Si l’on compte les disparus, c’est plus d’une centaine de soldats que l’armée malienne a perdu au combat en un mois, malgré l’appui des aéronefs français, qui arrivent souvent trop tard sur la zone désertée par les GAT, les groupes armés terroristes s’étant égaillés dans la nature une fois leur coup de main terminé. Au lendemain des 49 militaires maliens tués dans l’attaque à l’heure du déjeuner de leur camp d’Indelimane par une centaine de terroristes à moto, c’est un soldat français, le brigadier Ronan Pointeau, qui décède après le déclenchement d’un engin explosif au passage de son véhicule blindé. À l’approche de cette fin d’année, les groupes djihadistes redoublent d’activité.
Une base militaire prise pour cible
Le 1er octobre, des Mirage qui avaient décollé de leur base de Niamey, au Niger, avaient effectué une démonstration de force au-dessus du camp de Boulkessy investi par les djihadistes. Un rase-mottes avec, si possible, le soleil dans le dos qui aveugle l’ennemi, surpris par le vacarme assourdissant et terrifiant des avions qui peuvent passer le mur du son à quelques mètres du sol. Un avertissement avant un bombardement, message d’habitude bien compris par les rebelles islamistes. Une procédure très souvent employée en Afghanistan pour éviter des tirs amis sur les militaires de la coalition lorsque les talibans étaient trop imbriqués, c’est-à-dire trop près d’eux. Suivant la munition et la charge employée, en général une bombe BLU de 250 kilogrammes, le pilote doit tenir compte d’un minimum de distance pour tirer. Il est déjà arrivé qu’il passe exceptionnellement outre, à la demande express du JTAC, le Joint Terminal Attack Controller dans le jargon de l’Otan, un officier présent au sol aux côtés de ses camarades pris sous le feu des djihadistes. Par radio, le JTAC communique directement avec le pilote qui entend tout dans son casque : le staccato des fusils mitrailleurs, les détonations des lance-roquettes, les hurlements et l’effroi des soldats qui essayent de se parler. Le pilote voit non seulement le champ de bataille à chacun de ses passages, mais il ressent la tension extrême de ses camarades qui demandent, implorent parfois, son aide pour se dégager. Ils préfèrent courir le risque d’être touché par une bombe de leur camp plutôt que de tomber aux mains d’un ennemi réputé pour ne pas respecter les conventions de Genève concernant les prisonniers.
Effet de surprise
Au Mali, l’armée ne possède pas ce genre de spécialiste. Si un détachement des Forces armées maliennes (Fama) n’est pas accompagné par des éléments français, le guidage des Mirage sur des cibles précises est impossible. Les communications sur le terrain semblent aussi difficiles entre alliés africains et français. Les 49 soldats maliens morts le 1er novembre dans leur poste de la région de Ménaka, près de la frontière du Niger, semblaient bien isolés. Ils ont été submergés par plusieurs groupes qui ont déboulé de plusieurs directions après des tirs de mortiers. Les soldats qui n’avaient pas déguerpi avaient plongé dans leurs abris. L’effet de surprise et la panique ont fait le reste. Du ciel, le salut est arrivé trop tard. Il est de toute manière difficile pour les avions aux cocardes tricolores de couvrir en permanence l’immense territoire dont ils ont la charge. Ils sont trop peu nombreux et trop sollicités. À la différence du théâtre afghan où des chasseurs de la coalition volaient 24 heures sur 24 grâce à des relèves dans un périmètre délimité et à de nombreux ravitaillements en vol. Un système complexe conduit depuis Bahreïn par le Central Command avancé américain qui assurait en moins de cinq minutes un appui feu à des troupes alliées mises en difficulté au sol.
Le plan de Barkhane contrecarré
Quasi impossible au Mali pour le dispositif Barkhane qui ne possède pas les centaines d’aéronefs des US Air Force déployés dans le Golfe et censés intervenir dans une zone de plus en plus vaste, sans moyens supplémentaires. Si les troupes françaises disposent de liaisons efficaces, leurs alliés maliens ne sont pas forcément en réseau déjà avec leur propre hiérarchie, dans leurs multiples implantations disséminées du nord au centre du pays. La force conjointe du G5 Sahel sur laquelle comptait Emmanuel Macron pour se désengager peu à peu du Sahel est restée un vœu pieux. Pour sortir de ce tunnel et espérer arrêter cette dangereuse fuite en avant dans laquelle les Forces maliennes se délitent dans un rapport de force qui leur est défavorable, les autorités françaises cherchent de nouveaux alliés, européens ou pas, qui détacheraient, dès le début 2020, des Forces spéciales auprès des unités maliennes au combat.
