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Les Maliens ont fait « iabè » en votant IBK : « Peuple humilié recrute Kagamé »

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Disons le tout de suite, ce sous-titre est inspiré d’une anecdote retraçant le désespoir d’un patriote abattu – c’est un euphémisme- au lendemain de la déroute de l’armée malienne à Kidal.

A la suite de laquelle débâcle, ce compatriote, M. Doumbia, s’est exprimé en ces termes combien désespérés : « je pense qu’il ne nous reste plus qu’a faire appel à Paul Kagamé du Rwanda pour prendre en charge notre mali et rétablir l’honneur de ses fils. Car, comme dit un adage, à défaut du sein de sa mère, on se contente de celui de sa grande mère. IBK était le dernier espoir, maintenant c’est fini, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer… » Quelle amertume ! il faut dire que ce n’est pas tant la pertinence de l’appel à un Kagamé- ce qui parait fantaisiste- que le désespoir qui en découle et qui traduit l’état d’âme d’une grande majorité de maliens. Dont la situation est désormais similaire à celle d’un adversaire terrassé et roulé dans la poussière au point qu’aucun doute ne subsiste sur sa défaite. Nous estimons que plus que l’occupation des deux tiers du territoire national et la fuite de nos soldats devant les djihadistes, la victoire du MNLA sur l’armée malienne à Kidal a été le coup de grâce pour un peuple en situation d’humiliation depuis le 11 janvier 2011. Ce n’est plus seulement les seuls commerçants de Dabanani qui estiment avoir fait « iabé » en ayant voté pour IBK, mais la grande majorité des Maliens qui voudraient bien continuer à croire que « ce qui ce passe n’est pas vrai » mais hélas…la dure réalité est là.

Entre bourdes et fautes politiques
De son élection à maintenant, malgré cette légitimité populaire dont il se vante (légitimité à la relativiser tout de même, puisque sur près de 15 millions de Maliens et plus de 6 millions de votants, moins de 2 millions ont voté pour lui), Ladji Bourama a commis un certain nombre de bourdes ou posé plusieurs actes proches de fautes politiques. A commencer par les bourdes. Celles-ci ont commencé dès l’investiture du nouveau président de la République. Lorsque IBK qualifie le Général Moussa Traoré de « Grand Républicain » . Oubliant par là même que l’évènement du jour n’aurait pu avoir lieu s’il n’y avait pas eu une victoire de la démocratie  sur le régime de GMT. Par ailleurs, quelle insulte au Premier Ministre alors  pressenti, en l’occurrence Oumar Tatam LY, dont le défunt père, Ibrahima Ly, a été une des nombreuses victimes. La référence au très controversé Bouyé, le Chérif de Nioro, pour justifier son acceptation de la candidature de son fils chéri, Karim, aux législatives nous parait être aussi des plus déplacées. En effet,  en homme d’Etat responsable, IBK n’avait nul besoin d’invoquer l’intervention du Cherif, auquel d’ailleurs   il faisait par la même occasion une publicité gratuite dont le peuple n’a du reste que faire. La communication aussi a été jusque là un grand fiasco. Tiébilé Dramé avait  par exemple, raison lorsqu’il relevait les incohérences de IBK au sujet de l’entame des négociations avec les groupes armés : « Tantôt je ne négocie avec le couteau sous la gorge, c’est-à-dire avec les groupes armés,  tantôt c’est le Maroc  qui va jouer le médiateur, tantôt les pourparlers ne se dérouleront qu’au Mali, tantôt etc. » Le même cafouillage est intervenu au sujet du prix de l’avion présidentiel :
« 17 milliards, 19 milliards, 20 milliards, commission des intermédiaires, etc… « , Bref toute chose qui prouve à suffisance que sa cloche quelque part. Car, comme on dit, les idées claires s’énoncent clairement et facilement.Le meme caffouillage a marqué les réactions de Boubacar Touré et du Ministre de la communication, Camara. Ce dernier ayant eu la réaction d’un professionnel par rapport à la façon dont le premier s’est attaquée à Tiébilé Dramé à la suite d’une publication assez méthodique du Président du PARENA. Les bourdes sont nombreuses, mais elles ne représentent rien finalement à côté de ce qu’on peut considérer comme des fautes politiques. Une des toutes premières fautes politiques a été surement le mépris et la décision dont IBK a fait preuve à l’égard de l’opposition politique. En effet, après les avoir ignorés, IBK a fini par tenir en décision certains des principaux leaders de l’opposition.

