Après une année «sombre» marquée par une croissance négative estimée à -2,9% en 2020, notre pays a déjà fixé le cap en termes de croissance et d’assainissement des finances publiques pour les cinq prochaines années. Jugés trop ambitieux, mais réalisables, les objectifs annoncés à cet effet sont contenus dans le rapport sur les perspectives économiques et financières à moyen terme du Mali au titre de la période 2021-2025. Ce document a été soumis à la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) le 31 octobre 2020, conformément à la Recommandation N°02/2020/CM/UEMOA du 26 juin 2020.
De l’analyse des projections fournies à l’organisation commune aux huit états, il ressort que notre pays prévoit un taux de croissance annuel moyen de 5,1% de 2021 à 2025 et une hausse du taux de pression fiscale de 15,6% en 2021 à 17,5% en 2025. Il entend aussi maintenir le déficit budgétaire global, en moyenne, à 3,3% l’an. Le taux d’endettement connaîtrait une baisse progressive de 48,0% en 2021 à 38,6% en 2025.
Pour y arriver, le gouvernement compte poursuivre l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation, mettre en œuvre les résolutions du Dialogue national inclusif (DNI). Il entend aussi créer les conditions d’une transformation structurelle de l’économie et d’une prospérité partagée, tout en veillant à la sécurisation et la stabilisation du territoire national.
Ces ambitions seraient réalisées grâce à la mise en œuvre, entre autres, de la Loi d’orientation agricole, des grands chantiers de construction d’infrastructures. Au nombre de ceux-ci figurent le quatrième pont de Bamako, les routes (tronçon Bourem-Kidal-Frontière Algérie, Zantiébougou-Kolondiéba-Frontière Côte d’Ivoire) et la reprise des travaux de construction du barrage de Taoussa. S’y ajoutent l’amélioration de l’offre d’énergie à travers des projets de construction de centrales solaires, l’interconnexion aux réseaux électriques de certains états voisins (Ghana, Burkina Faso, Côte d’Ivoire). à l’attribution de la quatrième licence de téléphonie s’ajoutera l’accroissement de la production minière en renforçant les programmes de cartographie et de recherche minière.
Pour l’amélioration des finances publiques, le Mali prévoit une réduction progressive des exonérations, la modernisation de l’administration fiscale et douanière. Les télé-procédures et système de facture normalisée seront introduits pour booster le rendement de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). La lutte contre la corruption est la colonne vertébrale des actions envisagées.
L’atteinte de cet objectif dépendra de la capacité de l’état à contenir l’insécurité, l’instabilité socio-politique et à faire face aux chocs sur les termes de l’échange. La crise sanitaire et la pluviométrie ne sont pas à négliger, selon des experts. Aussi faudrait-il continuer à créer les conditions pour la restauration de l’intégrité du territoire et la sécurisation des biens et des personnes.
Cheick M. TRAORÉ