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« Les groupes islamistes ont l’obsession de déstabiliser l’Etat malien »

Un groupe d’hommes armé a pris d’assaut l’hôtel Radisson Blu à Bamako, la capitale malienne, vendredi 20 novembre.L’attaque a été revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaida.

Mokhtar Belmokhtar, also known as 'the one-eyed',  who broke away from Aqim to form al-Mulathamin

Pour Marie Rodet, maître de conférences à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres et spécialiste de l’histoire contemporaine du Mali, cet attentat va considérablement déstabiliser la suite du processus de paix, déjà fragile au Mali.

Quelle analyse faites-vous de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako par le groupe djihadiste Al-Morabitoune ?

Marie Rodet La revendication reste encore à confirmer, mais il est vrai que le mode opératoire de l’attaque du Radisson Blu est très semblable à de précédentes attaques menées par le groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, notamment l’attaque perpétrée en mars contre le bar La Terrasse, à Bamako [qui avait tué cinq personnes dont un Français]. Mokhtar Belmokhtar est le représentant officiel d’Al-Qaida en Afrique de l’Ouest. Il s’est clairement différencié de l’organisation de l’Etat islamique. Mais cet attentat aurait aussi pu être mené par le groupe rebelle touareg Ansar Dine et ses alliés du Front de libération du Macina, un groupe à dominance peule dans le centre du Mali qui a revendiqué plusieurs attaques depuis le mois de juin au Mali. Iyad ag-Ghali, le chef d’Ansar Dine est intervenu ces derniers jours dans un enregistrement audio pour critiquer l’accord de paix et de réconciliation au Mali et ses signataires. En tout état de cause, tous ces groupes islamistes ont pour objectif principal de déstabiliser la région du Sahel pour mettre en place un califat islamique.

La France était-elle particulièrement visée dans cette attaque ?

La France a toujours été dans le viseur des djihadistes depuis le lancement de l’opération « Serval » en janvier 2013. Cette intervention a permis de repousser les groupes islamistes, de prévenir des attentats et de démanteler certains réseaux criminels. Pour ces groupes, la France est un ennemi à abattre, vu qu’elle les empêche d’opérer comme ils le souhaitent. Mais une attaque comme celle du Radisson Blu peut aussi répondre à des enjeux régionaux de contrôle des routes de trafics au Mali et au Niger, et d’autres voies transsahariennes. L’objectif est de déstabiliser l’Etat malien pour l’empêcher de redéployer des troupes et des institutions dans le nord du pays.

Quelles peuvent être les conséquences pour la suite de la mise en œuvre de l’accord de paix ?

L’accord de paix était déjà très fragile dans la mesure où les différents protagonistes l’ont signé à reculons. L’un des représentants de la CMA, la coordination des mouvements de l’Azawad, avait par exemple refusé de participer à la conférence de l’OCDE sur la situation au Mali qui s’est tenue en octobre à Paris. La réalisation de cet accord, conclu en mai et en juin, est au point mort. L’attaque de vendredi risque davantage de fragiliser la situation. Les autorités de Bamako vont encore plus à se retrancher sur leurs positions antérieures, qui consistaient à refuser toute négociation avec les groupes armés. Il se pourrait que les autorités de Bamako se retranchent sur leurs positions antérieures sous couvert de problèmes sécuritaires accrus, qui consistaient à freiner toute négociation avec les groupes armés. Or en même temps, l’Etat malien n’a aucun intérêt à fermer toutes les portes à la poursuite des discussions pour la réalisation des accords de paix.
Source: lemonde.fr

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