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Lettre à grand-père : Le pouvoir, des hommes ou des institutions

Cher grand-père, l’une des choses les plus difficiles, c’est la gestion du pouvoir. Oui la capacité à changer et à orienter le cours du destin des choses et des événements. Avec tout le confort qui s’en suit. Les privilèges, la notoriété et les opportunités. Une fois en main, ça enivre, assourdit et rend aveugle. Le pouvoir est addictif, très addictif. Il crée et nourrit l’ego le plus puissant.

Quand on est au pouvoir, la loi de sons change. On entend rarement ce qui nous irrite. Le son à nos oreilles devient éloges et flatteries. On n’entend rien autre son que : “Vive le roi” ! “Que le roi  vive !” Dans ce souhait, il n’y a rien de spécial au roi mais à notre confort qui n’existe qu’à l’ombre du roi. Quand on est roi, la loi de l’évidence change. On peint tout à tes yeux en rose. Hélas !

Et depuis la nuit des temps, cette drogue qu’offre la royauté a poussé les hommes et les femmes à chercher à être roi et surtout à le rester. C’était le sang qui coulait. A chaque étape de la vie du roi. Pour être roi, pour rester roi. C’était ainsi et le peuple vivait l’enfer. Il fallait faire peur. Tuer, enlever et emprisonner. Chaque roi créait sa méthode et ses stratégies. Entre actions et slogan !

Et pis, la cour du roi. Ces complices de premières heures qui finissent en ennemis de dernières heures. Ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est la nature du pouvoir. La guerre des “moi idéaux”. C’est moi, le roi. C’est moi le guerrier. C’est moi le plus fort. Si ce n’était moi. Sans moi. Tout est moi. Et l’éternelle guerre des clans. Où chacun tire la couverture à soi. Et la guerre froide. Hélas !

C’était ainsi dans des ténèbres égocentriques sans aucune considération pour le peuple. Au moment où le royaume tombe, la cour du roi peut chanter et danser. Pendant que la sécheresse ravage, des fleuves de vin coule auprès du roi et le peuple n’y peut rien. Il n’est jamais demandé si le roi doit venir ou partir. Le roi assoie son pouvoir sur le roi dans le pouvoir de sévir ou de servir.

Et malheur si le roi tombe sans successeur et sans règles préétablies. Malheur cette nuit où le roi n’est plus et qu’aucun successeur n’a été prévu. Et c’est parti dans calvaire cyclique à  chaque fois qu’on laisse des institutions pour confier le destin d’un pays à des rois. Des hommes. C’est ainsi le cercle de pouvoir quand il s’agit d’hommes forts à la place des institutions fortes.

A mardi prochain pour ma 274e lettre. Inch Allah !

Lettre de Koureichy

 Source : Mali Tribune

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