Un homme à part. Ce 18 octobre 1982, Christine Ockrent ouvre le journal télévisé d’Antenne 2, le ton grave. « Pierre Mendès France est mort ce matin », annonce la présentatrice vedette. « La France vient de perdre un des plus grands de ses fils », poursuit-elle, citant les mots du président de la République, François Mitterrand. Emmanuel Macron n’avait pas 5 ans quand les cendres de l’ancien résistant, président du Conseil sous la IVe République durant quelques mois (de juin 1954 à février 1955), sont dispersées dans sa résidence de Louviers (Eure). Mais quarante ans plus tard, le plus jeune chef de l’Etat de la Ve République entend rendre hommage à celui qui incarne, à ses yeux, le « devoir et la conscience » et dont il dit s’être inspiré.

Un déjeuner réunissant une quinzaine de personnes doit avoir lieu mardi 18 octobre au salon des ambassadeurs de l’Elysée pour commémorer la mémoire de « PMF », « l’homme politique français de la IVe République qui a creusé la trace la plus profonde, marqué l’empreinte la plus forte, et qui laisse le souvenir le plus vivace », écrivait Le Monde à sa mort. Une figure qui, comme Georges Pompidou, François Mitterrand ou le général de Gaulle, a « compté » pour Emmanuel Macron, assurent ses proches.

Autour de la table de ce déjeuner d’hommage, une partie de la famille Mendès France, dont le petit-fils, Tristan, ainsi que la mère de ce dernier, Joan, mais aussi le président de l’institut Pierre Mendès France, François Loncle, ancien député de l’Eure, le ministre des armées Sébastien Lecornu, président du département de l’Eure, Jean-Pierre Chevènement, la journaliste Anne Sinclair ou l’ancien industriel et homme de presse Claude Perdriel qui doit arriver avec le numéro zéro du quotidien Le Matin de Paris (1977-1987), qui avait consacré sa « une » à PMF. Robert Badinter, ancien garde des sceaux et artisan de l’abolition de la peine de mort, et son épouse, Elisabeth, ont été excusés.

Demande de panthéonisation

Un hommage intime, donc, privilégié par le chef de l’Etat à une cérémonie plus conventionnelle et, peut-être, plus impersonnelle. « Emmanuel Macron veut nous écouter », explique François Loncle. L’occasion, pour le président de l’institut Pierre Mendès France, de glisser la demande de panthéonisation de l’homme d’Etat. Une requête qui « a tout son sens », dit l’Elysée, et qui pourrait avoir lieu en 2024, pour le 70e anniversaire de l’arrivée à la présidence du Conseil de Mendès France.

Bachelier à 15 ans, Pierre Mendès France s’engage en politique à 16 ans chez les radicaux-socialistes, pour lutter contre la montée du fascisme et parce qu’il est fasciné par Edouard Herriot (1872-1957). Toute sa vie, il se décrira comme un « homme de gauche », « trop radical pour les socialistes et trop socialiste pour les radicaux ».