Oui grand-père, il faut un mémoire factuel et un mémoire de faits. L’histoire aux historiens ! Il n’est pas donné à tout témoin d’écrire l’histoire pour ne pas nous faire tomber dans la légende, le mythe, les épopées ou la passion. Tout le monde a un passé mais l’histoire est un récit, rationnel et datés. Le passé est libre d’être mythe et légende !
Oui grand-père, la si inspirante histoire de “Mandé Djata” confiée aux griots pour le plaisir des princes, ne nous ont légué que mythe, légende et épopée. Un passé si riche mais tout sauf l’histoire. Un passé bourré de mythes et de légende. Oui l’histoire céda la place à la légende. Des hommes qui volent comme des oiseaux, arrachent des baobabs, disparaissent et réapparaissent.
Aucune mémoire consensuelle, n’a su être dressée. Tantôt “Soumagourou, le tyran”, “tantôt, Soumangourou le réformateur”. Tantôt Djata paralysé qui a marché, tantôt un Djata qui a conquis le monde en rampant. On n’a pas fini, aujourd’hui, s’adjoint un “hippopotame (Mali), aux yeux dorés et argentés”. “Mère des Maliens”. Hippopotame ?
A des siècles de retour, possible et compréhensible, mais cher grand-père, 1991 ? C’est écœurant ! Vouloir faire de Moussa un saint politique, aujourd’hui, moins d’une génération, cher grand-père, c’est le comble. Moussa des Martyrs et de la dictature. Moussa, l’inoubliable stoppeur de la grande marche de Modibo Kéita. Moussa et le règne des 14.
J’ai peur grand-père ! J’ai peur ! Je crains un jour de ne pas lire ici au Mali dans des livres en or “Iyad, le patriote, Iyad l’imperturbable”. Oui je crains cela dans un pays où on ne blâme pas et on ne s’indigne pas de la violation de la loi et de la République. Mais que tout dépend de celui qui a violé. Les gens n’ont pas honte d’applaudir un bourreau, pourvu qu’il soit l’un d’eux.
Il urge ! Cher grand-père ! Chaque lettré aujourd’hui, se veut, narrateur du passé voire “l’histoire”. Chacun veut écrire sa vue, son angle et sa lecture et invitant à une Bible. Triste cher grand-père ! Triste ! Triste pour que des questions d’orgueil et de fierté individuelles qu’on veuille coute que coute changer le narratif. Tout le narratif !
Cher grand-père ! Aujourd’hui, il faut un narratif de notre crise. Ceux qui ont violé la loi et la République pour la charia, pour la division du pays ou le pouvoir, doivent tous comparaitre égaux, devant le tribunal de la vérité ? Quels que soient leur tribu, corporation et situation géographique ? Afin que l’histoire ne se répète plus ! A mardi prochain pour ma 247e lettre. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy