Jean-Luc Mélenchon aura une place, c’est sûr. « Cela va de soi », estime la députée Clémentine Autain, avant d’ajouter : « C’est à lui de décider. » « Evidemment », ajoute un autre député de La France insoumise (LFI). Le parti mélenchoniste, en pleine réflexion sur une nouvelle architecture interne, devrait, en tout cas, continuer de réserver un rôle de choix à son ancien candidat à la présidentielle. Ce dernier assure depuis la rentrée qu’il veut s’atteler au travail intellectuel, réécrire son livre L’Ere du peuple (Fayard, 2014) d’abord, organiser, ensuite, la réflexion au sein de l’Institut La Boétie. Mais il ne devrait pas pour autant abandonner le navire. C’est d’ailleurs en tant que dirigeant de cet institut de réflexion qu’il pourrait être représenté au sein de la nouvelle « coordination des espaces » de LFI.

« Il sera dans la coordination du mouvement au titre de l’Institut La Boétie », confirme son ami et conseiller Bernard Pignerol, qui s’occupe de transformer cet institut en fondation politique et prévoit de lui en laisser la présidence. Même si d’autres réfutent le besoin d’une fonction dans un organigramme pour un ancien candidat dont la notoriété se passe de qualificatifs. Bastien Lachaud, par exemple : « Jean-Luc Mélenchon est Jean-Luc Mélenchon, il n’a pas besoin d’une étiquette, d’un titre, il peut faire ce qu’il veut. »

La direction actuelle, mise en sommeil ou en tout cas supplantée par d’autres tâches pendant la campagne présidentielle, travaille sur une nouvelle architecture, un casting aussi. L’ensemble des « insoumis » est d’accord pour réformer les règles encadrant les militants de base et permettre enfin aux « groupes d’action » locaux de s’autofinancer. Soucieuse de s’adapter à son nouveau format, de passer une forme de crise de croissance, LFI refuse pour autant de devenir un parti.

Campagne permanente

Cette nouvelle coordination collégiale, les cadres sortants souhaitent donc qu’elle soit « tournée vers l’action », pour éviter l’écueil des partis politiques à l’ancienne. « Dans notre mouvement plus qu’ailleurs ce sont ceux qui font qui décident, ceux qui font campagne, qui font vivre le mouvement. Des gens qui prennent des tâches », explique Bastien Lachaud.

L’action, la campagne permanente, une méthode efficace mais qui a aussi permis d’évacuer la discussion et les débats au sein de LFI. « Avoir une direction opérationnelle, c’est un parti pris qui rompt avec les formes classiques des partis », défend Clémentine Autain, qui l’estime tout à fait justifiée, « à la condition que ça ne soit pas un prétexte pour éviter le pluralisme des sensibilités et la discussion de fond ». La question des personnes présentes dans cette direction arrivera dans un second temps, après l’architecture. Pour tous les députés qui aimeraient en être, de François Ruffin à Clémentine Autain en passant par Alexis Corbière, la voie d’accès la plus facile semble d’être plébiscité par le groupe parlementaire pour porter la parole des députés à l’intérieur du mouvement. De quoi donner lieu à des campagnes internes à l’Assemblée nationale.