Une coalition de partis politiques envisageait un rassemblement le vendredi 9 mai 2025 sur la place de l’Indépendance, un lieu symbolique évoquant de fortes réminiscences historiques.
Toutefois, les autorités ont anticipé ce mouvement en interdisant, dès le mercredi précédent, toute activité politique sur le territoire national. Contraints, les organisateurs ont finalement renoncé à leur projet.
L’annonce de ce meeting a immédiatement ravivé les souvenirs des manifestations de 2020, qui avaient conduit à la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). La similitude des détails : jour (vendredi), heure (14h) et lieu (place de l’Indépendance) interroge : s’agissait-il d’une tentative de répliquer la mobilisation populaire ayant renversé IBK ? Ou d’une opposition frontale aux recommandations issues des concertations sur la révision de la charte des partis politiques ? Une manœuvre, soutenue par des acteurs externes, pour déstabiliser les institutions ? Quoi qu’il en soit, le choix délibéré de ces symboles historiques visait clairement à réactiver une mémoire collective, marquée par la contestation.
Cependant, la comparaison avec 2020 trouve rapidement ses limites. À l’époque, le pouvoir d’IBK, affaibli par une gestion clanique, une corruption systémique et une crise sécuritaire, était massivement rejeté par la population. Aujourd’hui, bien que confronté à des défis persistants, le gouvernement de Transition dirigé par le General Assimi Goïta bénéficie du soutien d’une grande frange de la population malienne, notamment pour les progrès perçus en matière de sécurité et la réaffirmation de la souveraineté nationale. Cette réalité sociopolitique rend improbable une réédition du scénario de 2020.
À l’origine de ce rassemblement avorté, les partis politiques entendaient protester contre leur dissolution programmée et exiger un retour à l’ordre constitutionnel. Une précédente tentative de mobilisation, prévue le 9 mai 2025, avait déjà illustré cette volonté de « maintenir la pression » sur le pouvoir. Toutefois, cette stratégie d’occupation de l’espace public a provoqué des crispations, notamment avec des associations soutenant la transition prévoyant elles aussi des rassemblements au même endroit, risquant d’envenimer les tensions.
Face à ces risques de troubles, le Président de la Transition a pris les devants. Lors du Conseil des ministres, un décret a suspendu « jusqu’à nouvel ordre, pour raison d’ordre public, les activités des partis politiques, associations et organisations à caractère politique sur l’ensemble du territoire ». Si les autorités justifient cette mesure par la nécessité d’éviter des confrontations, les partis concernés y dénoncent une entrave aux libertés démocratiques.
M . Sanogo