 

Ainsi, à la faveur de ce que d’aucuns ont qualifié de  »Sumu » ou  »IBK SHOW » au Maroc, le président essaye de prouver à l’opinion que c’est par ce qu’il n’aurait pas répondu à la sollicitation de Tiébilé que ce dernier s’en est pris à sa gouvernance. Il   dit à peu près la même chose dans Jeune Afrique. IBK aurait dû comprendre qu’étant de la majorité ou de l’opposition, on sert tous le Mali et que ce n’est nullement humiliant que le Président du Parena se dise disponible pour servir le Mali. La preuve éclatante de cela à été donnée lorsque lui-même a convié toute la classe politique, pour qu’ensemble, chacun de son côté et en sa manière, apporte sa pierre à l’édifice national.  Concernant Soumaïla Cissé, dans le même numéro de Jeune Afrique, il qualifie de  »comédie » la visite que celui-ci lui a rendue au lendemain de l’élection, pour le féliciter de sa victoire. Selon IBK, c’est la communauté internationale qui a imposé cette corvée à Soumi qui, aussitôt après, s’est mis à le critiquer. Nous estimons que IBK n’a pas besoin de tout ça . Il est des situations où le silence est d’or.

 

« Ma famille d’abord »
« Ma famille » aussi a été une faute politique commise par le nouveau locataire de Koulouba. Et pour cause. Lorsque le  »peuple » vous donne une telle  »légitimité », on doit se résoudre à certains sacrifices. Au lieu de cela, le président semble narguer ceux qu’il considère- à tort- comme ses détracteurs. L’occasion lui a été pourtant donnée de rectifier le tir à la suite de la démission de Oumar T.  LY, mais rien n’y fit. IBK signe et persiste.

« Liaison dangereuse »
Vraie ou fausse,  » l’affaire Tommy  » a entaché la réputation du président. Dont l’argumentaire, jusque- là, n’a convaincu que très peu de Maliens d’autant plus que, notamment, IBK reconnait avoir utilisé l’avion du sulfureux Tommy. Avion plutôt  »Loué » selon ses propres propos. Mais avec quel argent ? s’interroge-t-on souvent.

 

« Avion présidentiel »
Le président de la République a certainement besoin d’un bon avion présidentiel, mais les raisons invoquées pour justifier l’achat du nouvel appareil n’ont convaincu personne. Là aussi la communication n’a pas été à la hauteur. Par exemple le PM Moussa Mara parle d’un avion  »sans papiers » qui pourrait être revendu en définitive. Le revendre avec quels papiers ? Ce n’est tout de même pas une  »Djakarta ». Le seul argument plus ou moins acceptable serait le coût des déplacements présidentiels au bout de quatre, cinq ans. Mais comment ces coûts ne seraient-t-ils pas grevés si IBK, tel un Obama ou un Hollande, se fait accompagner de 70 à 80 personnes ? Dont la plupart n’ont rien à faire dans ces missions. De plus cette théorie aurait pu prendre s’il n’y avait pas déjà un autre avion.

La nomination de Mara
Moussa Mara a beau avoir des qualités, sa nomination comme Premier Ministre est restée en travers de la gorge de nombreux Maliens.

En effet, malgré ses supposées qualités, le nouveau chef du gouvernement a besoin d’une assise politique. Qu’il n’avait pas à priori et que c’est la mort dans l’âme que le parti présidentiel- humilié- se contraindrait à le soutenir. Certains voient aussi en Moussa Mara une autre forme de perpétuation du  « Grand Républicain » dont il serait d’ailleurs l’homonyme. Sans compter d’autres qui le trouvent arrogant ou à qu’il rappellera un certain passé sombre de notre histoire récente, par rapport à laquelle histoire certaines mémoires restent fraiches.

Kidal, le grand échec
Plusieurs fautes ont un rapport avec la crise du Nord, et particulièrement de Kidal. Tout d’abord, nous pensons qu’IBK a fait tout ce qu’il pouvait faire pour amener la « communauté internationale » (notion creuse) à exiger et obtenir le cantonnement et le désarmement des groupes armés. IBK a opté pour le mépris et une posture dont il n’a pas les moyens. Ce n’est, en effet, pas une mauvaise chose que de mépriser  le MNLA et les autres groupes armés, mais ce faisant, il aurait opté pour un réarmement tous azimuts des forces armées et de sécurité. Ce qu’il n’a pas fait et a été un énorme gâchis. Le président donne souvent l’impression de pratiquer la politique de l’autruche en préférant enfouir la tête dans le sable plutôt que de regarder la réalité en face. Par exemple, de sa nomination à sa disgrâce, le général Yamoussa Camara n’aurait jamais eu un tête- à- tête avec le président en tant que chef d’Etat major particulier. Il en serait de même avec l’actuel chef d’Etat major général des armées, Maïga, jusqu’à la déroute de Kidal.

