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L’ex-ambassadeur du Mali en Mauritanie, Souleymane Koné lors de la conférence-débats du CREM : « L’accord d’Alger ne garantit pas la paix, il a un coût financier que le Mali ne peut pas supporter «

Le Cercle de réflexion et d’échanges du Mali (CREM) crée en août 2012 pour apporter sa pierre à l’édification du pays, a organisé, le samedi 9 mai, une conférence-débats, au Centre Djoliba, sur l’accord d’Alger qui doit être signé, en principe, le 15 mai prochain.

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Les débats étaient animés par Souleymane Koné, diplomate et ancien ambassadeur du Mali en Mauritanie. C’était en présence du président du CREM, Issiaka Tembély ainsi que d’autres membres de cette association. Pour le conférencier, l’accord d’Alger ne garantit pas la paix et il y a des risques de blocages dans sa mise en œuvre car il exige des réformes importantes  à un coût exorbitant.

Le conférencier, tout en reconnaissant que l’Accord d’Alger est vaste, a articulé son intervention sur deux points : l’architecture institutionnel qui apparait avec l’accord et les conséquences de ce remodelage de notre pays.

Par rapport au premier point, M. Koné a souligné que l’accord dégage une architecture régionale, nationale et internationale. Le niveau régional va se concrétiser par l’attribution de larges pouvoirs au président du conseil régional qui sera élu au suffrage universelle direct au même titre que le président de la République. Le pays est alors exposé à un risque de communautarisme, de création d’armées territoriales et des risques de conflits autour de la gestion des ressources.

Au niveau national, le conférencier pense que la création d’un organe pour représenter  certaines catégories sociales constitue un recul pour la démocratie. Il dénonce aussi la mise en place prévue d’une commission de refondation de l’armée et la fixation de quotas pour les touareg. Enfin, au niveau international, il estime que la mise en place d’un comité de suivi équivaut à la mise du Mali sous tutelle de la communauté internationale.

Le conférencier s’est ensuite appesanti sur les conséquences  de cette réorganisation et les difficultés de mise en œuvre de l’accord. Aux dires de l’ex-ambassadeur, des blocages sont prévisibles à cause notamment du coût financier et humain élevé de la mise en œuvre.

En effet, pour M. Koné, si la décentralisation a échoué, c’est lié au manque de moyens financiers. Ainsi avec une décentralisation plus poussée, il faut plus de ressources.

Il a aussi relevé le fait que l’accord ne fait allusion à la Constitution que lorsqu’il s’agit de modifier tel ou tel article. Ce qui lui a fait dire que des réflexions sont encore en cours sur la nature juridique de cet accord qui apparaît être au dessus de la loi fondamentale.  « Le gouvernement fait croire aux Maliens que l’accord = paix. Alors comme on est tous fatigué de cette guerre et qu’on veut la paix, on sera pour l’accord. Mais ce n’est pas vrai. L’accord ne garantit en rien la paix. Au contraire, il y a de fortes possibilités que cet accord nous conduit à des situations plus dramatiques. La création des régions autonomes dans des coordinations centrales va conduire à tout sauf la paix.

 Il n’ y a aucune urgence à signer des documents qui ne sont pas conformes à notre passé historique. L’Azawad n’a aucune légitimité  » a expliqué le conférencier. Avant de conclure en ces termes :  » cet accord n’est pas bon pour notre pays. Il ne va pas nous apporter la paix. Au fonds, il y a une question raciste qu’on ne dit pas « .

     Youssouf CAMARA

 Source: L’Indépendant
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