Qui le sait ? Chaque année, des reptiles très venimeux tuent 30.000 à 40.000 personnes en Afrique. Reportage dans un hôpital du nord du Bénin qui traite les victimes.
C’est un fléau dont on ne parle quasiment pas. Chaque année, pourtant, les morsures de serpents provoquent la mort de 30.000 à 40.000 personnes en Afrique. Des paysans pour l’immense majorité, pauvres parmi les pauvres, incapables de payer le sérum antivenin susceptible de les sauver et dont le coût avoisine les 50 euros. Une fortune ! L’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Tanguiéta, dans la région de l’Atacora, dans le nord du Bénin, est l’un de ceux qui traitent le mieux les victimes.
Dès notre arrivée, nous voici aux urgences où, d’un poste de radio, s’échappe la voix roucoulante de Julio Iglesias. Un homme de 19 ans vient d’être admis. Un cultivateur, mordu par un serpent il y a déjà trois jours. Le médecin chef, le frère Florent, donne ses instructions. A l’infirmier : “Lui, il n’a pas besoin de la perfusion, il a besoin de boire beaucoup.” Au blessé : “Il faut ne pas bouger, ne pas manger quelque chose de dur. Même la pâte, ce n’est pas bon, ça ne va pas coaguler. Mais tu peux manger toutes les bouillies que tu veux. Sois sage, patiente, ça va s’arranger.”
L’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Tanguiéta, dans le nord du Bénin. Le frère Florent est le médecin chef de l’établissement. (Yannick Stephant pour “l’Obs”)
Si plusieurs espèces de serpents sévissent dans la région de l’Atacora, l’une d’entre elles est particulièrement répandue, l’echis ocellatus, vipère extrêmement fine, d’une longueur de 30 à 40 centimètres, au venin très toxique, qui, quand il se diffuse, empêche le sang