Fautes diplomatiques
Il y en a eu au moins trois : lorsque IBK essaye de mettre hors jeu  Blaise Compaoré et « permet » la diffusion du reportage sur la mise en place d’un bureau de l’opposition ; lorsque depuis Dakar IBK dénonce publiquement le « double jeu » de la Russie de Poutine pour avoir reçu le MNLA ; lorsque, connaissant- en tant qu’historien – la rivalité qui existe entre le Maroc et l’Algérie au sujet du Sahara occidental, il tente de supplanter le grand voisin au profit du royaume chérifien.

La visite de Mara
Dans un premier temps, nous avions applaudi des deux mains l’initiative du nouveau PM de se rendre vaille que vaille à Kidal. Nous espérions le rétablissement de notre dignité qui passe forcement par un cinglant revers du MNLA. Mais nous avons vite déchanté. Ce n’est pas tant le courage de Mara et la détermination de IBK que l’amateurisme, l’impréparation et la naïveté dont les autorités ont fait preuve. Causant du coup la pire humiliation que le Mali ait connue. Le gouvernement ne convainc personne lorsqu’il dit n’avoir pas donné l’ordre. En effet, qui n’a pas écouté les informations relatives à l’envoi de 1500hommes en renfort ?

 

D’ailleurs à moins que ce fût de l’intox, nous ne comprenons pas comment une armée peut publiquement donner une information aussi sensible qui donne la  latitude à l’ennemi de prendre les dispositions nécessaires. Ce fut donc une autre humiliation lorsque le gouvernement sacrifie Soumeylou Boubèye et se démarque de lui. Il aurait dû s’assumer jusqu’au bout. Au lieu de cela, c’est nous qui, plus tôt ignorons l’appel au cessez-le feu du MNLA, bénissons finalement le président mauritanien pour avoir obtenu la suspension des combats.  » On est vraiment mort avant l’heure  » Combien de maliens ont passé plusieurs jours sans suivre les informations, de RFI en particulier qui se délecte des revers de notre  » vaillante armée ». Décidément les dieux sont tombés sur la tête. Quand les vivants envient les morts…Pour reprendre cet homme : « IBK nous a tués » Et cet autre qui réplique : « c’est Hollande qui nous a tués. Ah la France ! » Mais entre nous, est-ce vraiment la France ? Regardons-nous dans le miroir. A partir du moment ou les autres pays ont pu contenir leur rébellion et partant tous les terroristes, que nous avons été obligés d’appeler les autres( y compris la France) au secours, c’est qu’on ne doit s’en prendre qu’a soi. Et ce qui rend la défaite plus amère, c’est de savoir qu’on s’achète un second avion présidentiel à 20 milliards, qu’on passe de façon la plus douteuse un marché de 69 milliards(en équipements militaires non prioritaires : uniformes, godasses, etc. selon le représentant du FMI) au moment ou les forces de défenses et de sécurité n’auraient même pas d’hélicoptères pour transporter leur troupes. Décidément le Malien est tombé trop bas.

 

Bons points
Même si c’est encore timide, de bonnes actions ont été réalisées : la neutralisation de la junte militaire, la volonté-non encore traduite dans les actes-de combattre la corruption ( adoption en attente de nouveaux textes législatifs en la matière), d’augmenter sensiblement les salaires des fonctionnaires afin de diminuer l’ampleur de la corruption. Sur ce dernier point, après avoir ramené de 2012 à 2014 l’accord d’augmentation des salaires (augmentation insignifiante du reste), Moussa Mara est attendu de pied ferme après sa promesse faite lors de la déclaration de politique général (DPG). Il y a aussi l’extension de la cité universitaire de Kabala, la vision gouvernementale de l’agriculture, et surtout la rencontre dernièrement avec l’ensemble de la classe politique dont l’opposition

Le piège à éviter
Ce fut une très bonne chose de rencontrer la classe politique, et surtout d’associer l’opposition. Il serait encore mieux de multiplier ce genre de rencontres dans l’intérêt du Mali. Pour autant, l’opposition devrait conserver son essence qui est celle de la critique constructive. Dans un souci d’apaisement et d’équilibre, le pouvoir pouvait à la rigueur accorder des postes de responsabilités non ministériels aux opposants.

 

Vital  (Source LE POINT)

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