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Appel à la résistance: jusqu’où ira l’opposition ?

Dans un contexte où les acteurs politiques sont contraints au silence, c’est depuis l’extérieur du pays que renaissent les voix de l’opposition. À l’image de plusieurs figures politiques, Aliou Boubacar DIALLO, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, a annoncé ce dimanche 8 juin 2025 la création du Front Patriotique de Résistance (FPR), un mouvement citoyen, comme le qualifie-t-il, dont l’objectif vise à fédérer les forces démocratiques pour un retour à l’ordre constitutionnel. Si ces appels à la résistance hors du pays ne sont pas inédits dans l’histoire politique du Mali, cependant ceux qui portent ce message sont discrédités.

La scène rappelle l’organisation de la lutte contre le régime dictatorial du général Moussa TRAORE, lorsque l’opposition malienne, réduite au silence à l’intérieur du pays, trouvait refuge et liberté de parole à l’extérieur. On était dans les années 1980, depuis plusieurs localités de France, des réseaux de résistants se sont organisés pour dénoncer les dérives autoritaires de feu Moussa TRAORÉ qui a régné pendant 23 ans.

Des leaders politiques donnent de la voix depuis à l’étranger
Comme, il y a plus de 30 ans, contre la gestion de la transition en cours dans le pays, de Paris à Abidjan en passant par Dakar et Alger, des acteurs politiques qui refusent la résignation tentent de résister et haussent le ton pour la tenue des élections crédibles, transparentes et apaisées sur l’ensemble du territoire national. Autre époque, autres mœurs, mais la logique demeure : quand la parole est confisquée au-dedans, elle se libère au dehors. Aujourd’hui encore, les restrictions imposées par la transition ont forcé une partie de la classe politique à se replier au-delà des frontières.
En effet, la dissolution des partis politiques et l’interdiction des activités politiques imposées par les autorités de transition ont eu pour conséquence immédiate l’exil volontaire d’une frange importante de la classe politique malienne. Et c’est depuis Dakar qu’Aliou Boubacar DIALLO a choisi de prendre la parole et de lancer son mouvement.
Dans une adresse largement partagée sur les réseaux sociaux et sur le site dudit mouvement, l’homme d’affaires devenu opposant dénonce la confiscation du pouvoir par la force et appelle à une mobilisation populaire. « Toutes les limites ont été dépassées », déclare-t-il, accusant les autorités de violation de la Constitution et de prolonger indéfiniment une transition sans issue.
Aliou DIALLO n’est pas le seul à faire entendre sa voix depuis l’extérieur. D’autres figures, plus ou moins connues, (Oumar MARIKO, Kadiatou FOFANA, Ismaêl SACKO, Mamadou Ismaêl KONATE) s’organisent discrètement depuis l’Europe ou dans des capitales africaines pour mettre des réseaux de contestation. Si l’opposition semble réduite au silence dans les rues de Bamako, elle tente de se reconstituer à travers des plateformes numériques, des communiqués, et désormais, des mouvements structurés comme le FPR.
Ce retour à la lutte politique en exil pourrait-il aboutir à un combat d’ensemble et de résistance contre le régime en place ?
Les autorités vont-elles prendre le risque de rééditer, sans le vouloir, le scénario qui a précipité la chute du régime de Moussa TRAORE ? L’histoire enseigne que la frustration silencieuse, et la colère tenace d’une opposition clandestine organisée, voire soutenue, ont mis à terre le puissant Moussa TRAORE. Celui qui a régné pendant de longs moments par la terreur, tout en restreignant des libertés fondamentales.
Si l’histoire de notre pays est donc familière des luttes menées à distance. Mais cette fois, ce sont les réseaux sociaux, les tribunes internationales et les canaux numériques qui remplacent les tracts clandestins. Et contrairement, à l’époque de Moussa TRAORE, les autorités actuelles bénéficient encore d’une certaine notoriété auprès de la population dont une frange importante ne se reconnaît pas dans les revendications des acteurs politiques.

Une classe politique discréditée
Car en vérité, des leaders politiques peinent à convaincre. Leurs messages ne sont plus audibles. En effet, aux yeux d’une partie des Maliens, ces acteurs politiques qui s’érigent aujourd’hui en résistants sont aussi ceux qui ont contribué à la faillite de l’État. Ils sont perçus comme responsables de décennies de mauvaise gouvernance, de favoritisme, de clientélisme et d’enrichissement personnel.
En clair, le bilan du mouvement démocratique est jugé mitigé par des acteurs qui se sont mobilisés contre le régime dictatorial de Moussa TRAORE.
Ainsi, l’on se rappellera de l’intervention de Issa N’DIAYE en nombre 2018 en critiquant le système politique malien. Pour lui, c’est un système répugnant et il faudrait rebâtir un modèle démocratique endogène.
« On constate de plus en plus que le jeu électoral n’intéresse plus le citoyen malien car il ne répond pas à ses attentes et préoccupations parce qu’on a importé des modèles qui ne sont pas endogènes. Nous avons passé notre temps à copier ce qui se passe ailleurs dans tous les domaines, notamment les systèmes français, alors que cela ne marche même pas chez eux. Alors pourquoi continuer à importer des modèles qui ne marchent pas ailleurs et qui ne répondent pas aux réalités historiques, culturelles et sociales de nos pays ? », s’était-il interrogé.
Alors que les partis dissous et les figures politiques qui évoquent la Constitution et l’ordre démocratique pour se faire entendre et tenter de redorer leur blason ; le peuple, lui, se souvient d’un ordre profondément inégalitaire, miné par des pratiques népotiques et une politique clanique. Le discours de réhabilitation démocratique, s’il est noble, paraît parfois déconnecté des réalités quotidiennes de la population marquées par l’insécurité, le chômage, la cherté de la vie, la corruption, entre autres.

PAR SIKOU BAH

Source: Info-Matin
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