Si le ministre du développement rural, Bocary Téréta, veut réussir la mission que lui a confiée le Président de la République, il devra se séparer de certains de ses plus proches collaborateurs. Et pour cause: certains hauts cadres de son département ont formé une véritable mafia sur le dos de l’Etat malien.
L’affaire de la société Gnoumani SA est la parfaite illustration de la voracité de certains agents de l’Etat malien dans ce ministère. En effet, à cause de leurs agissements, notre pays a été condamné à payé la faramineuse somme de 1,9 milliard à la société en question. En fait, de quoi s’agit-il?
Dans le cadre de l’Initiative Riz, pour la campagne de 2010 – 2011, la Direction nationale de l’agriculture décide que certains fournisseurs d’engrais apportent des intrants aux paysans pour satisfaire les besoins de la campagne. Parmi ceux-ci, la société Gnoumani SA, dont le Président Directeur Général est l’opérateur économique Diadié Bah, qui livrait les intrants dans la région de Koulikoro.
La société s’acquittera de son engagement, en apportant des engrais aux producteurs, conformément à la caution technique délivrée par la Direction nationale de l’agriculture. Comme le confirment entre autres les attestations délivrées par le Directeur régional de l’agriculture de Koulikoro: «je soussigné Mr Modibo Diarra, Directeur régional de l’agriculture de Koulikoro, atteste que la société Gnoumani SA, dans le cadre de la campagne agricole 2010 – 2011, a effectivement fourni aux producteurs de la région de Koulikoro, les quantités d’engrais suivant: DAP = 9 965 sacs, NPK = 330 618 sacs, Complexe céréales = 8 332 sacs, Urée = 92 491 sacs. Ces ventes sont effectivement conformes aux quantités mentionnées dans les cautions techniques délivrées par l’encadrement».
Comme on peut donc le voir, la société de Diadié Bah a bel et bien fourni des intrants aux producteurs pour la période concernée. Et, mieux encore, la Directeur des finances et du matériel du ministère de l’Agriculture à l’époque, Abdoulaye Coulibaly, dans une correspondance adressée au Directeur général du budget, a demandé le paiement des subventions au titre de la campagne agricole 2010 – 2011 à la société Gnoumani SA, pour avoir livré des intrants pour un montant de 3 434 065 251 FCFA.
Après la vérification des pièces du dossier, ce dernier a soumis ces pièces à son ministre de l’époque, Sanoussi Touré, qui a ordonné, à son tour, à la Directrice générale du Trésor et de la comptabilité publique de l’époque, le paiement des engagements de la société. Seulement voilà, au moment où le Trésor s’apprêtait à acquitter cette somme, les cadres du ministre de l’Agriculture s’invitent à nouveau dans ce dossier, pour tout gâter.
Alors qu’ils n’avaient plus rien à voir là dedans. En effet, selon nos sources, c’est àce moment que les intérêts inavoués sont entrés dans la danse. «Quand le Trésor a voulu nous payer, on nous a informé que les agents du ministère de l’Agriculture étaient passé dire de ne pas exécuter ce paiement. Le Trésor leur a fait savoir qu’à ce stade il ne pouvait pas refuser de payer, à moins qu’ils n’apportent un élément nouveau montrant qu’il y avait une erreur dans le dossier. C’est ce qu’ils ont fait. Un agent du Trésor nous a même demandé: qu’est-ce qu’on a avec les agents du ministère de l’Agriculture?», nous a confié un proche de ce dossier, très stupéfait.
Alors question: comment une même erreur a-t-elle pu échapper aux services du ministère de l’Agriculture, au Directeur général du budget et même au ministre et à ses conseillers pour arriver au Trésor? Manifestement, il y a anguille sous roche. N’est-ce là une raison pour que le ministre Téréta se débarrasse de ces agents véreux? Car, si une telle erreur a pu leur échapper, c’est la preuve de leur légèreté et de leur incompétence. Selon nos sources, il s’agirait de l’ex Directeur des finances et du matériel, Abdoulaye Coulibaly, en complicité avec d’autres opérateurs économiques, très actifs dans le domaine.
«Tout ce spectacle est orchestré sous la direction du Directeur national de l’agriculture, Daniel Kelema et de l’ancien Directeur régional de l’agriculture de la région de Koulikoro, devenu aujourd’hui Conseiller technique chez Téréta», ajoute notre source. C’est pour cette raison qu’il est utile que le ministre Bocary Téréta mette de l’ordre dans son entourage, pour mettre fin au festival de brigands dans son département.
Car, par leur faute, notre pays, malgré ses maigres ressources a été condamné, par Arrêt de la Cour d’assises en transport à Ségou, à payer à la société Gnoumani SA la somme de plus de 1,9 milliard de F CFA. Pour l’instant, l’Etat refuse de payer cette somme et a décidé de se pourvoir en cassation contre l’arrêt de la Cour.
Le ministre du Développement rural doit amener des hommes nouveaux, soucieux du développement du monde rural et de non de remplir les poches. Affaire à suivre donc.
Youssouf Diallo
SOURCE: 22 Septembre