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Pour une doctrine africaine commune de sécurité numérique

La structure de sécurité des Etats africains est marquée par les tentatives incessantes des anciennes puissances coloniales de conserver une emprise sur leur ancien pré-carré. Pour Guy Gweth, président du CAVIE, la coopération dans le cyberespace participe de cette dynamique qui retarde l’émergence d’une doctrine africaine commune de sécurité numérique. D’où l’urgence d’agir.


C’est un fait que les technologies de l’information accélèrent la participation de l’Afrique à la mondialisation. Malgré les difficultés, le continent est exposé une connectivité à en croissance exponentielle, à une communication plus aisée, de moins en moins chère, de plus en plus rapide et relativement facile d’accès. A quelque exception près, la totalité des institutions clés en Afrique ont une empreinte dans le cyberespace.

Selon le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE), « certains Etats tels que l’Afrique du Sud ont déjà recours aux technologies de l’information et singulièrement à l’intelligence artificielle, dans la conduite des affaires militaires. » En Afrique, c’est sans conteste l’Etat le plus avancé dans la production d’une doctrine de cyberdéfense intégrée en vue de faire face aux nouvelles dans le cyberespace.

En tant que président du CAVIE, Guy Gweth appelle instamment les Etats africains à créer des unités de la cyberdéfense avec des officiers spécialisés pour traiter de la question de la cybersécurité. Ce dispositif, dit-il, doit être précédé d’une doctrine communes des forces armées africaines visant à utiliser le cyberespace comme moyen d’ « obtenir un avantage sur l’adversaire et à lui refuser la même chose.»

Sans attendre que les anciennes puissances coloniales ne viennent leur vendre des théories et objets dépassés, les Etats africains doivent prendre le courage d’intégrer les notions de cyber-dissuasion (i.e. la capacité à contenir la menace de punition en cas d’attaque et la promesse de contenir l’attaque au cas où la menace n’est pas extrême) dans leur manière de penser les affrontements militaires modernes.

Plus que jamais, le CAVIE est prêt à accompagner les Etats africains dans l’émergence et la structuration d’armes de dissuasion dans le cyberespace. Cet objectif est d’autant plus atteignable à brève échéance qu’à part le crime organisé, les adversaires de l’Afrique sont connus, leurs développements technologiques aussi. « L’effet final recherché, selon Guy Gweth, est de refuser à l’ennemi le désir d’attaquer par crainte de représailles massives, l’Afrique ayant des capacités insoupçonnées. »

Devant le scénario qui se profile, le président du CAVIE anticipe que le travail d’influence des ‘amis de l’Afrique’ consistera à convaincre les décideurs qu’une doctrine commune de cyberdéfense africaine est totalement impossible. » Or sans une approche commune, la menace de représailles ne peut être valide. En revanche, avec elle, l’Afrique unie peut faire irruption parmi les géants mondiaux pour convenir avec eux qu’il existe des frontières dans la cyber-sphère qui ne doivent pas être franchies en temps de paix. Ce scénario est inéluctable. Mais plus il tardera à se matérialiser, plus la marge de manœuvre de l’Afrique, dans la cyberdéfense, sera réduite.

La Rédaction

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