Le premier tour des élections législatives au Mali a eu lieu dimanche sans incident majeur, mais avec un faible taux de participation. Le scrutin était placé sous haute surveillance militaire par crainte d’attentats des djihadistes qui continuent de sévir dans le nord du pays. Dans les districts du nord, Gao, Tombouctou et Kidal, la sécurité était assurée par les forces armées maliennes, la Mission de stabilisation de l’ONU au Mali (Minusma), et les troupes françaises de l’opération Serval.
Dans la région de Kidal, l’un des fiefs de la rébellion touarègue, et là où deux journalistes de RFI avaient été tués le 2 novembre, on comptait dans certains bureaux de vote «plus d’agents électoraux que d’électeurs», selon le responsable local de la commission électorale.
Des incidents ont eu lieu dans plusieurs districts du nord. Dans la région de Tombouctou, une urne a été volée par des hommes armés dans un bureau de vote. A Kidal, des indépendantistes touarègues ont protesté contre la tenue du scrutin, brisant des vitres de voiture, et à Talataye, une ville à l’est de Gao, des manifestations d’habitants Touaregs ont empêché le déroulement du vote en s’emparant du matériel électoral.
Pour IBK, «le Mali est debout et avance»
Mais ces actions n’ont ailleurs pas interrompu le scrutin, et aucune attaque majeure n’a eu lieu. La situation reste cependant volatile au Mali, dix mois après l’intervention dirigée par la France en janvier. Des groupes de djihadistes continuent de mener des attaques sporadiques, en particulier dans les régions désertiques du nord du pays. Une dizaine de soldats, maliens et tchadiens, ainsi que des civils, ont été tués depuis le mois de septembre. Vendredi à Bamako, un gendarme français a été légèrement blessé par un tireur embusqué, aux motivations encore floues, première action de ce type dans la capitale malienne depuis le début de l’intervention française. La veille, des roquettes, sans doute tirées par des islamistes, étaient tombées dans la périphérie de Gao, sans faire de victimes.
Les élections législatives doivent parachever le retour à l’ordre constitutionnel au Mali. Un coup d’état militaire en mars 2012 avait marqué le début d’une période d’instabilité politique, qui avait permis aux rebelles touarègues de prendre le contrôle du nord du pays, avant qu’il ne passe aux mains de groupes islamistes armés liés à al-Qaida.
La faible participation indique cependant l’enthousiasme limité des 6,5 millions d’électeurs maliens pour ce scrutin législatif. À Bamako, la capitale, les premières estimations donnaient une participation nettement inférieure aux 50 % observés à la présidentielle d’août, remportée par Ibrahim Boubakar Keita. Le président malien s’est rendu aux urnes à Bamako, où il a fait part de sa «joie» de pouvoir voter, ajoutant que ces législatives prouvent que «le Mali est debout et avance». Son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), espère remporter une majorité des 147 sièges de l’Assemblée nationale. Son principal opposant à la présidentielle, Soumaïla Cissé, originaire de la région de Tombouctou, ambitionne quant à lui de devenir le chef de l’opposition parlementaire.
Les premières estimations des résultats devraient être connues dans la journée de lundi.
Source: LE FIGARO