à la question : « Est-ce que selon vous le régime précédent en a fait assez pour obtenir votre libération ? »
Ingratitude ?
La réponse serait à l’affirmative. En effet, au lendemain du rapt du Soumaïla Cissé, sur instruction du Chef d’Etat d’alors Ibrahim Boubacar Kéita, Dr Boubou Cissé alors Premier ministre, a mis en place une Cellule de crise pour la libération de l’honorable Soumaïla Cissé et de ses compagnons. Sous la direction l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, cette cellule a pour mission d’assurer la coordination de l’ensemble des actions en vue de leur libération. «Le gouvernement mettra tous les moyens en œuvre pour ramener sains et saufs l’honorable Soumaïla Cissé et ses compagnons à leurs familles», pouvait-on lire entre les lignes du communiqué.
Notre confrère Jeune Afrique raconte : « Après l’enlèvement de Soumaïla Cissé,…, le 25 mars dernier,…dans sa région de Niafunké, Boubou Cissé, alors Premier ministre, est approché par Moustapha Limam Chafi. Le Mauritanien, ancien Conseiller spécial de Blaise Compaoré,… Au Premier ministre malien, Chafi glisse un nom : celui de Chérif Ould Attaher, un Arabe du Tilemsi et ex-membre du Mujao… Le 5 avril, Boubou Cissé signe un mandat officiel lui donnant autorisation de ‘’conduire toutes les démarches, formalités et de conclure tous les actes nécessaires’’ à la libération de Soumaïla Cissé. Chérif Ould Attaher demande à être accompagné dans sa mission par le colonel Mamadou Lamine Konaré, alors conseiller du Premier ministre sur les questions de renseignement. La mission des deux hommes est validée par Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre dans le plus grand secret… Le 8 avril, Chérif Ould Attaher et le colonel Konaré embarquent dans un vol spécial à destination de Gao. Une fois là-bas, ils prennent un pick-up et partent durant quelques jours dans le désert en direction de Kidal. Sur place, ils rencontrent Sedane Ag Hita, le numéro deux du GSIM. Celui-ci leur confirme que Soumaïla Cissé est entre leurs mains et qu’il va bien, même si sa santé est fragile.
De retour à Bamako, les deux hommes font un compte-rendu à Boubou Cissé, qui en fait de même auprès d’IBK. Avant de poursuivre les discussions, les autorités maliennes souhaitent obtenir une preuve de vie. Fin avril, Ould Attaher et Konaré repartent voir les ravisseurs. Après plusieurs jours d’attente, une vidéo de Soumaïla Cissé leur est transmise. Eux leur remettent des médicaments pour l’otage, qui continuera à en recevoir dans les mois qui suivent par différents canaux… »
Entre temps, le dossier a changé de mains et est confié à Ag Bibi et la DGSE malienne. Et notre confrère de poursuivre : « Ces changements d’interlocuteurs et la jonction avec le cas Pétronin retardent la libération de Soumaïla Cissé. Alors qu’elle était initialement fixée à 2 millions d’euros, la rançon passe à 10 millions d’euros. IBK valide quand même l’opération. La libération des otages se précise pour la fin du mois d’août mais, le 18, le président malien est renversé par un coup d’État. Ce tsunami politique à Bamako retarde encore les ultimes tractations… »
Ignorer le rôle prépondérant du Président IBK et son régime dans cette libération relève de l’aberration. Ce sont les jalons posés par IBK qui ont permis aux autorités actuelles, notamment le Président de la Transition et le CNSP, de parachever la libération. « C’est pourquoi, il nous faut commencer par saluer les efforts soutenus du président sortant, Ibrahim Boubacar Keita, pour obtenir la libération de ces frères et sœur », reconnaît, le 9 Octobre dernier dans sa déclaration à la suite de la libération des otages Soumaïla Cissé, Sophie Petronin, le père Ligui Macciali, Nicola Chiachio, le Chef de l’Etat Bah N’Daw. Qui a poursuivi : « Le pragmatisme de la Transition ainsi que sa décision de capitaliser les avancées dans la négociation ont fait le reste ».
Comme il s’agit de football ici, on ne peut pas retenir « celui qui a marqué le but », si ses coéquipiers ne lui ont pas favorisé les conditions pouvant aboutir à « la passe décisive ». « La junte actuelle qui a marqué » du coup « le but » ici ne le peut, si le régime le régime sortant n’a pas balisé le terrain. Mais, c’est ce qu’ignore notre fameux otage.
Même si la politique est l’art de dire ce qui n’est pas vrai, Soumaïla Cissé aurait la vertu de reconnaître les efforts du Président IBK dans sa libération. N’eut été les jalons posés par IBK, le passeur décisif… ?
La Rédaction
L’Observatoire