Le vendredi 16 décembre 2016, l’Assemblée nationale du Mali adoptait à une majorité écrasante la résolution de la commission ad-hoc chargée de la mise en accusation d’Amadou Toumani Touré pour haute trahison. Ladite commission concluait en l’abandon pur et simple des poursuites contre l’ancien président, faute de preuves. Tous les Maliens épris de justice ont accueilli avec un certain soulagement ce dénouement heureux d’un dossier monté de toutes pièces par un régime en perte de repères. A l’image d’un de nos compatriotes basé à Dakar et qui a pris sa plume pour rendre un, vibrant hommage non seulement aux membres de la Commission ad hoc qui ont « mené une enquête sans complaisance de la situation », souvent au péril de leur vie, mais aussi à l’ensemble des députés qui ont voté la résolution sans trembler, et à ces millions de d’hommes et de femmes qui ont soutenu ATT durant ces longues années de frustration et d’angoisse. Gloire à tous ! écrit Fousseyni Diarra dans une lettre adressée aux honorables députés. La teneur !
Mon nom est Fousseyni Diarra, Pilote Commandant de bord à la retraite, résidant à Dakar. Je suis septuagénaire, Malien de souche, de pensée, de cœur et fier de l’être.
Le mardi 28 avril 2015, je vous avais adressé une lettre ouverte relative à la saisine de votre auguste institution pour le cas de l’ancien Président Amadou Toumani Touré (ATT) poursuivi pour haute trahison, malgré l’engagement de la Cedeao sur son retour dès la mise en place des institutions démocratiques issues des élections libres et transparentes de 2013. Les motifs évoqués pour justifier une telle décision étaient tout simplement grotesques, irréfléchis et frisaient l’affabulation.
Honorables députés,
L’ignominie d’une telle accusation accompagnée d’une campagne d’intoxication, de dénigrement et de dénonciation tout azimut, savamment orchestrée avait provoqué la stupeur, l’émoi et suscitait l’incompréhension chez tous ceux qui, à travers le monde, ont salué le courage, le don de soi de l’homme du 26 mars 1991 et ont admiré ses belles réalisations.
Une accusation sous forme de menace permanente comme l’épée de Damoclès, faisant vivre à l’intéressé et à ses proches, les affres de l’éloignement, l’accolade noire de la solitude et le poids lourd et glacial du silence accablant.
De la même façon que prononcer le nom de Moïse fut interdit par le Pharaon dans toute l’Egypte, celui de ATT devint murmure et synonyme d’affaire pendante devant la justice au cours des rencontres nationales et internationales, quand son nom venait à y être évoqué. Même son expérience et son immense expertise dans la gestion des conflits ne furent pas mises à contribution pour le même motif au moment où l’Afrique et le monde s’embrasent.
Encore une fois, les autorités ont raté le coche car ATT, un nom apprécié sur l’échiquier international pour avoir fait ses preuves, aurait permis de redorer le blason du pays dont l’image était déjà ternie. Quel gâchis !
Honorables députés,
Pour rappel, dans une précédente contribution, je vous disais : « Souvenez-vous de ce soir du 26 mars 1991 où cet homme a osé, risquant sa vie au moment où tout espoir avait disparu, il mit fin à 23 ans de dictature avec son cortège d’arrestations et de morts et à la clé une promesse, celle de rendre le pouvoir un an plus tard après des élections libres et démocratiques. Au terme de l’échéance, il partit, anonyme et humble, après avoir mis son Moi au service du pays afin que naisse la démocratie, la vraie ».
Je vous disais aussi : « Souvenez-vous de son refus à faire la guerre parce qu’en connaissant le coût tant humain et matériel que financier, il privilégia le dialogue. Déjà à la Conférence de l’OCI tenue à Dakar en 1991, il appela sans cesse à une concertation internationale et à des négociations inter régionales pour tuer dans l’œuf les foyers terroristes et rebelles en germination. Sa démarche fut critiquée, abandonnée pour être ensuite reprise et acceptée aujourd’hui comme une évidence et admise comme seule issue à la crise ».
Je vous disais également : « Votre tâche est noble et exaltante, mais combien difficile. Méfiez-vous de ces thuriféraires dont l’activisme pour ce problème précis a pris une certaine ampleur jusqu’à gangrener une partie du peuple. Des flagorneurs qui n’ont que la violence à la bouche avec un verbalisme pompeux animé d’un négativisme de répulsion. Adversaires sous-marins de tout ce qui peut favoriser et cimenter la réconciliation, car un tel comportement est leur seul et unique moyen de survie. Leur langue de vipère qui égare les raisons, leur procure avantages et positions sociales sans qu’ils se rendent compte que la vanité de ces positions sociales disparaîtra face à l’inéluctable issue de la vérité ».
Honorables députés,
Je vous disais enfin : « Vous avez une responsabilité historique et occasion ne peut être plus propice, ni moment plus favorable pour écrire une des plus belles pages de notre histoire pour un Mali réconcilié et uni apportant ainsi un démenti cinglant à ce que disait feu le Président George Pompidou ‘’si vous avez le bon sens et le courage, c’est que vous êtes une minorité’’ ». Démenti cinglant apporté et grand défi relevé.
L’objet de ma présente lettre se veut être un témoignage de gratitude, de joie et soulagement de ces millions d’hommes et de femmes de toutes catégories sociales confondues, au Mali et à travers le monde, épris d’équité et de justice après que le Président ATT eût été blanchi lors de votre séance du 16 décembre 2016 suite à un vote de votre résolution dont le score a été le suivant : 104 pour l’abandon des poursuites contre lui, 5 pour et 6 abstentions. En hommes et femmes de vertu, imbus des valeurs de dignité et de justice, vous avez mis fin, à presque cinq longues années de frustration et d’angoisse. Gloire et honneur à vous !
Honorables députés,
Toute votre volonté commandée par la pure notion du devoir moral aurait été vaine, sans l’apport considérable et inestimable de ces vaillants chevaliers de la vérité que sont les membres de la Commission ad hoc chargés de mener une enquête sans complaisance de la situation.
Traversant des endroits hostiles au péril de leur vie, bravant la meurtrissure du sable et le vent chaud du désert fouettant leur visage. Ils ont fait preuve de courage et d’abnégation. Ne dit-on pas que la vérité; c’est que vous savez toujours ce qu’il faut faire, mais le plus difficile, c’est de le faire ; et la commission ad hoc l’a fait. A leur intention, je citerai ce que disait Friedrich Nietzsche « cela est aussi héroïque : faire les choses les plus décriées, celles dont on ose à peine parler, mais qui sont utiles et nécessaires, cela est aussi héroïque ».
Ce sont des hommes comme vous qui ont fait la fierté et la grandeur du Mali.
Vous êtes des héros. Que Dieu vous protège et bénisse le Mali !
Fousseyni Diarra
Pilote Commandant de bord à la retraite
A Fass Mbao-Dakar/Sénégal
Tél : (00221) 33 853 00 48
Cel. : (00221) 77 165 27 44
Par L’Aube