Une initiative qui s’apparente aux OMLT (Operational Mentoring and Liaison Teams, ELTO en français pour Équipe de liaison et de tutorat opérationnel), déployés jadis en Afghanistan. Les militaires de la Task Force Lafayette appelaient avec le sourire « omelette » l’acronyme de Operational Mentoring and Liaison Teams, de 15 à 50 spécialistes par unité afghane, qui entraînaient, conseillaient et permettaient aux soldats afghans de bénéficier des renseignements, des photographies aériennes et surtout de l’appui feu des avions de la coalition de l’époque. Français, Américains, mais aussi la majorité des 68 pays contributeurs avaient dépêché des militaires dans les OMLT répartis dans les cinq régions de l’Afghanistan.
Les attaques augmentent
Au Sahel, ce dispositif pourrait être dupliqué. À l’occasion d’une visite en juin dernier au 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales à Pau, la ministre des Armées, Françoise Parly, a clairement lancé un appel aux pays européens pour qu’ils envoient des forces spéciales auprès des armées sahéliennes. L’Estonie et la Grande Bretagne, déjà présentes, les Pays-Bas, le Danemark, l’Espagne, en tout une dizaine de pays ont été consultés pour constituer une force de 450 commandos qui pourraient d’abord se répartir au sein des Fama. La plupart hésitent beaucoup à engager leurs soldats d’élite dans une guerre africaine, dans un projet qui peut apparaître bien fragile face aux attaques coordonnées des groupes armés terroristes qui semblent galvaniser par les défaites successives de l’armée malienne, laquelle perd des hommes, du matériel, des armes et des munitions à chaque attaque, ce qui encourage de nouvelles attaques.
Une situation qui a des répercussions dans l’opinion africaine inquiète pour son avenir et de plus en plus critique envers l’opération Barkhane qui tient pourtant les forces maliennes et burkinabè à bout de bras. « Cette saignée que le Mali vit ne peut plus continuer. Voulez-vous qu’on se résigne à ce calvaire ? Nous pouvons résister », a déclaré à Bamako au lendemain de l’attaque l’influent imam Mahamoud Dicko. Le défenseur des droits de l’homme, le Sénégalais Alioune Tine, très influent dans la société civile africaine, prévient, lui, sur Twitter que « si l’Afrique ne se mobilise pas pour le Mali et le Burkina, elle ne sera pas épargnée par le feu de brousse qui va vite gagner les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, les prochaines cibles de choix » des djihadistes.
L’armée française ayant, comme d’habitude, fait le gros du travail, les Maliens se reposent sur ses lauriers.
“Tués dans l’attaque à l’heure du déjeuner” ! On croit rêver ! On peut s’imaginer que les assaillants avaient bien observé les habitudes des “militaires”. A l’heure de la soupe il n’y avait probablement plus de soldats mais que des gloutons. Donc pas de sentinelle, pas d’emplacement de combat tenus, rien. Sinon que des gugusses tapant en cadence sur leurs gamelles pour faire accélérer le service.
Rappelons qu’une bande minée et protégée (barbelés) est difficilement franchissable, surtout discrètement, et protège efficacement un poste.
Quand à envoyer des “assistants” à ces unités indisciplinées, c’est peu concevable sauf à attirer un peu plus l’ennemi et à mettre inutilement leur vie en danger.
Pour le pauvre gars du 1er spahis, on peut supposer que, comme toujours, son “véhicule blindé” était un VAB antédiluvien et sous blindé par en dessous. A chaque fois, mort (s) ou blessé(s) grave(s). Le précédent était un capitaine médecin il y a quelques mois.
Mais voilà, Macron a, cette année encore et avec le silence complice de nos généraux, récupéré 700 millions d’euros sur le budget des armées.
Mais que diable sommes nous allés faire dans cette galère ? Même ceux qui n’y ont jamais mis les pieds peuvent avoir une idée de ce qu’est la vie au Sahel : un désert de 3 millions de km2, 5500 kms de l’atlantique à la mer Rouge, 450 kms environ de large. Prétendre maîtriser cet espace est ubuesque. Nous ne saurons peut-être jamais qui a conseillé hollande lors du déclenchement de l’opération mais nous savons qu’il a eu tort : d’y aller et d’y rester. Macron était alors son conseiller. Il est président depuis 2, 5 ans. Nous y restons et y perdons des hommes… Pour rien puisque les ” rebelles ” gagnent sans arrêt du terrain. Et nous sommes quasiment seuls dans cette zone. Les appuis aériens sont inefficaces du fait des distances et tous les pays limitrophes préfèrent négocier leur tranquillité que d’intervenir. Envoyer l’aviation pour attaque quoi ? Les grains de sable au jugé ? Et comme nous accumulons les erreurs diplomatiques quel avenir là bas ?
Source: le point