Des centaines de jihadistes ont été tués ou capturés au Sahel durant l’année qui vient de s’écouler, a indiqué l’AFP dimanche 14 décembre.

“Il y a eu de nombreuses opérations, près de deux cents terroristes ont été neutralisés depuis un an, et près d’une cinquantaine depuis août”, a ajouté le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Certains leaders importants comptent parmi les terroristes abattus ou capturés, la plupart au Mali et au Niger, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec Jeune Afrique.

“La semaine dernière, Ahmed El Tilemsi, responsable de haut rang du mouvement el-Mourabitoun, a été éliminé par nos forces spéciales”, a-t-il poursuivi.

El Tilemsi (alias Abderrahmane Ould el Amar) était le leader au Mali d’el-Mourabitoun, le groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar. Il a été éliminé dans la région de Gao, en compagnie d’une “douzaine de membres armés d’un groupe terroriste”, a annoncé le 11 décembre un porte-parole de l’armée française.

“Nous avons porté un coup sérieux aux activités” d’el-Mourabitoun, a commenté le colonel Gilles Jaron.

El Tilemsi avait organisé l’enlèvement de Gilberto Rodrigues Leal en novembre 2012, a indiqué une source proche du gouvernement français. La mort de cet otage français avait été annoncée en avril.

Le Drian a également fait part de sa préoccupation concernant le sud de la Libye, dont il explique qu’il est devenu “un havre jihadiste pour les groupes islamistes radicaux”.

“La communauté internationale doit prendre les dispositions nécessaires, avec les pays concernés”, a-t-il ajouté.

Les forces militaires françaises, mauritaniennes, maliennes, burkinabées, nigériennes et tchadiennes travaillent ensemble dans le cadre de l’Opération Barkhane depuis le mois de juillet pour débarrasser une région de plus de cinq millions de kilomètres carrés des terroristes qui s’y trouvent.

“L’Opération Barkhane a beaucoup contribué à la lutte contre le terrorisme dans la région”, selon Sidati Ould Cheikh, spécialiste du terrorisme. “Elle a permis de resserrer l’étau autour des jihadistes. Cela explique en partie les grands succès de l’armée algérienne, qui a éliminé des dizaines de jihadistes ces derniers mois dans des localités comme Aïn-Defla dans les montagnes de Tagrara, dans la région de Tinzaouatine, à Tamanrasset et à Boumerdès.”

Le mois dernier, le Premier ministre français Manuel Valls s’était rendu au Tchad et au Niger.

“Ce n’est pas un hasard si le Niger, avec la base 101 où sont stationnés des avions militaires et des drones, est la principale plateforme de l’Opération Barkhane, avec un dispositif de trois mille hommes engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”, explique pour sa part l’analyste Daha Ould Sidi Ali.

“La proximité de la Libye y est pour beaucoup, et les soldats français sont en train de s’installer sur une nouvelle base avancée à Madama, une ville du nord située à une centaine de kilomètres de la Libye”, explique-t-il à Magharebia. “Cette base est appelée à jouer un rôle important dans la lutte contre les terroristes du sud de la Libye.”

Et de préciser : “Les divers pays de la région coordonnent leurs efforts de manière de plus en plus efficace.”

Selon le spécialiste de la sécurité Jidou Ould Sidi, “une coopération régionale et internationale renforcée est nécessaire dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans le contexte actuel, avec la montée de Daesh.”

“Nous devons souligner l’importance des réseaux locaux, sous-régionaux et régionaux en matière d’échanges de renseignements”, ajoute-t-il.

Par Bakari Guèye à Nouakchott pour Magharebia 

Source: Magharebia