L’ordre constitutionnel, interrompu par le coup d’Etat de mars 2012, est en phase de rétablissement, mais l’enthousiasme de l’élection présidentielle est retombé. Un peu plus de trois mois après le scrutin qui a vu Ibrahim Boubacar Keïta (dit « IBK ») l’emporter haut la main sur Soumaïla Cissé, les Maliens ne se sont pas mobilisés, dimanche 24 novembre, avec la même ferveur pour apporter une majorité à l’Assemblée nationale à leur nouveau chef de l’Etat qui passait là son premier test électoral.
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Cette moindre affluence dans les bureaux de vote – le taux de participation lors de la présidentielle avait dépassé les 50 %, ce qui est exceptionnel au Mali – s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, un certain désenchantement a gagné nombre de Maliens après les immenses espoirs suscités par la précédente élection.
Ensuite, la complexité du mode de scrutin, un vote majoritaire par listes à deux tours, a poussé les partis à nouer des alliances locales qui ont pu laisser perplexes nombre d’électeurs potentiels. A Gao, par exemple, la liste du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM), était opposée à celle du parti du ministre de la défense.
POUVOIR DE NUISANCE DES DJIHADISTES
Placées sous haute surveillance des militaires maliens, français et des casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) par crainte de nouvelles attaques djihadistes, ces élections se sont globalement déroulées dans le calme. Quelques incidents isolés ont été signalés dans le nord du pays. A Talataye, à 180 kilomètres à l’est de Gao, sur les 11 000 inscrits, seuls 4 électeurs ont pu déposer leur bulletin dans l’urne, le vote ayant été en partie empêché par des manifestations d’indépendantistes touareg. Au sud de Tombouctou, dans la commune d’Ajoulnoub, près de la frontière mauritanienne, 18 urnes ont été dérobées par des hommes en armes.
Depuis la fin septembre, les groupes djihadistes, certes affaiblis par l’offensive lancée en janvier par l’armée française qui leur a fait perdre les territoires qu’ils contrôlaient, ont prouvé qu’ils conservaient un réel pouvoir de nuisance. Le 21 novembre, trois roquettes se sont abattues sur Gao. Plus au nord, l’Etat n’a encore fait qu’une réapparition très timide à Kidal. Dans cette ville, berceau des rébellions touareg, en raison de l’insécurité, aucun leader politique n’est allé battre campagne et seul le RPM a présenté des candidats à la députation.
Symbole de la complexité du jeu politique local et de ses recompositions, il y a un mois, la justice malienne a levé les mandats d’arrêt qui pesaient sur quatre figures des rébellions touareg pour favoriser le dialogue et la réconciliation. Deux anciens rebelles, Alghabass ag-Intallah et Ahmada ag-Bibi, portaient, dimanche, les couleurs du parti présidentiel dans leur circonscription. Il y a dix mois, avant le déclenchement de l’opération « Serval », ils étaient respectivement les numéro deux et numéro trois du groupe djihadiste Ansar Eddine.
Après avoir rempli son devoir d’électeur, dimanche, « IBK » a estimé que « le Mali est debout, avance et marche très bien ».
Source: le Monde